Sur la route du Loch Ness |
14 juillet 2013 Toulon/Paris
TGV 5h du matin. Accueil chez Caroline et Cyril au Père Lachaise puis visite aux militaires français et leurs véhicules rutilants (trois mois de nettoyage depuis le retour du Mali) sur la place de la Nation et pique-nique sur les berges de la Seine pour feux d'artifice sur le Trocadéro. La lune passe dans la tour Eiffel pour faire son show dans sa cage d'acier. Merci Caroline et Cyril!
15 juillet 2013 Paris/Stockholm/Oslo/Kristiansund
Rendez-vous
avec Frédéric Wagner (le capitaine) au
Moulin Rouge à 7h pour aller en voiture
à l'aéroport Roissy Charles de
Gaulle véhiculé par Raphael (son fils). Merci
Raphael! Là nous attends une grande
journée car il nous faut prendre trois avions successifs
(alors qu'il y avait
un vol direct pour Oslo beaucoup plus tard mais pourquoi faire simple
quand on
peut faire compliqué)! Nous déjeunons dans
l’aéroport de Stockholm d’une petite
assiette de crevettes accompagnée d’une petite
bière servie par une serveuse
blonde (couleur des cheveux nationale) pour la
modique somme de 27€… Il y a un petit
labrador chargé de sentir les drogues qui va et vient et
j’observe le fumoir
(petit aquarium dans lequel s’entasse les fumeurs).
L'anticyclone des Açores est
remonté très haut sur l'Ecosse ce qui nous
amène à côtoyer les nuages typiques
des dépressions alentours : nous passons de beau
temps à nuages moutonneux
à couverture nuageuse totale à très
gris et 12°C. Couloirs interminables à Oslo
où nous retrouvons Jean-Yves et Jean-Jacques qui
navigueront. Les bagages sont
perdus car nous ne leur avons pas fait passer la douane entre la
Suède et la Norvège
puisque nous n’en avions pas été
informés. Nous les récupérerons donc
demain
matin après quelques procédures. Nuit au grand
hôtel. Balade pour voir le grand
bateau du Club-Med dont nous saluons le départ à
la « nuit » (il ne
fait jamais nuit) en mangeant un Bacalao (plat de morue et unique plat
du
bar/resto) délicieux même si cela
n’excite pas franchement Jean-Yves qui se rabattra
sur un wrap contre l’avis du tenancier. Le bacalao deviendra
la grosse blague… Pas
de brossage de dents car pas de valise mais bonne nuit avec toutes fois
une
couette très peu large et très épaisse
qui fait que l’on se retrouve vite à
l’air
en se retournant.
16 juillet
2013 Kristiansund
Petit
déjeuné nordique (saucisses,
omelette…) puis départ en bus. La route sinueuse
nous fait découvrir un paysage de fiords, ponts, verdure,
vaches et moutons
noirs. J’entrevois un petit dauphin noir et une
biche ! Nous allons
chercher Gadji (le bateau) (signifie plusieurs gars donc une
équipe) (à
rapprocher de Gajo Dillo le film) que nous retrouvons au mouillage tel
un signe
sur un lac à Aspoya où il a dormi toute
l’année avant de reprendre la mer avec
nous maintenant. On part au moteur pour s’apponter
à Kristiansund. On croise un
remorqueur qui tire un immense parc à poissons. Il pleut
toute la journée.
Chacun va s’afférer jusqu’à
vingt heures pour enlever les aiguilles de pins qui
jonchent le pont, nettoyer (Jean-Yves se délecte dans le
nettoyage du frigo et
de la grille de gaz), remplir, mettre les voiles et les prises de riz
automatiques (un vrai casse-tête et un boulot de
forçat car les voiles sont
très lourdes), faire les courses… Saumon,
bière, spaghetti, le dîner nous
réconforte pendant que les combinaisons
« sèchent ».
Jean-Jacques nous
raconte qu’il s’est vu répondre
« je ne suis pas une agence » par
un
viking auquel il demandait s’il pouvait lui changer une
pièce de vingt
couronnes contre deux de dix pour son chariot …
J’ai repris la cabine
avant (celle ou il pleut), le capitaine et Jean-Yves ronflent
à bâbord et
tribord arrière pendant que Jean-Jacques dors dans le salon
royal.
