01/06/2001 (Côte d'Ivoire) Dépenses
: 215 F - Distance parcourue : 0 km
Zakaria
m’emmène à l’Ambassade d’Ethiopie. Tout devient
compliqué. Il veulent me rendre mon passeport mardi prochain
(je ne peux pas m’en passer si longtemps vus tous les contrôles
effectués sur les routes dans la région). Ils
font donc des photocopies et je devrai me présenter mardi
matin à 8 heures pour ramener mon passeport et le retrouver
visé le mercredi à 14 heures (lundi est férié).
Je dois prendre un visa deux entrées (plus cher 188 F)
pour pouvoir bénéficier de deux mois (j’ai besoin
de ce temps car le visa commence aujourd’hui ce qui fait un
peu court). Je prépare un peu la suite du voyage. Sur
Internet, je découvre avec stupéfaction que l’Arabie
Saoudite ne délivre pas de visa de tourisme ! Il me faut
donc élaborer un plan bateau Djibouti/Oman pour éviter
le Yémen et non plus Djibouti/La Mecque. Je décide
en effet de ne pas passer par le Yémen car les risques
d’enlèvements et autres sont trop importants selon le
site Internet diplomatique du gouvernement français.
Bruno m’emmène en voiture dans Koumassi et nous nous
perdons dans un bidonville : La promenade est passionnante.
Ici, c’est une organisation de fourmi, tout circule, il y a
un monde fou, c’est une ville de planches dans la ville. Nous
prenons un pot avec Chaouki, un libanais qui me donne des infos
sur le monde arabe. Le bar dans lequel nous nous trouvons en
terrasse a été braqué il y a peu de temps,
chacun a donné argent, portables, montres, c’est ça
aussi Abidjan. Dans le même style, des amis de Chaouki
qui arrivaient en voiture pour dîner chez lui se sont
vus attaqués et dépouillés devant sa porte
(Welcome to Abidjan). Le soir, Philippe et Sylvie nous rejoignent
et nous allons au Hit Parade (un des deux bons restaurants d’Abidjan).
Je mange du barracuda et la soirée est hyper sympa.
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02/06/2001 (Côte d'Ivoire) Dépenses
: 0 F - Distance parcourue : 20 km
Philippe
me fait rencontrer Joe (comme il me l’avait promis hier au dîner).
Joe me donne plein d’informations sur le Kenya et l’Ethiopie.
Je règle ainsi mon problème de passage de frontière
Kenya/Ethiopie qui est déconseillée vue l’insécurité
qui y règne (je vous réserve une surprise à
Nairobi…). Joe nous montre le trou qu’a fait une balle de pistolet
dans sa main il y a quelques semaines suite à une mauvaise
rencontre, il a poussé le canon du pistolet de son agresseur
avec la main et le coup est parti… Annie et Guy nous ont rejoint
de Yamoussoukro. A midi, aittié Ké, japon (poisson
demoiselle), soles de roche, carpes, ignagne (en frites), alloco
(bananes frites), salade africaine, enfin bon, le repas typique
en Côte d’Ivoire. C’est délicieux. Nous partons
en bateau sur la lagune pour une découverte nautique
d’Abidjan s’il vous plaît ! On passe devant les cargos
du port de commerce, le plateau, pour continuer un peu dans
la direction de Grand Bassam… C’est très vite la jungle
: des palmiers, des palmiers, des palmiers. Annie et Guy me
prêtent leur appareil numérique (enfin des photos
pour le site Internet). On croise beaucoup de pêcheurs
au filet sur leur pirogue. On en profite pour lâcher deux
lignes de pêche avec grapala pour barracuda mais ils ne
répondront pas présent cette après midi.
Je ramène le bateau (enfin j’utilise mon permis).
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Camion Grand Bassam
Grand Bassam
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03/06/2001 (Côte d'Ivoire) Dépenses
: 10 F - Distance parcourue : 60 km
Il
pleut, c’est bête, on souhaitait aller à la plage
à Assinie. On part quand même, le temps s’avérera
mauvais sur Abidjan et super à Assinie. Je pars avec
l’appareil photo numérique de Bruno dans l’espoir de
faire enfin des photos pour le site Internet. La route est bordée
de palmiers, de boutiques souvenirs et de clubs de plage. Nous
prenons la pirogue à moteur pour traverser la lagune
et arriver au cabanon qui se trouve sur la langue de sable qui
donne sur la mer. Ici, c’est le paradis. Il y a des tonnes de
palmiers. La mer est verte foncée, les vagues sont hautes
et nombreuses. Un bateau a dû dégazer car l’eau
est franchement sale. C’est la plage et des cabanons à
perte de vue. Il y en a des modernes en béton et certains
en bois dans le style colonial. La plupart ont un château
d’eau qui permet de disposer d’eau douce au robinet et dans
la douche. Il est alimenté par l’eau puisée par
des pompes à 3 mètres de profondeur. Nous croisons
un nombre impressionnant de Libanais. La baignade est musclée
et nous ne nous éloignons guère sous les conseils
de Bruno qui ne veut pas nous voir emportés par les courants
puissants. Pour le dessert, nous avons acheté sur le
bord de la route des ananas et des petites bananes sauvages
(10 cm de long) qui viennent compléter le plateau de
papayes, fruits de la passion et mangues. Nous goûtons
aussi deux noix de coco tombées près du cabanon
que « le vieux » (le boy) ouvre à coups de
machette (attention les doigts). Tous ces fruits me font penser
que ceux que l’on importe en France n’auront jamais ce goût
africain. Au retour, passage dans Grand Bassam ou l’on peut
voir encore des maisons de l’époque coloniale. Sur le
bord de route, certains vendent des crabes de terre (environ
une dizaine) attachés sur les montants de bois : ça
se mange (avis aux amateurs)…
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Fred
à Assinie |
Bruno |
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Cabanons Assinie
Fruits Assinie
Sophia et Sarah |
04/06/2001 (Côte d'Ivoire) Dépenses
: 0 F - Distance parcourue : 0 km
Réception
chez les Clavel. Couscous marocain fait par Maïma : un
délice. On joue aux boules et on boit du pastis : la
France quoi ! Douleurs abdominales persistantes et coups de
soleil d’Assinie encore très virulents, ma brûlure
sur le pot d’échappement de mobylette (à Bobo)
ne se ferme pas bien et s’infecte à nouveau…
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Pyramide Abidjan
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05/06/2001 (Côte d'Ivoire) Dépenses
: 0 F - Distance parcourue : 270 km
Guy
et Annie m’avaient fait envoyer un mail par Bruno alors que
j’étais à Bobo pour que je m’arrête chez
eux pour visiter Yamoussoukro mais je n’ai pas consulté
ce mail à temps et je suis allé sur Abidjan direct.
