DECEMBRE 2001 Indonésie Australie

 

01/12/2001 (Indonésie) Dépenses : 55 F - Distance parcourue : 225 km

Je suis réveillé par un vendeur de fleurs (ici, les gens jettent des poules, des fruits, des fleurs dans la gueule du volcan pour la fête du Kosodo).Je prends un lait chaud et des toast installé au bord du gouffre, avec vue sur ce bassin volcanique. Une bruine acide tombe constamment et je reprends le stop pour Bondowoso. J'arrive au pied du volcan Kawah Ijen vers 16 heures. Je m'installe pour la nuit sous le toit d'une baraque, au plancher sur pilotis détruit, mais qui protège de la pluie. Je me couche avec la nuit... " Voir les problèmes avec recul, sous un angle différent, dégager les opportunités qu'ils nous donnent " dit le Dalaï Lama. Ça, pour prendre du recul et voir les choses sous un autre angle, c'est ce que m'apporte le voyage, on relativise bigrement... " Quand on aime les gens, on les voit avec 100% de qualités, quand on ne les aime pas, on les voit avec 100% de défauts, mais ce n'est pas la réalité " Mais voilà, on va toujours au moindre effort.



02/12/2001 (Indonésie) Dépenses : 81 F - Distance parcourue : 234 km

Mes affaires ne sont pas sèches quand je me réveille vers 5 heures mais j'attaque la montée du volcan avec mon sac et 5 litres d'eau car j'aimerais éventuellement bivouaquer en haut et rester deux ou trois jours autour des volcans. En haut, des traces de lave solidifiée qui descendent vers le lac vert qui se trouve dans le cratère. Tout en bas, des hommes vont chercher des blocs de souffre à l'endroit où sort une énorme fumée blanche. Comme il n'y a pas vraiment de chemin autour des volcans, je décide finalement de rentrer sur Bali. Pas de chance, il y a très peu de circulation sur la route qui part dans la jungle alors je marche 17 km, la plupart du temps sous la pluie (dur, dur pour le moral...). Je fais une halte dans une cabane d'observation (à 5 mètres du sol) pour faire du riz et me poser un peu. 3 bémos, un bac pour passer sur Bali et le bus pour Dempasar. Le paysage est magnifique, les rizières donnent sur la mer. Les maisons sont de style indien-chinois et possèdent chacune un grand carré de jardin fermé par des murs et qui leur sert de lieu de culte (il y a des autels pour les divinités). Arrivé à Kuta, je trouve une ambiance qui ne me plaît pas, tourisme riche, aucune chambre en dessous de 50 francs, tout un tas de gens qui cherchent à te faire payer... J'atterris dans une ruelle pourrie, remplie d'eau et je négocie une chambre pour 32 francs. Je lave et j'étends toutes mes affaires qui sentent le bouc (ça c'est moi...) et le soufre (la faute aux volcans...). Je m'écroule enfin vers 22 heures.

 

03/12/2001 (Indonésie) Dépenses : 359 F - Distance parcourue : 0 km

Lait, toasts, confiture et départ vers 8 heures pour dénicher le billet d'avion du siècle pour Darwin. Je passe les détails car je ne l'ai trouvé que vers 16 heures, dans une petite agence gérée par un balinais super gentil qui était malheureux que je n'aime pas Kuta et ses profiteurs de touristes. C'est cher (2000 francs) et je règle en travellers. C'était bondé pour Darwin et je dévie l'itinéraire vers Perth. Je poste ensuite le cadeau de Noël pour mes filles. Je suis assis dans la rue, " attablé " devant une soupe chinoise (3 francs) entrain d'observer les touristes qui se rendent dans des restaurants chics. Je me déplace exclusivement en bémo et rechigne sur les 5 francs demandés (c'est le tarif " gueule de touriste ") pour parvenir à un accord sur 1 ou 2 francs. Je trouve à échanger mes guides de voyages contre un guide de l'Australie, je reprends le stop (je tombe sur des balinais très gentils...) et je suis amené à traîner mes guêtres (pour le billet d'avion) dans le Beach Hotel Club de Kuta... Internet qui rame et me voici obligé de programmer de revenir le lendemain pour finir d'envoyer mes photos (en s'éloignant de 5 km de Kuta, on ne paye que 6 francs/l'heure, contre 30 francs, tarif pratiqué dans le temple du tourisme...). Riz et au lit...