17 juillet 2013 Kristiansund/pleine mer/Kristiansund/atlantic harbour road
Bonne
nuit. Pain et confiture mais pas de beurre (on ne peut pas faire
confiance aux
équipiers qui ont fait les courses) et pas de lait car le
lait
de soja a gelé
dans le frigo mal réglé. Départ
après avoir
acheté des cartes, faire le plein
de gasoil et refaire des courses pour nous diriger pleine mer et
être cueilli
par vingt à vingt-cinq nœuds de vent, un riz et un
petit
génois. Une panne de
maxi nous fait rebrousser chemin car trop de cailloux sur la route pour
s’aventurer par ce temps. Retour vers la clémence
du
Brenmnesfjord en vent
arrière. Qu’allez-t-on faire dans cette
galère
alors qu’ici c’est si sympa
malgré la pluie et le temps gris ? On se dirige
vers les
huit kilomètres
de l’Atlantichavsveien (atlantic harbour road) à
traduire
par la route des
ponts que l’on voit sur toutes les belles photos
d’agence
de voyage. Le
paradis…sauf que le mouillage est en plein vent alors on va
se
protéger un peu
et on mouille par deux fois car on dérape la
première fois en ramenant un
paquet d'algues de quarante centimètres de
diamètre
et un mètre de long
que je finis par couper au couteau à pain. Le bateau ne
bouge
pas malgré le
vent, on se croirait au port pour un diner d'omelette aux lardons,
pates, vin
du Vaucluse (13€ la bouteille ici) et brugnon. La pluie ne
s'arrête pas. Des grosses
méduses font
leur ballet nautique.
18 juillet 2013 Atlantic harbour road/Alesund
Journée
terrible. Départ 9h arrivée 23h... Des vacances
quoi! Au début c'est pas mal,
il y a du beurre, du pain, du café (j'en prends pas). Il
manque le jus d'orange
et le lait de soja est encore congelé. On part toujours sous
la pluie qui nous
quittera le soir mais le capitaine pense que l'on va retourner
à Kristiansund
pour aller direct sur L'écosse et éviter la mer
qui nous attends pour Alesund.
Mais passé le fameux pont des catalogues, la mer
s’avère correcte alors en
avant l’aventure. Des cailloux, des vagues, du vent, de la
pluie. On tire plus
ou moins des bords avec vingt/vingt-cinq nœuds de vent devant
et les vagues
grossissent. Mon bord est
« catastrophique » selon le
capitaine. Je
le faisais exprès pour qu’on me reprenne la barre.
Jean-Jacques ne dis plus
rien car son estomac l’ennui. Moi je fini par vomir mon
compté et me met
longtemps en mode veille. On arrive enfin dans le un fjord calme vers
le
village de Bud et nous revivons avec un bon vent travers navigant 7
nœuds. Mais
la journée s’allongeant, j’ai froid et
le vent passant face nous trouvons très
long les vingt derniers miles, même si le fjord est
majestueux et que Jean-Yves
semble très content à la barre durant six heures.
Nous croisons l’Urtigruten
(ferry) et de nombreux bacs. L’arrivée sur Alesund
bien balisé par un chenal.
19 juillet 2013 Alesund
20 juillet 2013 Mer du nord
Départ après le plein de gasoil. Nous quittons la côte montagneuse au moteur. Nous croisons un beau paquebot qui va faire le bonheur de ses passagers en les conduisant au sublime fjord Geiranger tout près. Nous on va s’installer dans la dure vie de marin. Je me mets en mode silence car la nausée est proche avec toutes ces odeurs de gasoil. En fait, il y a un cheveu entre prendre son pied car on ne souffre pas du mal de mer et de la fatigue et comater entre nausée et sommeil. La frontière entre plaisir et douleur est ténue. Heureusement l’amarinage se fait chaque jour passé sur le bateau. Je vais doucement reprendre mes esprits lors des quart de nuit quatre heures à six heures du mat en co-pilote et six heures huit heures à la barre dans le brouillard où seuls quelques oiseaux nous rendent visite. Escadrille de Fous de Bassan et Fulmars Boréal (ceux qui font 800 km pour venir chasser sur les côtes norvégiennes en venant du Spitzberg. Plus de repas mais grignotage. Sommeil cassé. Vent de face donc difficile de mettre le génois. Le carré du bateau n’est plus le lieu convivial des dernières soirées mais un vaste champ de bataille. Les bouteilles et paquet de chips et autre trucs s’entassent dans l’évier seul réceptacle qui évite que tout glisse avec le roulis. La brume s’épaissit et je lis de l’inquiétude sur le visage de Jean-Jacques qui commence à réfléchir sur la collision en mer du nord.