Je décide donc de repartir sur mes pas et d’honorer cette
invitation sympathique. Guy et moi parcourons donc les 270 km
qui séparent Abidjan de Yamoussoukro dans sa Peugeot
405 bleue marine de fonction (Plaques jaunes de la Présidence
de Côte d’Ivoire SVP !). En chemin, nous parlons
de la Côte d’Ivoire : c’est le grand pays du cacao, du
café, de la banane, de l’ananas, de l’huile de palme,
du caoutchouc. C’est le pays des arbres gigantesques : des fromagers
(60 mètres) et des acajous (70 mètres). C’est
un des nombreux pays où un adulte sur dix est séropositif
(22 millions de morts du sida depuis 20 ans dans le monde !).
C’est le pays ou la vente d’une tonne de cacao en 1977
permettait d’acheter un tracteur alors qu’elle permet aujourd’hui
d’acheter un seul pneu de ce tracteur. C’est le pays de Félix
Houphouet Boigny qui fut remplacé par Henri Konan Bédié
qui fut évincé par le coup d’état de 1999
par le général Guei qui fut remplacé aux
élections par M. Bagbo… En 1453, la chute de Constantinople
impose de créer une nouvelle route pour les Indes, on
commence donc à passer le long de la future Côtes
d’Ivoire. Bravant la malaria et la fièvre jaune, les
hommes s’établissent à Fort Joinville, fort Nemour
(Assinie) et Grand Bassam dès 1843. Binger traverse en
1889 la grande forêt impénétrable. «
Les peuples qui habitent ces terres sont les plus féroces
de tous les nègres, ils sont anthropophages… ».
Le doute règne quand à l’avenir colonial de ce
pays donc les maisons ne seront pas construites en dur… Sur
la route, un type allonge son bras pour nous montrer un agouti
fraîchement tué qu’il espère nous vendre.
En milieu de parcours, sur une petite colline, une église
construite par de Félix Houphouet Bouagny appelée
Notre Dame de l’Espérance et de la Réconciliation.
Les repentants devaient en gravir le chemin sur les genoux
pour se faire pardonner par le président. A Yamoussoukro,
Ginette du Motel Shell me montre son zoo privé : Gibs
harnachés, Céphalophes argentés, mangouste,
tortues géantes, grues cendrées… Guy est super
placé à la présidence et va donc me faire
découvrir pendant deux jours les coulisses de la présidence
à Yamoussoukro. L’après-midi est consacrée
à la visite de la basilique Notre Dame de la Paix. Ce
qui me frappe tout d’abord c’est l’impression de ne pas apprécier
les dimensions de ce monument colossal. Ce n’est que lorsqu’un
homme monte les escaliers que l’on s’en rend compte des 158
mètres de hauteur (141 pour Saint Pierre de Rome). Un
schéma montre qu’au moins deux Notre Dame de Paris rentrent
en hauteur dans celle-ci. Ce bâtiment est un don de Félix
Houphouet Boigny au Vatican. A l’entrée, un vitrail représentant
l’entrée triomphale de Jésus dans Jérusalem
avec dans la scène, le président (noir donc facilement
repérable sur ma photo), l’architecte, le directeur des
grands travaux… 3 ans de construction clôturés
par la consécration en 1990 par Jean Paul II. Le plus
grand volume climatisé au monde, dans les colonnes :
des ascenseurs, des haut-parleurs… Des papillons magnifiques
sont dans la place : quelle grâce indescriptible. Une
vierge Marie (en photo sur ce site) a la particularité
de sourire quand on la regarde de loin et d’être triste
de près pour montrer qu’elle est là pour tous
: les hommes heureux et les malheureux (pour la petite histoire,
elle a été offerte par un prisonnier de Bouaké
appelé Soro qui fut gracié par le président).
Un Djembé joue pour la messe (environ 7 000 personnes
pour Pâques). Coût de la Basilique 600 Millions
de francs français. Quand je demande d’un air malicieux
à mon guide ce qu’il pense de cette dépense, il
me répond que comme c’est l’argent du président,
ça lui semble une bonne chose… Je quitte cet endroit
magique et nous allons à la fondation pour la paix. S’y
tiennent remises de prix de la paix (Nelson Mandela entre autres),
les congrès de l’OUA… Un gardien nous demande de ne pas
oublier « son petit mangement » à la sortie.
Une porte monumentale suggérant une tête de bélier
(bélier en Baoulé c’est Boigny comme le président).
J’y découvre une pièce pleine de souvenirs du
président (voir photo). Des tableaux, des statues attendent
un lieu d’exposition. L’un d’eux dit « que la paix de
Dieu qui dépasse toute intelligence garde vos cœurs et
vos pensées en Christ… Je relève aussi une phrase
du président « La paix, ce n’est pas un mot, c’est
un comportement ».
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Visite de la cathédrale
de Yamoussoukro Intérieur de la cathédrale
de Yamoussoukro
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06/06/2001 (Côte d'Ivoire) Dépenses
: 50 F - Distance parcourue : 0 km
Nous
allons visiter la maison des hôtes appelée aussi
la giscardienne puisque c’est Giscard qui l’avait inaugurée.
Dans le plus pur style officiel africain. Des kilomètres
de marbres, 74 tapis Iraniens, des salles de bains immenses
(robinetterie d’or, lit de massage, coiffeuse…). La piscine
est verte car les crédits ont été utilisés
sur les priorités du moment, elle sera remise en état
quand ce sera nécessaire (pour la petite histoire, un
des gardiens m’a affirmé que je n’avais pas pu entendre
de grenouilles comme je le disais…). Le salon marocain offert
par Hassan II est une pure merveille (voir photo). Je demande
à mon guide de faire une photo mais comme nous ne savons
pas si nous avons la permission du grand chef, je suggère
de la prendre et de demander quand nous le verrons plus tard,
il me répond « c’est comme le médecin après
la mort ». Tous les bâtiments officiels sont enfermés
dans une enceinte dont les murs font environ 8 km de long. Nous
visitons ensuite la résidence privée du président.