 

04/12/2001 (Indonésie) Dépenses : 59 F - Distance parcourue : 0 km

Décision du jour : prendre du temps pour moi. Je commence par du yoga, une très longue méditation et je vais m'échouer sous le soleil sur la plage de Kuta. Là, quelques surfeurs et des femmes qui viennent déposer des petites barquettes remplies d'offrandes sur le sable (gâteaux, fleurs, encens...). Du bout des doigts de la main droite, elles laissent partir au vent de pétales de fleurs dans un mouvement lent de haut en bas, les yeux fermés, concentrées. J'achète ensuite pour 20 francs le dictionnaire des citations françaises pour me donner matière à réfléchir pendant les transports. Un riz épicé en guise de déjeuner, Internet, puis bémo pour l'aéroport. Je trompe l'attente (5 heures) en jouant de la guitare et en lisant. Il est 22 heures 30 quand j'embarque sur Garundi Airline et il m'est impossible de fermer l'oeil tant je suis excité par la perspective d'arriver sur un nouveau continent.

 

05/12/2001 (Australie) Dépenses : 8 F - Distance parcourue : 835 km

J'arrive à 2 heures 30 du matin à Perth. A la frontière, je déballe tout le sac, on me confisque le lait en poudre, on me nettoie les chaussures, on me fait retirer le tissu qui entoure le bidon d'eau (et le garde au frais !) car le douanier y a vu des fourmis. On me confisque également mes bananes (je n'ai même pas le droit de les manger sur place) car il y a de la moisissure sur le pied du régime ("They are deasided !", qu'il a dit le douanier...). À part cela, je dors deux heures sur un banc de l'aéroport avant d'attaquer le stop. Un Australien qui me voit marcher sur la route s'arrête spontanément, recule et se propose de m'emmener alors que je ne faisais pas encore de stop, cela commence bien ! Je me trompe de route et je dois attendre une bonne heure dans le gris et le froid avant que Chris ne me sorte de là... Je fais une pause dans une station-service (8 francs le pain...) et je mange un peu. Mijel  a vu ma pancarte posée sur le sac pendant qu'il faisait le plein d'essence et me propose de m'emmener sur 150 km. Puis André, guitariste, prend le relais et me conduit jusqu'à Kalgoorlie. Je finis avec un camionneur à la nuit. Sur la route, des " road train " (camions qui tractent 4 remorques) très dangereux car la dernière remorque zigzague sur les côtés, des dizaines de kangourous et d'émeus (comme les autruches) écrasés... Je plante la tente à Leonora, sur des cailloux rouges et dévore des pâtes devant un coucher de soleil magnifique.

06/12/2001 (Australie) Dépenses : 128 F - Distance parcourue : 215 km

Levé à 7 heures, je commence directement le stop sur cette route rouge et désertique (je n'ai rien pour le petit-déjeuner...). Deux heures plus tard, la boutique de cette petite ville de cow-boys ouvre et j'achète, tout à fait affamé, des spaghettis, du lait, du pain, du muesli et des boîtes en plastique (celle du Yémen n'en peuvent plus d'exister), le tout pour 128 francs, on est loin des prix de l'Indonésie. Petit-déjeuner bien mérité sur le bord de la route bien mérité. Il se passe encore deux heures avant qu'Arthur (tour du mondiste aussi) m'emmène à Laverton. J'ai donc eu le temps de voir cette ville s'éveiller et prendre vie petit à petit. Il y a beaucoup d'aborigènes qui traîne et l'on me dit que c'est parce que c'est le jour où le gouvernement les paye. Je me suis mis dans la tête de ne pas prendre l'autoroute du Sud vers Adélaïde (trop facile) mais plutôt de tenter de " couper " tout droit pour gagner plus ou moins directement Ayers Rock, soit parcourir les 1496 km de piste, " the great central " qui traverse le désert. " Soyons dingues " a dit Cyril... Me voici donc en plein soleil, sur une route où personne ne passe. Je me construits une bricole avec des branchages censés me fournir un peu d'ombre et j'attends. Jim me fait parcourir 100 km jusqu'à Cosmo Newberry, un bled au milieu d'une grande réserve aborigène. Ils ont vraiment un allure préhistorique, quelle gueule ! J'en profite pour prendre une douche, laver mes fringues et faire le plein d'eau dans ce qui a dû être un camping (mais alors il y a très longtemps !). Je reprends le stop, mais personne ne passera plus. Pendant que je joue de la guitare (il faut bien passer le temps) un serpent d'un mètre, noir et jaune fonce sur moi en venant de la route. Je sursaute, on m'a dit que l'endroit est plein de serpents venimeux. Celui-ci dresse la tête plusieurs fois. Je prends une photo avant de me carapater... Feu de bois, riz et campement dans le désert, sous les étoiles...