21 juillet 2013 Mer du nord
J’ai passé un
bout de nuit callé contre la paroi derrière
laquelle je sens l’écoulement de
l’eau, chaque vagues pousse un peu mon dos. Les bruits
peuplent mon réveil.
J’entends que le génois est rentré ce
qui signifie que le vent tombe. Le moteur
se met en route. On ressent à
l’intérieur toute la vie du bateau. On devine les
changements de cap, les vagues, la force du vent.
Réveillé à onze heures du
matin car Fred veux que je lui dise si je comprends ce que barjaque un
type
dans un haut-parleur sur un bateau dans la brume qui manifestement veux
nous
chasser d’une zone de plates-formes
pétrolières. Ceci se confirmera lorsque la
VHF (qui marche !) m’annonce en anglais
qu’il faut changer de cap. Ensuite
le chien de garde nous lâchera après que
j’ai décliné notre destination, mon
nom et celui du bateau et en promettant de suivre le cap
indiqué durant quatre
heures. Je vous propose un interlude philosophique :
« Dans un monde
qui change vite, la seule solution réside dans
l’intériorité. Il faut
rechercher et cultiver en soi ce qui dure. Il s’agit
d’orienter ses choix en
fonction de ce qui garde vivant. Si on utilise ce barème, un
décapage
incroyable surviendrait dans notre vie car il amènerait
à rompre avec bon
nombre d’habitudes, de responsabilités et de
routines » voilà ça ira pour
alimenter des heures de méditation dans cet univers de
brume. Sinon j’ai aussi « celui
qui suit la mode se considère comme un porte
manteau » c’est drôle
non ?
On s’amuse ensuite à viser les stations
pétrolières mais soit on se fait jeter
par une corne de brume menaçante soit Jean-Yves un peu
timide nous fait passer
à deux mille ce qui fait que l’on ne les voit pas
étant donné que l’on ne voit
rien à 500 mètres. On arrive à
distinguer une plate-forme qui émerge de la
brume (regardez la photo) protégée
derrière son chien de garde. Je fais un
grand repas sandwich œuf au plat bacon puis un
dîner salade de riz steak au
poivre. Le tout mangé sur le pont dans la brume
environnante. Le vent tombe.