C’est un palace mais la partie privée du président
Houphouet, qui semble ne pas avoir été touchée
depuis sa mort, est très simple. Un petit lit, une vierge
noire, des crucifix. Ses costumes sont rangés, la machine
qui a permis de le conserver pendant les 4 mois qui se sont
passés entre sa mort et son enterrement est toujours
là (impression de rentrer dans l’intimité d’une
vie…). Je découvre des chinoiseries de grande valeur
et une multitude de colliers Baoulé en or massifs, trésor
de la présidence qui servit à maintes occasions
de garantie pour les banques. Des tonnes d’interrupteurs, des
serrures, des couloirs, des ascenseurs…Guy m’emmène en
voiture voir une « autoroute » : la voie royale
qui devait mener à un palais présidentiel et ses
infrastructures telles que les ambassades, les ministères…
Tout est disproportionné, il n’y aura jamais de construction
au bout de la route, il n’y aura jamais de défilé
militaire. La mégalomanie est partout à Yamoussoukro
où quelques voitures se croisent de temps en temps sur
des artères gigantesques…Visite de la chapelle et du
caveau du président et de sa famille. Félix Houphouet
Boigny disait à la messe dans la chapelle qui se trouve
sur son caveau : « je suis assis sur ma tombe ».
Pour finir, je vais voir le nourrissage des crocodiles qui gardent
l’enceinte. J’ai vérifié que le crocodile ne pleure
pas (c’est une légende). J’ai découvert que le
crocodile fait des rots redoutables, c’est tout son corps qui
vibre dans le mouvement (j’étais suffisamment loin pour
ne pas profiter de l’odeur). Le crocodile a une langue collée
à la cavité inférieure et donc non mobile.
Il a aussi une peau (que l’on distingue facilement lorsqu’il
laisse sa gueule ouverte pendant des heures) qui ferme le fond
de sa bouche ce qui lui permet de la garder ouverte sous l’eau.
Et pour finir, sachez que le crocodile ne nage pas avec ses
pattes mais avec sa queue. Sur ces considérations biologiques,
j’invite Guy au sommet de l’hôtel Président pour
un verre. Le premier ministre est dans la place avec toute son
équipe. Nous finirons la soirée autour d’un Grand
Duroc Millon 1997.
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Les crocodiles de l'enceinte |
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Visite de la Maison des
hôtes Mamie Fete et Félix
Houphouet Boigny Salon de la maison des hôtes
Souvenirs de Félix Houphouet
Boigny
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07/06/2001 (Côte d'Ivoire) Dépenses
: 15 F - Distance parcourue : 270 km
Retour
avec un véhicule de la présidence. Nous nous faisons
doubler par le premier ministre et son escorte. Sur la route,
les écoliers marchent bravant le danger. Ils sont en
uniforme (beige pour les garçons, carreaux bleus et blancs
pour les filles). Un étudiant vend un agouti en allant
à l’école. Je récupère mon visa
Ethiopien ! Visite de mon école du cours Sévigné
et de ma maison rue Marconie (ça fait 22 ans que je ne
les ai pas vus : tout est petit !).
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Mon ancienne école |
08/06/2001 (Tanzanie) Dépenses
: 100 F - Distance parcourue : 0 km
Je
fais quelques courses pratiques (boîtes, marqueur, enveloppes,
spasfon...) et je rejoins Xavier à l'hôtel Ivoire.
Mes parents lui ont remis le nouvel appareil photo numérique
(remboursé par mon assurance FNAC). Enfin des photos.
Il est ensuite temps pour moi de dire au revoir et merci à
ma famille adoptive d'Abidjan : comment les remercier ? J'ai
eu un tel plaisir ici ! A 20 heures, je m'envole dans le boeing
de la Kenya Airways.
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Dernier moment de repos avant de repartir
sur les routes !
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09/06/2001 (Tanzanie) Dépenses
: 500 F - Distance parcourue : 5 km
Nous
arrivons à Nairobi à 7 h (heure locale), après
avoir fait une escale au Cameroun. Ma correspondance pour Dar
Es Salaam est à 13 heures et j'en profite pour rattraper
quelques heures de sommeil sur un banc, la guitare en guise
d'oreiller. Je ne suis pas le seul, ici, tout le monde dort
par terre sur le carrelage ou sur les bancs. Le simple fait
de m'occuper du transfert de mon sac à dos demande deux
bonnes heures. Arrivé à Dar Es Salaam, les démarches
pour le visa sont très rapides (25 $ US) et j'enchaîne
sur un peu de stop à la sortie de l'aéroport,
histoire de ne pas trop perdre la main. Finalement, Amjao Khan
s'arrête et m'emmène. On roule à gauche
ici et une grande partie de la population est originaire d'Inde,
ce qui s'explique par la " proximité " du pays.
Les gens ont l'air sympas, tout le monde se salue. Voulant aller
à Zanzibar, je me dirige vers le port pour voir si je
peux prendre le bateau. Un type m'accoste et me conduit vers
les pêcheurs (finalement, contrairement à ce que
je pensais, ils n'emmènent plus les touristes). Au bout
d'une demi-heure, il me propose de prendre les choses en main
moyennant 250 francs. Cela fait un moment que nous sommes ensemble
et je tombe dans le panneau : il disparaît avec l'argent.
C'est une arnaque très connue ici et je suis écoeuré
de m'être fait avoir aussi bêtement. Je suis épuisé
par le décalage horaire et le voyage. Je m'arrête
dans un hôtel pourri (25 francs la chambre) pour sombrer
dans un sommeil un peu haché.