 

07/12/2001 (Australie) Dépenses : 8 F - Distance parcourue : 1251 km

Après deux heures d'attente sur le bord de la route, je me pose pas mal de questions sur ma décision. Je n'ai pas assez d'eau pour marcher...Alors j'attends et je lis dans mon dico " tout vient à point à qui sait attendre " (autant dire que cela me laisse pensif !). Six chevaux sauvages s'approchent, ils hésitent, ont peur et c'est un spectacle inoubliable dans cette nature qui s'éveille. J'écoute les oiseaux, je respire un moment. Il faut profiter du moment avant que le soleil ne brûle. Les mouches m'assaillent et je me mets à faire des gestes désordonnés pour les chasser, peine perdue mais Mick  passe à ce moment et s'arrête. Il m'embarque dans son 4X4 et nous voici partis pour 1251 km (nous arriverons à Ayers à 22 heures !). Nous percutons un émeu qui s'est précipité sur la voiture et croisons des serpents, des iguanes (1 m), des perroquets au ventre rose, des souris, des grenouilles des lapins et des dromadaires. Les stations-service ont cadenassé les pompes à essence car les aborigènes se servaient pour sniffer du bonheur momentané... Je suis crevé, je sers de co-pilote, la piste, fermée hier, est trempée. On passe des étendues d'eau, de la boue sur le pare brise et les phares à 120 km/h... Aucun doute, cela laisse des émotions, plusieurs chassés, des sauts, le pare-chocs casse les branches. J'arrive à bon port, grisé par la poussière du désert, j'ai mon compte d'aventure et je n'aspire qu'au repos. À l'intersection Kata Tjuta et Ayers, je me retrouve dans la nuit et je plante la tente sur le bord de la route, malgré l'interdiction du parc National. Juste le temps d'avaler quelques pâtes et je m'écroule.

 

08/12/2001 (Australie) Dépenses : 0 F - Distance parcourue : 30 km

Je ne traîne pas, vu que je n'ai pas le droit de camper et j'attaque la marche sur 3 km, le chemin file entre deux pains de sucre rouges couverts par d'épais nuages (Kata Tjuta). Encore 3 km et je rejoins le début du chemin de Valley of the Winds qui serpente lui aussi au milieu de ces blocs de pierre de sable rouge (genre " les Indiens attaquent " dans les westerns). On n'est pas autorisé à sortir de la route, le site appartenant aux aborigènes et étant un lieu sacré. Je tombe sur un militaire qui me fait parcourir les 30 km qui me séparent d'Ayers Rock. Je choisis comme endroit de bivouac le site panoramique, en face du géant rouge qui se dresse en face de moi. Je n'ai pas suffisamment d'eau et des personnes sur le parking me fournissent de quoi passer la nuit ici. Je gamberge un peu sur l'amende de 1600 francs infligée à ceux qui passent la nuit autour du Rock. En effet, la voiture des rangers passe en trombe, les phares balayent la nuit, mais ils n'aperçoivent pas ma tente qui est un peu en retrait. Je peux donc dormir tranquille...