Dans la nuit j’entends que l’on a une panne de
moteur, plus d’électricité…
22 juillet 2013 Mer du nord/
Lerwick (Shetlands)
23 juillet 2013
Lerwick
(Shetlands)/Moussa(Shetlands)
Réveille pour le jogging. Pas grand monde dans les rues hormis quelques promeneurs de chiens. Beaux paysages de lande sauvage puis parcs et jardin tondu à raz. Les chats sont gros (peut être mangent-ils du fish and chips ou bien sont-ils couvert de fourrure pour l’hiver rigoureux). J’appelle le mécano car il est neuf heures et qu’il avait dit venir pour huit heures mais je me rends compte qu’il y a un changement d’heure ce qui explique que je n’ai pas vu grand monde ce matin. Douche royale pour 1,69€ de 9 m2 avec le monsieur très serviable qui vient nettoyer et ouvre l’eau chaude. Petit radiant sous lequel on passerait bien sa vie. Le gars du moteur est là. Plus de tringlerie pour passer les vitesses et courroie et filtres à vérifier… Il revient avec tout ça et il d’avère que le filtre à gasoil est effectivement responsable car il est entièrement bouché ce qui explique que le moteur accélérait lorsque le gasoil n’arrivait pas. Pour la tringlerie, c’est le bouton de débraillage qui coinçait. Rien de compliqué finalement. Sur le quai, les voisins norvégiens chargent moulte caisses d’alcool surement détaxé. Saumon grillé riz puis départ avec un moteur tout neuf et au près. Nous nous retrouvons vite à Mousa, petite île sauvage qui va faire notre bonheur à nous autres avides de grands espaces vierges de lande sauvage. Nous mouillons abrité du sud est sous le Mousa Broch (tour bâtie il y a 2000 ans à l’âge de fer) qui semble être une habitation de luxe plutôt qu’un ouvrage défensif… L’ouvrage est étonnant puisque nous découvrons un escalier en spirale qui se trouve en fait entre le mur extérieur et un second mur intérieur (comme s’ils avaient construit deux tours l’une dans l’autre). Nous partons chacun dans une direction… Mon objectif c’est de me perdre dans ce paysage et trouver le phoque que nous avons aperçu à notre arrivée au mouillage. Je rencontre les fameux moutons et ramasse leur laine accrochée à la lande puis je fais en sorte de déranger les oiseaux pour qu’ils m’attaquent et prendre ainsi des photos à couper le souffle. Les attaques se déroulent comme prévu mais les photos sont ratées. Plus tard, je retrouve Jean-Yves dans la lande qui a déniché une colonie de phoques en position de banane (la queue et la tête qui sortent de l’eau) et avec lesquels nous allons jouer durant une heure. Ils nous observent, les plus vieux sortent la tête, les plus jeunes s’approchent. Une multitude de cris d’oiseaux, de bêlements et de bruit d’évents peuplent la scène. C’est un spectacle grandiose que nous offre la nature aujourd’hui. Ce moment vaut tous les efforts entrepris et sera je pense le temps fort du voyage. Nous rentrons hébétés de nature et joyeux. Du coup, on ouvre la bouteille de whisky du capitaine et l’on festoie de porc, pâtes, vin rouge, fromage anglais (orange radioactif), figolu, chocolat. Tout le monde s’endort dans la brume, la tour veille sur nous. Les rêves de la journée laissent la place à ceux de la nuit. Les pétrels (oiseaux) rentrent de leur pèche vers minuit pour éviter les attaques des plus gros oiseaux.
24
juillet
2013 Moussa(Shetlands)/Fair Island(Ecosse)
Grosse journée de navigation (80 miles) dans le brouillard principalement. Les Orcades nous apparaissent plates (pas de falaise ou montagne). Jean-Jacques prends peur à l’entrée d’un passage ou le courant d’environ 6 nœuds nous laisse globalement sur place. Le bateau oscille donc entre les deux berges dangereuses en faisant des zigzags peu favorables à l’avancement. Il nous faudra environ une heure pour faire 800 mètres. La mer s'est transformée en une marmite et nous appellerons à présent Jean-Jacques le marmiton. Il semble que passer à la corde comme le préconisait Jean-Yves ait été la meilleure solution. La suite est meilleure même si elle se passe dans la brume car nous naviguons à 7 nœuds. Mouillage dans une large baie. Jean-Jacques sonde le fond avec la sonde à main mais il accroche la sonde au fond et comme le bateau avance, la corde se déroulant, la lecture de la profondeur augmente sans cesse. Au moins on ne l’a pas prise dans l’hélice du moteur. On ne sait pas pourquoi le capitaine décide de mouiller aussi loin de la plage (presque un kilomètre). Tout l’équipage le fustige à souhait et Jean-Yves n’arrête pas de rigoler. L’équipage est un peu fatigué et les pâtes pesto accompagnées de spec nous réconfortent après la crise de rire.