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10/06/2001 (Tanzanie) Dépenses
: 438 F - Distance parcourue : 80 km
Réveil
dans une forme olympique. Lait frais et jus d'orange en guise
de petit-déjeuner et me voici reparti au port où
je retente de négocier mon passage pour Zanzibar. On
me promet un départ pour 13 heures et en attendant, je
décide de me promener. Des cris m'attirent et me poussent
à entrer dans le cinéma. La salle est très
sombre mais pleine, un homme noir crie en anglais dans un micro
et un autre traduit pour le public. La foule tend les bras vers
la scène en criant sur l'ordre du meneur. Au début,
je ne suis pas très rassuré : j'ai carrément
peur, l'ambiance est glauque. Une femme est " étranglée
" par un homme et tout le monde scande " mort, mort
". Je comprends ensuite que c'est une séance d'exorcisme
et que c'est le diable qu'ils sont en train de chasser du corps
de cette femme. Personne ne me demande de partir et je reste
près de l'entrée. C'est carrément une messe
qui est célébrée : il y a de la musique,
tout le monde danse. Cela fait penser à une grande thérapie
collective, avec cas individuels qui exposent leurs problèmes...
Je reprends la route du port animé d'un sentiment étrange,
mélange de communion sympathique et de folie dangereuse.
Je prends le bateau avec un vif plaisir, l'eau tient du lagon
et l'on croise des pirogue doubles à voile triangulaire.
L'arrivée à Zanzibar n'est pas terrible, je me
fais immédiatement entreprendre par 5 ou 6 types qui
hurlent pour me " conseiller " à propos du
meilleur hôtel. Je n'aime pas vraiment que l'on me force
la main mais je ne parviens pas à me débarrasser
de l'un d'entre eux. Je comprendrai par la suite que les hôtels
sont tenus de leur verser une part de leur recette pour avoir
rabattu le client. La pression touristique m'agace et j'envisage
de changer ma manière de voyager.
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11/06/2001 (Tanzanie) Dépenses
: 147 F - Distance parcourue : 120 km
Aujourd'hui,
j'adopte le vélo et me voici libre comme l'air. Je n'ai,
en guise de carte, qu'un vague croquis que j'ai fait avant de
partir et je prononce trop mal le nom des villages pour parvenir
à me faire comprendre mais je parviens à profiter
de cette ambiance plus authentique. Je découvre le Colobus
rouge, un grand singe qui ne vit qu'à Zanzibar. Je m'enfonce
dans la forêt. Le sol de l'île est constitué
de corail (photo). On marche dessus, il est érodé
mais ce sont des plateaux entiers qui se trouvent sous nos pieds.
Je tombe ensuite sur un petit paradis (voir photo) dont je profite
le temps d'une baignade. Le temps presse un peu maintenant car
la police interdit de rouler la nuit et le jour commence à
décliner. Je parviens finalement à l'hôtel,
épuisé, au coucher du soleil.
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12/06/2001 (Tanzanie) Dépenses
: 26 F - Distance parcourue : 80 km
Visite
à pied et sans plan de Zanzibar. Les ruines que je visite
au nord de la ville sont peu intéressantes. Je suis fiévreux,
sans doute le contrecoup de l'effort fourni hier. Je profite
des noix de coco fraîches, avec la chair qui est molle
et translucide à l'intérieur et qui se déguste
après avoir bu. J'ai le projet de prendre le bateau pour
Dar Es Salaam à 20 heures (l'arrivée est prévue
pour 6 heures du matin). Je tue les deux heures qui me séparent
du départ en allant dans un parc en bord de mer. Il y
règne une ambiance incroyable : vendeurs de souvenirs,
restaurants ambulants... Je discute de la terre, des guerres
et de la folie des hommes avec un vendeur de perle, Kushi. En
fait, c'est surtout lui qui parle et je lui offre mon écoute.
Nous passons un bon moment ensemble.
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13/06/2001 (Tanzanie) Dépenses
: 30 F - Distance parcourue : 574 km
J'ai
peu dormi. J'avais trouvé la veille un dortoir pour les
touristes : matelas et clim, tout quoi ! Mais la télévision
a fonctionné à plein jusqu'à minuit et
des râleurs ont pris la relève dans la rue. Il
est 6 heures et nous nous retrouvons tous dehors. Café
et nougats pour le petit dej, et j'attaque le stop. Libby m'emmène
jusqu'à Charlinze dans son Land Cruiser super mode et
climatisé. Elle est avocate et me donne un contact à
Moshi pour le Kilimanjaro. Je termine ensuite le voyage jusqu'à
Moshi avec Alex dans la benne d'un camion qui roule comme un
dingue. Le paysage est magnifique et le clou est l'arrivée
sur le Kilimanjaro au coucher du soleil. Les gens se sont montrés
adorables et je n'ai pas attendu plus de 20 minutes entre chaque
voiture. Dans Moshi, je trouve un hôtel où passer
la nuit pour 17 francs.
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14/06/2001 (Tanzanie) Dépenses
: 3 F - Distance parcourue : 0 km
Première
douche avec un seau d'eau froide depuis longtemps. Le petit
déjeuner est pris tous ensemble dans la rue, tout le
monde rigole. Café au lait dans un verre en plastique
et méga tartine. Je vais à la banque prendre contact
avec la personne dont m'a parlé Libby. Elle n'est pas
là mais on m'aiguille vers un type qui est manifestement
intéressé. Il nous donne les tarifs pour le Kilimanjaro
et les réserves : 25 $ US (175 francs) par jour et par
parc, 50 $ US pour dormir dans le parc, 25 $ US pour un guide
par jour, 20 $ par porteur... J'arrive à un total de
3290 francs pour 5 jours dans le Kilimanjaro. Je finis par signer
l'ascension du Kilimanjaro pour 600 francs de guide et 1400
francs de taxe gouvernementale du parc, non négociables,
le tout en 3 jours au lieu de 5 ou 6. On nous a dit que c'était
possible. Au moment de verser les 400 francs d'avance, je me
souviens de l'épisode de Zanzibar et j'exige un contrat.
Je suis accueilli chez mon guide pour la nuit, occasion de ressortir
la guitare et de passer une soirée agréable.
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15/06/2001(Tanzanie) Dépenses
: 683 F - Distance parcourue : 33 km
Le
petit-déjeuner se compose d'omelette, de papayes, de
toasts. Nous prenons ensuite un taxi qui nous fait gravir un
flanc de montagne. C'est très vert et cela monte sec.