09/12/2001 (Australie) Dépenses : 68 F - Distance parcourue : 15 km

Il est 5 heures et le ciel n'en finit pas de pleuvoir sur la tente. Je me décide à sortir quand je sens que le duvet se transforme littéralement en éponge. Il fait encore nuit et je me demande bien ce que je fous là, dans cette galère de réveil humide. Je commence à marcher et comble, un ranger me prend en stop. Hum... Je n'ai pas payé l'entrée du parc et j'y ai dormi... Mais il ne cherche pas d'histoire et omet de me demander mon ticket. Je suis trempé et je laisse mon sac au Cultural Center, fermement décidé de faire le tour du parc malgré la pluie. Des cascades d'eau déferlent du sommet du géant, je patauge avec de l'eau jusqu'aux genoux, c'est un brin surréaliste. Accompagné par un concert de grenouilles, je découvre Ayers sous un autre angle, méandres de grottes, trous, peinture aborigènes. Les lieux sont sacrés, les Anangues expliquent qu'en voyageant, leurs ancêtres ont créé les espèces vivantes, les paysages, la nature, les rochers (dont Ayers fait partie). Ils ne souhaitent d'ailleurs pas que l'on monte sur ce dernier. Ils ont une loi (Tjukurpa) qui dicte la manière de prendre soin les uns des autres et de la terre, support de l'existence de chacun. Cette loi est orale et certains sont chargés de la transmettre. Au Cultural Center, un film présente une aborigène (grosse, la tête rentrée dans les épaules, noire, les cheveux en bataille, de gros seins qui pendent au nombril) qui danse et foule la terre rouge, retour à l'âge du commencement, des origines lointaines. Je reprends le stop pour rejoindre une sorte de réserve dédiée aux hôtels. C'est cher, mais je suis trempé et il n'y a rien d'autre à des kilomètres. Je déniche tout de même un camping, je m'occupe de faire sécher mes affaires dans l'abri qui sert de cuisine, puis de prendre une douche. Je dîne en compagnie d'un jeune couple d'anglais qui ont aussi choisi de voyager pendant un an. Ils ne semblent pas désirer s'intégrer aux locaux et ne me répondent pas quand je leur demande s'ils ont changé durant leur voyage...

 

10/12/2001 (Australie) Dépenses : 24 F - Distance parcourue : 446 km

J'ai passé une nuit agréable sur un banc et je me réveille de bonne humeur. Les Allemands qui m'avaient hier proposé un stop pour Adélaïde m'ont apparemment laissé tomber. Stephen, un cow-boy genre ZZ Top (barbe identique) qui travaille avec les aborigènes pour développer leur art, m'emmène en 4X4 à Erldunda qui se trouve sur ma carte mais qui s'avère être seulement un carrefour avec une station-service (dont on me vire 15 minutes plus tard, le stop, il paraît que c'est seulement sur la route). Pas de trafic et je patiente trois heures avant que deux australiens à l'air un peu glauque me transportent jusqu'à Alice Sprins (terminus pour aujourd'hui). Encore deux heures dans une station-service, moral dans les chaussettes. Un aborigène me dit " I thank you to ask me this " quand je lui demande s'il peut m'emmener et j'en déduis que les blancs, ici, ne doivent pas les aimer beaucoup... Une aborigène me hèle " my friend ! " , elle est bourrée, comme beaucoup ici. Je finis par aviser le camping et je me pose afin de prendre une douche et installer la tente (24 francs). Un homme vient me tenir compagnie. Il a travaillé à Ayers Rock pendant trois semaines, à raison de 18 heures par jour pour conduire les touristes et son patron ne l'a pas payé. Il est guitariste et s'apprête à faire la manche (cela lui rapporte environ 200 francs par jour). Il a deux enfants qu'il n'a pas vus depuis 18 ans, on partage un moment de musique et d'histoires de voyages. Il a écrit des chansons. Je passe un bon moment après cette journée de stop difficile...

 

11/12/2001 (Australie) Dépenses : 80 F - Distance parcourue : 1082 km

Je débute la journée par du yoga. Cela faisait longtemps et j'en ai besoin ! J'avale du lait et des céréales et je commence le stop. Il ne s'écoule que cinq minutes avant qu'Owen ne s'arrête. Il porte un chapeau de cow-boy et travaille dans un ranch. Il me raconte qu'ils utilisent l'hélicoptère pour rassembler les vaches, la propriété s'étendant sur 3000 km2. Il y a peu de trafic sur cette route qui est pourtant un axe principal. Je vois mon premier dingo (vivant), des termitières rouges, pas mal de rapaces. On passe devant Devil Marbles, des pierres rondes que les aborigènes considèrent comme des oeufs laissés par un serpent arc-en-ciel. J'achète de bananes monstrueuses pour le déjeuner. On termine tard et fatigués sous un coucher de soleil somptueux. Feu de bois, céréales, on dort à même le sol (malgré le scorpion que l'on vient de voir près du feu) sous les étoiles.