26
juillet 2013 Hollande bay(Orcades)/Inverness(Ecosse)
Levé à 6 heures Fred et moi pour commencer la navigation au plus tôt sachant que nous avons 100 miles à parcourir soit 20h à 5 nœuds…(l'arrivée se fera ce soir à deux heures du matin). Tout commence à la voile dans la brume et continue dans la brume au moteur. On chante la complainte de la brume et il n’y a plus grand-chose à manger. Nous devons être à Inverness pour récupérer ce soir deux marins fringants Gilles et Richard (venus l’année dernière) qui veulent embouquer le canal Calédonien avec nous. Journée déprimante, je n’ai aucun plaisir mais la salade de pommes de terre le midi et les pâtes du soir mangées dehors sous un ciel magnifique enfin dégagé vers vingt heures accompagnés de la visite de dauphins et de phoques ranime le moral. Arrivée de nuit donc sur Inverness qui présente une configuration qui oblige à des manoeuvres précises car malgré la largeur du détroit, seul un petit passage sur le côté présente suffisamment de fond. La lune est magnifique et les pétroliers font les arbres de noël à l'avance. Arrivé au pont de nuit et sans information sur sa hauteur et la marée on se demande si le mat passe ce qui nous oblige à tangenter le pont à contre courant pour constater (ouf) que ça passe (on aurait eu l'air malin de devoir remettre le projet canal Calédonien pour cette raison... Nos copains ont pris une chambre d’hôtel pour ne pas nous attendre indéfiniment, ils ont eu bien raison.
27
juillet 2013 Inverness (Ecosse)/Dores
Loch Ness (Ecosse)
Réveil sous le soleil! On ouvre tout, je sors le matelas encore humide et je fais une lessive dans la douche. Douche royale et internet à volonté dans cette marina high tech qui vient d’ouvrir mais qui nous escroque de 32 livres. Rien pour le petit déjeuné, les provisions sont épuisées et le magasin est à 3 kilomètres. Je pars à pieds investiguer cette ville. Je traverse la zone industrielle dans laquelle je découvre le monstre du Loch Ness (voir photo) puis des quartiers très ouvriers puis un centre-ville tranquille sur les berges du Ness, très animé, l’ambiance est aux vacances, de la musique, des hommes en kilt, des femmes en robe à fleurs démodée (anglais quoi..). Je rentre vite pour découvrir l’équipe au complet et l’on part toujours sans avoir mangé pour les écluses que j’appelle sur le canal 74. On croise un gros dauphin dans l’eau marron et on embouque la première écluse après avoir été soulagés de 200€ pour pouvoir traverser l’ensemble du canal. Les éclusiers sont très sympas. C’est tout un business car lorsque l’eau monte, il faut chaque fois reprendre des amarres surtout lorsque l’on passe avec une grosse péniche. Nous passons ainsi quatre écluses les unes après les autres, et gravissons les marches d’eau. L'éclusier m'explique qu'il a deux kilts faits main et que chacun vaut dans les 500€. La suite c’est un canal bucolique, les gens sont à l’aviron, les autres jogguent et nous saluent de la berge, on promène son chien… Pour la dernière écluse, avant d’arriver au lac, la pluie s’installe et comme c’est presque l’heure de la fermeture, j’ai du mal à motiver le fonctionnaire qui n’accepte qu’avec mauvaise grâce de nous faire passer lorsque je lui dis que « le capitaine veux dormir sur le lac ». Toujours appeler les grandes instances dans ces cas. On déjeune vers 17h d’un sandwiche œuf bacon (je fais le service pour 6) arrosé de whisky (c’est la région, donc c’est un acte culturel de le boire). Mouillage sympa mais venté. Je respecte ma promesse de nager dans le lac qui franchement est glacé et malgré les vingt minutes passées dans l’eau noirâtre, aucun monstre ne me chatouille les pieds. A bon entendeur, le monstre est une pure fiction qui nous a tout de même fait venir ici. Gros repas du soir à six autour de la table. Pates, viande, vin rouge et glace !!!! (Merci Jean-Jacques). La conversation s’oriente sur les grands navigateurs et leurs déboires, Nelson, Trafalgar, Magellan, Colomb…
28
juillet 2013 Dores Loch Ness (Ecosse)/Fort Augustus(Ecosse)