Il y a des maisons le long de cette route et l'on ne peut s'empêcher
de se demander pourquoi ces habitants se sont installés
dans une pente pareille. On arrive à l'entrée
du parc national du Kilimanjaro. Une bonne centaine de porteurs
attendent du travail. Ils prennent environ 25 kilos de charge
qu'ils portent souvent sur la tête. Il fait gris et froid
(je suis obligé de porter la polaire et la gore tex).
Il est 9 heures et nous partons de 1970 mètres d'altitude
(Marangou gate). Nous montons dans une rain forest à
la Indiana Jones et atteignons après 3 heures de boue
Mandara (1er camp). Nous passons à côté
du cratère Maouni et nous arrivons sur un plateau, mais
dans les nuages. Après huit heures de marche, nous parvenons
à Horombo (3780 m) pour y passer la nuit. J'ai un petit
chalet prévu pour 4 pour moi tout seul. Le dîner
est copieux : riz, viande, papaye et thé. La nuit, je
n'ai pas de trop du duvet polaire en plus du classique pour
résister au froid.
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16/06/2001 (Tanzanie) Dépenses
: 683 F - Distance parcourue : 0 km
Photo
: Laboella tree Mawenzi
peak
Quatre heures
de marche pour arriver à Kibo, le dernier camp, situé
à 4750 m d'altitude. Le paysage est brun, avec quelques
herbes jaunes et des arbres en forme de chou-fleur doté
d'un tronc de palmier. Nous voyons le Mawenzi peak. Je commence
à avoir mal à la tête, premiers symptômes
du mal de l'altitude. Je suis inquiet car j'aimerais vraiment
aller au bout. Nous sommes au-dessus des nuages, c'est beau.
Il fait très froid et je me mets dans mon sac de couchage.
Patates, soupe, viande... je n'ai pas très faim et je
sombre dans le sommeil vers 18 heures. Mes tempes me harcèlent
constamment.
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17/06/2001 (Tanzanie) Dépenses
: 683 F - Distance parcourue : 33 km
Réveil
à 23 heures (le samedi !). Le nuit a été
très courte, j'ai passé mon temps à me
demander si mon corps allait me permettre de gagner le sommet...
Thé, gâteaux, mon guide me conseille de ne rien
manger d'autre. J'ai mal à la tête et j'ai peur.
Pour l'équipement : grosses chaussettes, tee-shirt, polo,
polaire, polaire 2, gore Tex, 2 bonnets, frontale, écharpe,
gants de haute montagne, pantalon de survêtement, pantalon
polaire, pantalon gore tex. On part les premiers pour éviter
les autres groupes et la frontale éclaire tout juste
devant les pieds. Saisi par le froid, je garde mes pieds dans
les pas de mon guide. Cela monte sec, mon coeur s'emballe, pourtant,
je marche à la vitesse d'une tortue. J'ai froid au torse
et je sens un début de chute de tension. Un thé
chaud me remet " à température ". J'ai
juste froid aux pieds maintenant. On monte comme des boeufs
depuis cinq heures, c'est abrutissant. On voit les lumières
de la frontière du Kenya (toute proche). La lune monte.
Je n'en peux plus, je suis à deux doigts de craquer.
A chaque fois, une pause me fait repartir mais elles multiplient.
A force, nous arrivons au Gillman's point à 5685 m. Il
fait presque jour et nous avons vue sur l'intérieur du
cratère. Mon guide est une vraie maman. Il observe chacun
de mes comportements pour voir si je suis OK. Motivés,
nous attaquons pour une heure encore et cette fois, dans la
neige le Uhuru pic, point culminant du Kilimanjaro. Nous longeons
le bord du cratère et arrivons à 7 heures à
5895 m. Nous prenons à peine le temps de prendre une
photo, signer le livre d'or avant de repartir car, comme dirait
l'autre, on a de la route... Les nuages cachent la vallée,
je ne me sens pas au mieux et ma migraine ne part pas. Quel
plaisir ? Je me le demande. Cette course me laisse un sentiment
mitigé. D'une part, une grande victoire, une grande émotion,
notre petitesse devant l'altitude et de l'autre, beaucoup d'argent,
un chemin bestial, une vue pas terrible, des migraines, une
sensation de baisse de tension, mal aux pieds. Après
17 heures de marche, j'arrive au portail du parc, les genoux
et les pieds défoncés. Je récupère
enfin chez Idrissa (c'est le nom de mon guide).
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18/06/2001 (Tanzanie) Dépenses
: 11 F - Distance parcourue : 269 km
Idrissa
me propose de partir avec lui en safari. Je décline la
proposition : mon budget aspire à un peu de repos et
aujourd'hui, je peux à peine marcher. Je pars tout de
même vers 12 h pour faire du stop sur la piste qui mène
au Ngonongono Crater. Si vous désirez contacter mon guide
: ikilabula@hotmail.com. Gabriel m'emmène à
Arusha. Il transporte des briques de lait et à chaque
contrôle de police, il s'en fait " taxer " deux.
Je monte ensuite à l'arrière d'un camion et je
parviens ainsi au poste de police où Peter, policier
très sympa, m'offre une banane et négocie pour
moi un trajet gratuit pour Karatu. Le paysage autour est fabuleux
(genre Out of Africa et Gorille dans la brume). Nous croisons
des babouins qui viennent resquiller dans les villages, des
autruches... Il est 18 heures et nous arrivons à Arusha.
Le portail est fermé et il n'est pas question de passer
car à partir de cet endroit, les animaux sont dangereux..
J'attends de voir si je peux " intercepter " un camion
officiel du parc avec Thomas, que je viens de rencontrer. A
côté, une bagarre éclate entre plusieurs
hommes. Le policier est débordé et M. Mongola
(ou vegetable dundee), propriétaire d'une plantation,
intervient (il ressemble tout à fait à Crocodile
Dundee). Il se dirige ensuite vers moi et je demande ce que
je fabrique ici. Il nous invite à boire un verre, et
dormir à la plantation. Je fais la rencontre de deux
américains qui ont fait le choix de s'installer ici,
sans électricité, sans courrier ni magasins avant
40 km de piste infernale. Ils se débrouillent...