12/12/2001 (Australie) Dépenses : 0 F - Distance parcourue : 857 km

On se réveille en même temps que le soleil, avant les grenouilles mais en même temps que les mouches. Owen fait griller des toasts sur le feu de bois, margarine et confiture, le petit dej est prêt. Ensuite, c'est route, route et route. Ici, on salue les voitures que l'on croise. Nous arrivons enfin à Charters Towers et Owen me dépose devant une petite église blanche et bleue dans laquelle je compte passer la nuit...

13/12/2001 (Australie) Dépenses :  0 F - Distance parcourue : 479 km

Yoga, céréales et lait et c'est reparti pour une petite marche afin de gagner la sortie de la ville. Comme il va pleuvoir, Speedy, un fermier dans sa grosse caisse totalement pourrie, bombe comme un fou en direction de Cairns. Il me laisse un peu avant. Je trouve ensuite Steven, puis Leon qui me permettent de finir mon trajet à Cairns. Là, je réserve 3 jours de plongée sur la grande barrière de corail en comptant sur une amélioration du temps (1800F). Je cherche, par la même occasion, un billet d'avion pour l'Amérique du Sud et je trouve pour le même prix un billet Sydney / Nouvelle-Zélande (arrêt pendant une semaine) / Buenos Aires (durée de l'arrêt non encore bien définie) / Caracas / Londres / Paris pour le même prix (le tout me coûte 6616 F). Je suis ravi car mon budget " avion " que je pensais exploser va finir à 15 156 francs et mes proches seront contents car j'arriverai le 6 avril au lieu du 7 prévu. Il est 21 heures, je n'ai pas mangé de la journée, je trouve une terrasse abritée de la pluie dans une école pour la nuit. Pâtes et repos bien mérité.

 

14/12/2001 (Australie) Dépenses : 643 F - Distance parcourue : 0 km

5 heures et un gardien tourne déjà dans l'école, alors je m'échappe discrètement. Je trouve une papaye sur le marché, mais il est encore un peu tôt pour le pain. J'attends le bateau, il pleut. On embarque et je commence par voir un dauphin qui saute en faisant un tour complet sur lui-même... Nous sommes une quinzaine en tout, la cabine frôle le grand luxe et pour plonger, tu as juste à enfiler ton bloc et à sauter. Les vacances, quoi... Première plongée, nous sommes deux, l'eau est bleu turquoise, il y a beaucoup de coraux morts, mais de jolies pièces survivent tout de même : platiers, acroporas violets, blancs, roses, verts. Poissons perroquet, poissons papillon, anges, ils sont tous au rendez-vous. Je rencontre mon premier requin qui passe tranquillement à 1 mètre de moi. Il y en a plusieurs et j'en verrai à chacune de mes plongées. Première plongée de nuit, les yeux verts, ce sont les requins et les rouges les crevettes. Je croise une raie de plus d'un mètre de diamètre. Des poissons agressifs nous passent sous le nez pour chasser les poissons que l'on éclaire, le but du jeu étant d'éteindre la lampe au dernier moment pour laisser la vie sauve au malheureux. Il est 21 heures et j'opte pour le sommeil.

 

15/12/2001 (Australie) Dépenses : 633 F - Distance parcourue : 0 km

Yoga et plongée à 6 heures. Aujourd'hui, il est prévu de plonger 4 fois et je ferai 2 snorkeling en plus... Du pont, j'observe les barracudas énormes qui passent le long du bateau. Je joue avec les tortues de mer qui ne disent trop rien quand on les suit à quelques centimètres, instants magiques où, collés l'un à l'autre, on file sous l'eau. Par contre, elles apprécient nettement moins que l'on s'accroche à leurs carapaces...