Réveil difficile car le capitaine avec qui je partage la cabine avant a ronflé toute la nuit et la pluie s’installe. Pas de jus d’orange pas de lait donc pas de boisson pour moi, j’aurais dû participer aux courses mais il fallait limiter les places en taxi. Des nageurs traversent le lac accompagnés d’un zodiac et les types n’ont pas de combinaisons. Ils ont par contre le bonnet de bain ?... Nous passons un certain temps sur les comptes entre les taux de change et le reste. Nous passons devant les ruines d’un château hanté en bord de lac. Puis l’on arrive pour passer les cinq écluses et là il y a du monde qui veut monter et d’autres qui veulent descendre. Je m’éclate sur des portraits photos tout en essayant de traduire l’intérêt des gens qui assistent au spectacle du travail des éclusiers. Le village est en marches d’escalier pour suivre la montée progressive des bateaux. Il fait plutôt beau ! C’est l’ambiance vacances et chacun tient ses amarres lorsque le courant s’impose dans l’écluse. Des cygnes empruntent aussi les écluses. On passe des heures à la manœuvre des amarres, une passion nouvelle. Les gens nous prennent en photo car on fait le spectacle. Riz curry à midi. Jogging pour moi sur les berges. Le chemin fini dans une forêt humide puis dans les prés et je me retrouve avec des moutons noirs et blancs puis des vaches. Deux d’entre elles s’effrayent à mon arrivée et sautent une haute barrière, même si les pattes arrières ont du mal ! Pas trop graves car c’est encore un champ clos derrière. Je retrouve une écluse qui me permet de gagner l’autre rive bien plus carrossable. Spectacle magnifique. Je comptais manger des céréales mais impossible de trouver le lait. Mes amis arrivent du resto ou ils se sont gavés de pense de moutons et cherchent le lait partout avec moi. Finalement le ticket de caisse nous apprendra que le lait n’est jamais passé à la caisse… Beau couché sur le canal embrumé. J’ai un trésor donné par Jean-Yves : des boules kiess ce qui va m’assurer une nuit sans les ronflements du capitaine.
29
juillet 2013 Fort Augustus(Ecosse)/Corpatch(Ecosse)
Levé
pour jogging avec Jean-Jacques et Gilles pendant que le bateau navigue
à nos
côtés. Rendez-vous à
l’écluse. Tout va
bien. Cela se complique lorsque l’on
décide de continuer pour le château
hanté. On ne
retrouve pas le bateau au
rendez-vous… Nous rencontrons un couple Norvégien
de
chercheurs au Spitzberg
qui a acheté u bateau aux Antilles et qui est
remonté par
New York et le
Canada. Ils ont laissé les enfants à papy
mamie…
Un type nous dit qu’il a vu
passer un bateau bleu, le nôtre est noir ! Bref,
nous
attendons un moment
sur le ponton et puis nous décidons de continuer. Ils sont
allés plus vite car
nous avons fini sur une nationale qui monte et descend et sur laquelle
le
trafic nous fait nous garer précipitamment sur le
bas-côté. Richard a loué un VTT
pour venir nous chercher. Merci Richard. Du coup, nous avons parcouru
12 km…La
lande des high lands a disparu et a été
remplacée
par des sapins. On est plus
en Ecosse mais au Canada !! Bientôt les
caribous…
Allez, petite leçon
d’histoire géo sur le canal : 96,5 km de
long, 29
écluses, 10 ponts, 32,3
mètres de hauteur par rapport au niveau de la mer.
Construction
de 1803 à 1822
pour raccourcir les voyages mais aussi les protéger lors des
guerres
napoléoniennes. Œuf au plat, Bacon, pates, vin de
Californie pour le déjeuner. Des
oies se reposent dans un champ. Nous rencontrons sur la route deux
suisses en
canoë. Ariane et Thomas à qui l’on
propose de se
faire tracter ce qu’ils
acceptent vivement vu qu’ils sont très loin et
qu’ils doivent rendre le canoë
ce soir. Thomas dis que c’est bizarre car on crie
« mer » en
apercevant la fin du canal alors que généralement
le
marin crie
« terre ». Je dis que nous ne
devons pas
lâcher le fil d’Ariane qui
relie le bateau et leur canoë… Neufs
écluses nous
attendent en cascade puis
trois autres avant la mer. Le train à vapeur sifle en
contrebas
et part dans un panache de fumée oublié de nos
jours. On
se fait coincer dans la dernière écluse et
partons au pub vider une guinness après avoir
mangé un
délicieux plat de poulet
mariné, légumes et pomme frites.