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19/06/2001 (Kenya) Dépenses :
260 F - Distance parcourue : 100 km
Nous
partons tous ensemble (7 en tout) sur la piste qui mène
au Crater. Je discute beaucoup avec Mary Margaret (l'américaine
rencontrée hier). Nous avons beaucoup de points en commun
: goût pour la planche à voile, auto-stop, plongée,
intérêt pour l'alimentation végétarienne,
divorcée, elle a lu tous les livres qui parlent de voyages.
Passé le portail pour 175 francs la journée (800
francs normalement), on monte directement sur le flanc du cratère
pour découvrir, dans le froid glacial, deux lacs intérieurs.
Nous redescendons ensuite et l'air se réchauffe. Des
zèbres et des gnous nous accueillent, les antilopes et
les oiseaux secrétaires nous observent. Des hyènes
tournent autour de nous. Sur le lac, des grues, des spatules,
des milliers de flamants roses cohabitent. Dans l'après-midi,
nous croisons deux éléphants, des guépards
qui dorment et un lion entouré de six femelles. Il n'y
a pas trop de monde la saison venant tout juste de commencer.
Nous quittons cette arche de Noé vers 18 heures avec
beaucoup d'émotion devant le spectacle de cette vie sauvage
et paisible et ces couleurs sous le soleil. A Karatu, je continue
le stop et je tombe sur Kokar et Adial. Ils vont à Arusha
chercher des touristes et acceptent de m'emmener. Finalement,
ils changent d'avis à Mto Wa Mbu et veulent rebrousser
chemin. Je sens l'ambiance plutôt glauque et mes "
amis " m'inspirent de moins en moins confiance. Finalement,
je prends une chambre à l'hôtel et je les largue
là.
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20/06/2001 (Tanzanie) Dépenses
: 20 F - Distance parcourue : 238 km
Adial
me réveille en frappant à ma porte. Ils ont finalement
dormi dans le même hôtel et acceptent de me conduire
jusqu'à Arusha. De là, j'en profite pour me connecter,
prendre des nouvelles et envoyer les photos. Je reste 1 h 30
mais je bénéficie d'un tarif particulier (4 F
!) car je donne un coup de main à la personne qui tient
le cybercafé en l'aidant à résoudre un
problème informatique. Je repars en direction de Namanga
et Charlie (un français, c'est plutôt rare depuis
le début de mon voyage) me dépose à quelques
k ilomètres de la frontière (il me dit qu'il vaut
mieux éviter de dormir après le passage de la
frontière). Mon cadeau du jour, c'est d'avoir vu deux
girafes ce matin. Il n'y en a pas au Ngonongono et je pensais
que j'allais quitter les réserves sans en avoir aperçu.
J'installe ma tente et je prends soin de tout bien fermer car,
toujours selon Charlie, le coin est fréquenté
par les hyènes et elles vous mangent le visage pendant
que vous dormez.
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21/06/2001 (Kenya) Dépenses :
25 F - Distance parcourue : 20 km
Cette
nuit que je viens de passer au milieu des oiseaux, insectes
et bêtes sauvages restera un bonheur ancré dans
ma mémoire. Corn flakes et pain pour le petit-déjeuner,
je n'ai plus de thé, ni de café. Je rejoins la
route, le soleil me donne la direction. Je regarde l'heure avec
le soleil depuis un mois environ. Je n'ai pas de montre, cela
m'aurait trop rappelé la civilisation moderne et je souhaitais
faire un break d'un an différent de mon quotidien européen.
Passé la frontière, je me dirige vers Amboseli.
Le stop fonctionne mal car il ne passe que des véhicules
de compagnies touristiques et je suppose que cela ferait désordre
de prendre un auto-stoppeur devant la clientèle. Je parviens
à me faire emmener dans un camp par les rangers. Là,
on pose les fusils, je plante la tente et nous mangeons l'Ugali
(maïs pilé + eau bouillante, ce qui fait une part
de cake que l'on mange avec une sauce à l'oignon avec
les tripes de chèvres). Nous sommes tous autour du feu
: la vie primitive.
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22/06/2001 (Kenya) Dépenses :
189 F - Distance parcourue : 80 km
Réveil
avec les oiseaux, le ciel est voilé comme chaque matin
en Tanzanie. Je décide de rester un peu avec les rangers,
pour profiter de cette brousse encore un peu. Nous partons,
Samuel et moi, pour découvrir les environs. Nous parvenons
jusqu'à un village : une seule famille vit ici, il n'y
a pas de puits et l'eau est à 100 mètres. Je passe
la nuit chez Samuel dans le camp des rangers.
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23/06/2001 (Kenya) Dépenses :
15 F - Distance parcourue : 50 km
Petits
soucis de santé aujourd'hui : les ongles de mes orteils
sont prêts à se décoller, petit souvenir
du Kilimanjaro. Je tente le stop à l'entrée du
portail pour pouvoir voir les animaux et finalement un camion
de fruits me fait passer vers Amboseli Lodge, au milieu du parc.
On va mettre la journée complète, à passer
à proximité des animaux sauvages, souvent obligés
de pousser le camion, pour arriver à Kimana (6 km du
portail !). Je trouve une chambre pour 15 francs et je sombre,
quelque part dans le noir, tout à côté du
Kilimanjaro.
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24/06/2001 (Kenya) Dépenses :
7 F - Distance parcourue : 30 km
Réveil
grand luxe : douche chaude, savon, petit déjeuner avec
du pain... Ensuite, retour sur la route. John s'arrête
et je me retrouve dans un camion qui a bien vécu. Devant,
ils sont quatre sur la banquette. Par contre, ensuite, c'est
le calme plat. La piste que je dois emprunter fait pitié
à voir. Je n'ai rien à perdre alors j'y vais quand
même. Nous sommes plusieurs à marcher et aucune
voiture ne vient perturber la cadence. Finalement, une moto
passe et s'arrête. Ils sont déjà deux sur
l'engin mais Tom me sent fatigué et il me propose de
me faire une place. Il nous conduit jusqu'à sa plantation.
Il fait des études d'agriculture et emploie 6 personnes.
Il me propose l'hospitalité et juste avant de dormir,
il y eu les cris des fermiers qui tentaient d'effrayer les éléphants
qui s'approchaient, menaçant les plantations. Demain,
j'accompagne Tom qui va vendre ses tomates à Mombassa
vers 15 heures. Je suis heureux car je vais pouvoir photographier
"Babar" pour mes filles.