 

16/12/2001 (Australie) Dépenses : 705 F - Distance parcourue : 0 km

Yoga et méditation avant de plonger à 6 heures du matin. Ensuite, petit-déjeuner royal, bon moment de la journée. En apnée, un énorme Maori wrasse (sorte de Napoléon, vert, d'environ 1 mètre, grosse tête et yeux curieux) vient se lover contre moi, je le caresse et lui fait littéralement un gros câlin, je tiens ce poisson dans mes bras quelques secondes, la vie réserve tout de même des instants insolites... L'après-midi, rencontre avec des bénitiers de plus d'un mètre, je pourrais presque y loger entièrement. Ensuite, nous tombons sur un banc de poisson " bull parrot fish " qui se laissent porter par le courant, dents humaines en avant qui leur donnent une allure agressive. On reste scotchés devant cette scène silencieuse, ce ballet au ralenti. On nous sert un apéro géant pour fêter la fin du séjour et je me gave sans complexes. Je m'installe pour la nuit, vers 20 heures, avec l'accord de ses propriétaires, sous une maison sur pilotis et je m'endors avec des visions de grande barrière de corail et souhaitant de tout coeur que mes filles puissent un jour, partager avec moi ces moments irréels que je viens de passer sous l'eau.

 

 17/12/2001 (Australie) Dépenses : 96 F - Distance parcourue : 0 km

Le bateau pour Fitzcoy Island National Park est prévu pour 9 h30. C'est une petite île située entre la barrière de corail et la côte. Sur place, je plante la tente avec vue sur la mer turquoise directement sur le sable, l'eau est à peine à 10 mètres, il fait beau... Je pense à vous car l'air et l'eau sont proches des 30 degrés. J'ai de la chance, le camping possède une cuisine bien équipée, de quoi me concocter quelques pâtes avant de partir en balade pour le phare et le sommet de l'île. Au sommet, on découvre l'île comme ont dû la voir les navigateurs des temps passés : vierge et couverte d'une jungle épaisse d'où sort des cris d'oiseaux exotiques. Je croise, en redescendant, de gros lézards gris à tête de serpent très courants en Australie. Céréales et coucher de soleil magnifique.

 

18/12/2001 (Australie) Dépenses : 136 F - Distance parcourue : 0 km

Je me réveille vers 5 heures et je débute ma journée par du yoga. Il y a un frigo et un grille-pain au camping (!) et je peux prendre des toasts grillés, du beurre (qui ne soit pas liquide !), de la confiture pour le petit-déjeuner. Je suis un petit chemin qui s'enfonce dans la jungle (secret Garden) et je me laisse envahir des bruits d'insectes, du cri des oiseaux. Le soleil se fraye à peine un passage dans la végétation dense. J'aperçois une dizaine de cacatoès blancs. Mon parcours dure une petite heure avant que je parvienne à une belle plage. Deux tortues sortent régulièrement la tête de l'eau et je vois également deux barracudas qui pourchassent des poissons. Depuis que je suis en Australie, je suis frappé par l'individualisme des gens. Ils fument sans que l'idée de te proposer une cigarette ne les effleure, se servent à boire en oubliant ta présence, ne disent pas bonjour. Je n'ai jamais été invité à manger ici. Je trouve que cette froideur limite les échanges et cela me paraît juste dommage. Je reprends le bateau en sens inverse. Courses, Internet et je vais récupérer mes billets d'avion à l'agence. Chris, le directeur (il a beaucoup voyagé), me fait cadeau du Lonely Planet d'Amérique du Sud. Je suis très touché par le geste. Je déambule ensuite à la recherche d'un coin pour dormir. Je rencontre Lindsay et ses fils, Timothy et Kane. Je leur demande si je peux camper sous leur maison mais Lindsay me convie à l'intérieur, me propose de partager leur dîner, me sert un Jack Daniel et me donne un lit ! Décidément, il y a des gens adorables partout... La femme de Lindsay est morte,  il y a quelques mois et ils relativisent sacrément les événements de la vie...