30 juillet 2013
Corpatch(Ecosse)/Easdale(Ecosse)
On prend la
première écluse mais on nous fait poiroter deux
heures ensuite. Nous quittons
l’alignement du canal calédonien avec un pincement
au cœur mais un dauphin et
les montagnes environnantes sous un soleil que l’on
n’avait pas vu depuis si
longtemps nous font passer à un autre monde, Celui de la
mer. Tourtes à
l’anglaise (relevée) et salade à midi.
Je dis que je reviendrais volontiers
dans ce coin mais en été cette fois... Nous
longeons la belle ville d'Aubane
qui peut rappeler les villes de la côte normande. On fait des
photos que je
vous laisse découvrir. La soirée se passe dans un
pub située dans ce petit coin
de cité minière (basalt) et ses rues de corons.
Guinness et personnel
délicieux. Des oiseaux de mauvaise augure regardent les
tables en quête de
nourriture. Des écossaises chantent "happy birthday"
à tribord, nous
entonnons "joyeux anniversaire" à bâbord. Certains
goutent le whisky
(de Jura s'il vous plait pour les connaisseurs). Rentrée en
annexe un peu
remplie d'eau.
31 juillet 2013
Easdale(Ecosse)/Jura(Ecosse)
Journée un brin déprimante car vent de face, et donc navigation au moteur. Seul bon moment : la salade de pâtes aux saucisses pour le midi et la soirée. On arrive à la distillerie de Jura et son fameux whisky que nous goûtons au pub le soir même après avoir ramé sous la pluie dans la baie des trois iles. On mange un trio de saumon au pub et on finit au whisky offert par le capitaine (on a dû être de bons matelots alors). On rencontre aussi des fanatiques qui naviguent sur un chalutier à vapeur. Ils sont partis aux Etats-Unis pour trouver la nouvelle chaudière.
1 août 2013
Jura(Ecosse)/Port Ellen(Ecosse)
Jean-Jacques a réveillé tout le monde (même moi avec les boules kies) en gueulant en pleine nuit « Il y a quelqu’un dans la maison ». Du coup on a tous cru que quelqu’un s’était introduit sur le bateau. Lui a réalisé qu’il n’y avait personne une fois sur le pont au milieu de la nuit. Visite de la distillerie et de ses beaux alambics en cuivre. Nous apprenons que certains whisky sont stockés dans des tonneaux français ayant contenu du cognac. La dégustation est violente surtout si tôt le matin. Je ne supporte pas celui qui a été élaboré avec du malt fumé. Nous n’avons pas pu charger nos divers appareils car le fusible de l’adaptateur anglais a fondu. Pas de téléphone, d’appareil photo…Mer forte, vent de face, grisaille = déprime. Par deux fois, nous prenons une grosse douche par le hublot central dans le carré du bateau. L’ordinateur est trempé (mais protégé par un transparent). Nous arrivons dans le joli petit port de Port Ellen où nous accueillent deux signes avec leurs quatre petits au duvet gris). Pas d’électricité car on met dix minutes à trouver le disjoncteur du bateau qui a sauté. Ensuite c’est mieux, nous prenons nos billets d’avion au cyber café et comme Jean-Jacques et Richard se battent avec l’informatique durant deux bonnes heures, je dialogue avec les jeunes et nous passons un moment inoubliable. Charlotte is crazy and Katie is her nurse and Ewan is the doctor, il y a aussi Ileach et bien d’autres. Bref, c’est n’importe quoi mais qu’est-ce que l’on a rigolé et moi j’ai « practicé » mon English. Ils me font boire le « Im Bru » boisson gazeuse écossaise puis me dédicace la bouteille. La suite c’est repas d’au revoir pour nos amis autour de pâtes à l’ail (deux gousses complètes !!!) élaborées par Gilles et pour finir le fameux fromage écossais (le Stilton). Les écossais nous ont ramené au bateau et j’ai dû cheminer un moment avec un ivrogne qui sortait du pub en zigzag et voulais absolument me parler.