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25/06/2001 (Kenya) Dépenses :
2 F - Distance parcourue : 306 km
Tout
le monde s'active pour préparer le chargement (350 caisses
de tomates destinées à être vendues 60 francs
pièce sur le marché de Mombassa). Nous déjeunons
(une patte de chèvre grillée sur des roseaux)
et l'attente commence. Le départ a lieu vers 18 heures,
je suis perché sur le haut du chargement, à 5
mètres du sol. Nous entrons dans le parc de Stavo à
la nuit tombée. Nous n'avons toujours pas croisé
d'éléphants. Je m'endors, malgré les bonds
que fait le camion, sous une bâche qui nous protège
(le chargement et moi) de la pluie.
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26/06/2001 (Kenya) Dépenses 62
F - Distance parcourue : 151 km
Des
hommes grimpent sur le camion. Il est 5 heures. Il fait nuit
et je me réveille dans cette agitation. Nous sommes sur
le marché de Mombasa. Je plie mon duvet en vitesse car
ils commencent à décharger les caisses de tomates.
Je vais donc dans la cabine du camion et j’attends qu’il fasse
jour et que je sois bien réveillé pour tenter
une sortie dans la foule. Les caisses sont alignées en
fonction des qualités et des calibres de tomates. Des
hommes perchés sur les caisses inspectent, crient… Ca
grouille, une vraie fourmilière. En fait c’est Rungis,
couleur Mombasa. Je sors. Il y a des bananes, des ananas. Tout
traîne dans la boue car il a plu cette nuit. Sortant du
marché, les Matatu roulent dans dix centimètres
d’eau. Il n’y a pas d’écoulement. J’ai les pieds dans
la boue. Je prends avec Tom un matatu pour le centre ville.
Il a l’habitude de prendre une douche et de dormir un peu dans
un petit hôtel. Le petit déjeuner en terrasse avec
vue sur la ville nous remet les idées en place. Comme
je souhaite visiter un temple indien proche de l’hôtel,
Tom décide de ne pas dormir et de m’accompagner. J’envoie
mon journal par la poste ( 16 francs ) en précisant qu’il
doit être expédié par avion et pas à
dos de dromadaire. Nous passons devant une jolie mosquée
(voir photo). Mombasa est une ville plutôt moche
mais animée. Subsistent des maisons coloniales d’assez
mauvais goût. Je ne sais pas si Tom veut faire du zèle
mais comme je lui dit que je veux voir la mer il joue grand
seigneur et hèle un taxi qui nous conduit à une
plage superbe. En route il me propose de visiter la ferme aux
crocodiles. Comme j’hésite à dépenser 45
F pour voir encore ces sauriens, il veut même payer mon
entrée. En réalité c’est la première
fois qu’il en voit et il passe un temps fou devant les bassins.
La ferme vend aussi leur chair aux restaurants locaux (70 F
le Kilo). Ce sont des crocodiles du Nil. Nous terminons la visite
en saluant Big Daddy, âgé de 80 ans est qui est
la coqueluche de la ferme. L’hôtel met à disposition
des tongues, seules chaussures permettant de marcher à
l’aise. Tom veut me faire plaisir et commande un Tilapia, énorme
poisson ressemblant à une carpe qui vient du lac Victoria
et qui est servi avec une purée de haricots blancs et
verts. William, le propriétaire du camion m’offre une
Tusker, bière du Kenya dont la bouteille est ornée
d’une tête d’éléphant noire. Je souhaite
repartir avec le camion le plus rapidement possible pour Voi
et visiter la réserve de Tsavo, mais Tom doit discuter
avec le Broker et récupérer l’argent de la vente
de ses légumes. Ca dure deux heures. Il pleut et
il est trop tard pour la réserve. La journée a
été mauvaise pour les tomates, vendues seulement
25 F par caisse. Encore trente minutes pour prendre du gaz oïl
et nous repartons. La route est lamentable. Arrivée à
Voi vers 21 h. Je décide de quitter mes amis prés
d’une station service pour poursuivre ma route vers Nairobi
le lendemain. Ils sont un peu effarés de me voir partir
à la frontale « au milieu des lions ». En
fait je suis à dix mètres d’une habitation. Nuit
magnifique dans un paysage d’Afrique sauvage. Pâtes sans
sel au dîner mais pas de fauves en vue.
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27/06/2001 (Kenya) Dépenses 17
F - Distance parcourue : 334 km
Fabuleux
réveil au soleil levant. Toasts, margarine, crème
de cacahuètes et corn flakes. J’attaque la route avec
la furieuse envie de choisir une voiture de préférence
à un camion. Je ne montre ma pancarte qu’aux voitures
de passage en me plaçant près d’un chantier qui
ralentit leur vitesse. Des ouvriers injurient les voitures qui
ne s’arrêtent pas et veulent m’offrir le thé mais
je décline leur offre en raison de la route qui me reste
à faire. Kioko s’arrête après dix minutes
d’attente et veut monnayer mon passage. Malgré mon refus,
il me prend quand même. Il roule vite car il a 600 Km
à faire pour se rendre à la cérémonie
de remise de son diplôme de fin d’études de comptable.
Nous longeons la réserve de Tsavo et croisons des antilopes
et une hyène écrasée sur la route. Le paysage
de brousse et de montagnes rouges est magnifique. Je lis les
nouvelles locales avec de graves accidents de Matatu (9 morts)et
de camion (26 morts). Nous passons devant des fabriques de briques.
Arrivé à Nairobi, Kioko me dépose devant
Wilson Airport. J’ai décidé selon les conseils
de Joe, rencontré en Cote d’Ivoire, de tenter le stop
aérien avec les petits avions nombreux dans cette région.
Je démarche toutes les compagnies aériennes, les
organisations d’aide aux réfugiés, les avions
qui livrent le Word food program, rien à faire. Je dois
renoncer et retourne en ville chez DHL ou Joe m’avait assuré
que je trouverais par Wayne une place dans l’avion de DHL pour
Addis Abeba. En réalité il n’y a pas d’avion.