 

19/12/2001 (Australie) Dépenses : 0 F - Distance parcourue : 80 km

Je quitte mes amis et j'attaque le stop, qui ne fonctionne pas. Le soleil tape déjà. Attente. Martin, puis Chris et Telly (Telly est anthropologue et Chris aborigène) s'arrêtent et klaxonnent pour attirer mon attention (je somnole, écrasé de chaleur). On fait un bout de chemin ensemble et j'apprends que la famille de Chris mange les lamantins. Moi qui voulait découvrir ces animaux... Tant pis. Paul m'emmène ensuite à Daintree river (il m'avait aperçu déjà à Cairns) et m'invite à la pêche. Je me retrouve donc en sa compagnie dans une coque alu à fond plat à chercher les crocodiles dans la mangroove. Paul s'est déjà fait dévorer 4 chiens par lesdits crocos. Nous rejoignons la pleine mer et tournons autour de Snapper Island, en face de Cap Kimberley. Cette île est complètement sauvage, on y voit des tortues...Je pêche 5 ou 6 poissons bleus électriques. Au retour, nous nous retrouvons à la poursuite d'un banc de raies qui filent sur le fond sablonneux. Je passe le bac sans payer (je suis avec un " local ") jusqu'au cap Tribulation. C'est le paradis, je suis en pleine jungle. Muesli, pâtes et je trouve le sommeil au milieu de la faune nocturne qui s'éveille.

 

20/12/2001 (Australie) Dépenses : 54 F - Distance parcourue : 160 km

Je suis chassé par l'équipe de nettoyage alors que je viens juste de finir mon petit-dej (pain un peu sec, confiture, plus de beurre, vu la chaleur...). J'atterris sur la plage que je parcours pendant plusieurs kilomètres. Je fais du yoga et un peu de méditation, nous sommes dans un paradis pour touristes, tout est très calme et beau. Seules les méduses (mortelles ici, il y a des bouteilles de vinaigre un peu partout sur la plage au cas où...) et les Casoars (grosses autruches qui peuvent attaquer l'homme) troublent cette sérénité. Je trouve ensuite un premier stop, puis Stuart m'emmène à Daintree River (je ne paye toujours pas, je suis dans le camion de livraison). Greg, Jan, Alex et Christophe m'emmènent avec eux pour un bain dans les gorges de Mossman. J'y achète une bâche bleue (une seconde couche pour la tente s'il pleut) et quelques fruits. Ensuite, les kilomètres s'égrènent avec Tonny, puis Kaith, puis David puis Mary, une vieille dame qui m'offre l'hospitalité dans son jardin, au lac Tinaroo. Ce n'était pas ma route, mais elle avait mal déchiffré ma pancarte. Tant pis pour le détour (10 km), il est tard. Elle m'offre des bananes et je prends le temps d'écrire le journal face au lac.

 




21/12/2001 (Australie Dépenses : ? - Distance parcourue : 231 km

Je pars le ventre creux et je marche (logique, il n'y a pas de voitures...). Je rencontre deux wallabies. J'arrive devant une route qui paraît s'étaler jusqu'à l'infini et Martin tombe à pic pour me prendre en stop (ouf !). Je fais ensuite la connaissance de Kewy, une " cow-girl ". Nous passons devant une intersection désertique, au loin un avion fait des figures dans le ciel (ça ne vous rappelle pas un film ?). Une autre femme me dépose ensuite au lac volcanique Barrine dont je fais le tour (6 km, mais ça, je ne l'ai su qu'à l'arrivée). J'y rencontre des kangourous tree (petits comme des marmottes), des iguanes gris qui sortent de leur bronzette pour sauter à l'eau à mon arrivée, des tortues, des dindons (corps noir, cou jaune et tête rouge), des arbres aux troncs multiples (tu ne sais pas s'il s'agit d'un seul arbre ou d'une vingtaine) et, caché sous les feuilles, un serpent gris qui disparaîtra dans un trou alors que je le taquine avec un bâton pour tenter de voir sa tête. Griham et Alison, deux retraités, me déposent à Atherton. Puis Lili et Danis (ce sont les quatrièmes à me dire que les Français sont perçus comme des êtres arrogants en Australie) prennent le relais et je parviens à Ravenshoe. Ils sont terrifiés par la vie que je mène... J'attends ensuite trois bonnes heures sous le soleil qui tape toujours aussi fort. Robert (le directeur du site touristique des Lava Tubes) me dépose au camping du site (20 F). J'y admire le coucher de soleil, quelques arbres, au milieu de pierres volcaniques arrondies. Je dîne de pâtes autour d'un feu de bois.