2 août 2013
Port Ellen(Ecosse)/Ballycastle(Irlande)
Levé tôt car
Jean-Jacques et Richard (que je remercie pour les photos) prennent ce
matin
leur avion. Ils sont parti au Spar du village une heure avant
l’arrivée du car
tellement Jean-Jacques était stressé. Je recroise
l’ivrogne d’hier en voiture
cette fois et qui roule droit et à gauche cette fois ci. Pas
de bière car ici,
même si les magasins sont ouverts, la caissière
n’autorise l’alcool qu’à
partir
de dix heures. Nous, nous partons dans 20 nœuds de vent de
face, vagues de face
et le capitaine est pas très chaud et veut retourner au
port. Vu les billets
d’avions réservés, il vaut mieux partir
et finalement un grand soleil et
l’essai sur l’eau nous font partir. On verra
l’avion de nos amis passer
au-dessus du bateau. Même que c’est un avion avec
une seule hélice sur le
museau. Les fous de bassan volent en escadrille (sans vraiment battre
des ailes
alors que les guillememaux sont constamment à battre les
ailes). Sandwiches
saumon et pomme. Le ciel prend tous les aspects et l’on voit
au loin les pluies
diluviennes qui s’abattent sur la mer. J’essaye
d’écrire le journal mais le mal
de mer me prend rapidement. Arrivée chaude car beaucoup de
vent dans le port ce
qui n’aide pas la manœuvre. Le gars du port nous
parle de détails alors que
nous sommes en train de trimer sur les amarres. Drôle de
petite station
balnéaire. Des beatniks rejoignent l’île
en face pour se rendre à une rave
party de trois jours. Certains ressemblent à des clodos
punks d’autres ont des
robes baba cool et des visons désuets. Les
vrais de vrais ratent le ferry et doivent partir en petits zodiac dans
la mer
déchainée. Bonne douche puis pub. On finit au Mc
Donnel pour un délicieux grand
moment de musique irlandaise (tambourin, violon, accordéon,
banjo) avec
guinness à la main. Je parle bien anglais à
nouveau avec la plupart. On se
saoule de cette musique, les gens sont très gentils.
Rentrée très tardive…
3 août 2013
Ballycastle(Irlande)/Bangor(Irlande)
4 août
2013 Bangor(Irlande)/Dublin(Irlande)
Levé 6h avec
soleil. Vent de face puis sud. Séchage du linge sur les
filières avant que la
pluie arrive. Longue journée... Panne de pilote automatique,
je répare, mauvais
contact...Gilles me raconte l'histoire d'un Lord qui vit reclus dans
son château
à jouer aux échecs (depuis une
déception amoureuse dans sa jeunesse) sur on ile
de Lambay (interdite à tous) que nous laissons sur tribord
en arrivant vers
Dublin. Nous longeons Portmarnock où j'étais venu
pour un voyage linguistique
il y a 30 ans... Lecture, sieste, musique. Arrivée
à Dublin vers minuit
dans le brouillard avec panne de cartographie
régulière... On se fait agresser
par un bateau pilote qui nous gueule dessus car un gros bateau
arrive… On longe
les arbres de noël (cargo tout éclairés
de blanc) puis nous accostons sur la
marina qui est presque un pub ou nous attendent, pinte de guinness
à la main) Josquin
et ses deux copains pour prendre la relève.
5 août
2013 Dublin(Irlande)/Lyon(France)
Levé à 6h
pour
jogging le long de la rivière Liffey (la légende
dit que c’est l’eau qui est utilisée
pour faire la guinness) me dit Julie. Je me retrouve avec plein de
joggeurs car
il y a un semi-marathon. Beau stadium, belles écluses et
ponts basculants ancestraux.
Je quitte l’équipage pour prendre la navette
directe pour l’aéroport en saluant
les camarades d’infortune. Merci au capitaine, merci
à l’équipe bien sympathique
et merci Gadji de nous avoir fait découvrir toutes ces beaux
mouillages, ces
iles sauvages, ces canaux tranquilles.