Wayne me dépose à l’Holliday Inn ou je rencontre
Harry, responsable des transports pour le Show TV « Survivor
» qui tourne actuellement à la réserve Shaba
qui se trouve sur ma route pour l’Ethiopie. Survivor est
un jeu télé sauvage ou on lâche des volontaires
dans la nature pour voir comment ils s’en sortent avec
élimination d’un candidat par semaine. Harry est d’accord
pour me conduire jusqu’à Isiolo et un rendez vous est
pris pour le lendemain 9 H. Il me reste à trouver un
gîte dans cette ville dangereuse, surnommée Nairobery
et comme les hôtels sont chers je décide de tenter
une première en demandant à des particuliers si
je peux mettre ma tente dans leur jardin. Je demande à
Jerry, qui est tout de suite d’accord car c’est un ancien
routard. Son épouse Elisabeth m’invite dans sa maison
et au restaurant libanais : Nous discutons voyage : Eux
aussi ont fait la route Isiolo Moyale en convoi. Ils travaillent
tous les deux pour l’organisme « Habitat for humanity
» (voir les sites Internet http://www.hfhkenya.or.ke et hfhkenya@hfhkenya.or.ke ) qui construit des maisons pour
les pauvres. Jerry m’explique que les organisations humanitaires
recherchent de préférence de l’argent à
des volontaires étrangers. En effet la main d’œuvre locale
est si peu chère que c’est vraiment l’argent qui leur
est nécessaire.
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28/06/2001(Kenya) Dépenses 35
F - Distance parcourue : 0 km
Je
suis réveillé par les deux oiseaux de Jerry et
Elisabeth. Ces deux volatiles sont perchés dans un labyrinthe
de branches disposées dans leur chambre avec une toile
plastique pour protéger le parquet de leur fiente. Jerry
m’explique que les bûches de bois accrochées dans
les arbres en Tanzanie et au Kenya sont creuses et servent d’abri
aux ruches exploitées par l’homme. Mon rendez-vous de
9h est reporté de deux heures ce qui me permet de visiter
rapidement le musée national. A 11 h il y a trop de monde
dans le camion et un autre rendez vous est fixé pour
le lendemain à 9h. Je suis content car cela va me permettre
de passer une seconde soirée avec mes amis et de retourner
au musée pour une visite plus complète. Ce musée
est passionnant avec les découvertes de Doris et Mary
Deaky dans la Rift Valley, cette cassure qui va de le l’Ethiopie
au Mozambique sur 3500 km et qui est du aux mouvement des plaques
tectoniques il y a 70 millions d’années et très
riche en fossiles. Le musée est également très
riche sur l’histoire des bijoux Massaï et les rites de
l’initiation ainsi que sur les origines de la population indienne
et son rôle économique, notamment dans la construction
des 931 Km de la ligne de chemin de fer Monbasa-Kisumu au début
du siècle. Mais, assez de culture pour le moment, je
développerai toute la richesse de cette visite à
mon retour. Je rentre chez mes amis pour découvrir une
inscription dans le bureau d’Elisabeth « Usipojiba ufa
utajenga ukuta » qui veut dire « si vous ne
réparer pas les fissures à temps vous réparerez
le mur entier » et qui me rappelle une histoire personnelle.
Je profite de l’accès au net pour traiter mes mails.
Jerry nous invite ensuite à dîner au Java House,
un restau branché de style américain.
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29/06/2001 (Kenya) Dépenses 3
F - Distance parcourue : 239 km
Le
rendez-vous avec Hans a tenu. Je pars en direction d’Isiolo
avec deux jeunes kenyans, d’origine anglaise ( leurs grands-parents
s’étant installés dans le pays) de l’équipe
de Survivor. Ils vont passer sept semaines la bas. Paul
conduit l’énorme camion aménagé pour les
safaris et connaît bien le responsable de l’escorte armée
qui accompagne le convoi qui va partir sur Moyale, ville frontière
entre Ethiopie et Kenya. La route est belle. C’est tout vert
et il fait froid car nous contournons à bonne altitude
le mont Kenya par la gauche. L’arrivée sur Isiolo est
fabuleuse car les nuages laissent la place au soleil et la nature
prend des couleurs champs de paille et monts volcaniques verts.
Paul me conduit au chef de l’escorte qui m’établit
aussitôt un laisser passer et m’introduit au camp du poste
de contrôle pour la nuit. Après le repas, une mangouste
d’un bon mètre de long passe tranquillement dans la faisceau
de ma frontale.
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30/06/2001 (Kenya) Dépenses 30
F - Distance parcourue : 260 km
J’ai
mal dormi cette nuit, peut être dans la crainte d’une
attaque du convoi qui m’attend… En plus, un arceau de ma tente
est cassé et je ne sais trop comment le réparer.
Le confort du camp est très sommaire. Juste le temps
de remercier les militaires, de faire une photo des marabouts
qui se régalent dans la décharge voisine et
le convoi de six camions part à 6 h du matin avec
un militaire dans chaque véhicule. Je suis à l’arrière
d’un des engins, assis sur des fûts d’huile de 200 l,
en compagnie d’une vingtaine d’autres infortunés. Nous
sommes partis pour 260 Km de piste en tôle ondulée
pour toute une longue journée. En revanche le spectacle
est au bord de la route. Les femmes Massaï avec leurs collerettes
de colliers de perles qui pèsent sur leurs seins nus
: ca doit être hyper lourd et inconfortable. Les hommes,
avec leurs cheveux teints en rouge et leur plumes et leur pagne
rose ressemblent vraiment à des indiens. On se
sent vraiment au bout du monde.. Beaucoup de petites antilopes,
de perdrix et, vers 17h, en cadeau des dieux, 3 girafes et 2
éléphants. Ces derniers sont assez proches pour
tenter une photo. Nous quittons la plaine désertique,
jaune sable et pierres rouges, pour un paysage d’Auvergne, revue
façon Tarzan. Arrivés à Isiolo mon chauffeur
John m’annonce qu’il ne peut pas m’emmener demain car il va
au garage. Il va me falloir trouver un autre véhicule
pour demain. Il fait déjà nuit et je suis
à 5 km du poste de contrôle où je serai
en sécurité. Je préfère prendre
une chambre d’ hôtel à 15F à coté
des camions.
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