 

22/12/2001 (Australie) Dépenses : 136 F - Distance parcourue : 374 km

Les oiseaux me sortent du sommeil avant le lever du soleil. Pendant mon yoga et ma méditation, je sens des vibrations sur le sol et je découvre, émerveillé, qu'une famille complète de kangourous me rend visite (ils restent cinq bonnes minutes à m'observer ainsi, à une distance raisonnable). Il en coûte 120 francs pour visiter en compagnie d'un guide le site des Lava Tubes. Il y a 190 000 ans, le volcan Undara se déchaînait, crachant de la lave pendant deux années consécutives. Cette lave s'est refroidie sur les bords et en surface, formant des tubes que l'on peut visiter aujourd'hui. Certains courent sur une centaine de kilomètres et l'on y découvre des lignes de courant, des stalactites de lave, des surfaces dignes de la barrière de corail... Je suis frappé par la froideur des touristes qui se trouvent dans mon groupe : aucun échange, pas même d'un sourire... Comme tous ces braves gens ne veulent pas me prendre en stop, je redécouvre la vertu de mes pieds et j'entame, chargé de 5 litres d'eau, les 15 kilomètres de piste. Encore 15 autres pour rejoindre la route principale, le compte est bon, tout cela pour constater que le trafic est néant (vous comprendrez pourquoi j'ai fait du yoga ce matin...). Angela et Ducan stoppent alors que j'ai l'impression d'attendre depuis une éternité, et me déposent à Charters Towers. Ils sont super, ce sont de jeunes touristes qui travaillent en Nouvelle-Zélande, il joue de la guitare, est bouddhiste, fait du yoga, de la méditation, aime la nature... Je me baigne dans une crique et j'aperçois un long serpent gris qui nage, lui aussi... Il est 18 heures et je décide de dormir dans la petite église dans laquelle j'ai déjà passé une nuit à l'aller. Je dors très mal car je pense à mes filles, à Noël et je culpabilise totalement de ne pas être en leur compagnie.


23/12/2001 (Australie) Dépenses : 56 F - Distance parcourue : 426 km

Je me réveille alors que le jour est déjà levé, donc pas de douche au tuyau d'arrosage (il fait un peu trop jour !). Je me hâte de partir car nous sommes dimanche et d'ici pas tard, c'est toute la ville qui va se retrouver ici (enfin selon toute vraisemblance). J'entame le même parcours qu'il y a une semaine (c'est une drôle d'impression de déjà vu) et Betty s'arrête avant je ne me sois tapé les 3 kilomètres jusqu'à la route principale. Avec cette vieille dame, on évoque la guerre, les Japonais et elle m'apprend qu'à Noël, dans sa famille, c'était le moment où elle apprenait des scoops sur ses parents... Une demi-heure au soleil à Townsville, pendant laquelle je délire à fond en imaginant que j'appelle au téléphone auto-stop 24/24 pour demander une limousine climatisée immédiatement pour Airly Beach... Je ne crois pas si bien penser car Steve, à bord de sa Mercedes climatisée, s'arrête ! Comme quoi auto-stop 24/24 existe peut-être... Il me dépose à destination et paraît heureux de notre rencontre : il a passé sa journée d'hier à pleurer, sa femme l'a quitté après 25 ans de mariage et il n'a pas compris pourquoi (cela ne vous rappelle personne ?). Alors je lui ai dit que le Dalaï Lama avait déclaré que notre souffrance peut être positivée car elle permet de mieux comprendre celle des autres, donc de les aider. C'est exactement ce que j'ai fait... Steve me donne un bouquin, une banane, une pomme et m'offre un muffin dans une road house et file vers son destin. Airly beach, c'est tout ce que je déteste, touristes, fric, tours operators qui ne savent même pas ce qu'ils vendent, tout est cher à outrance... Je ne peux me rendre sur les îles aujourd'hui, il faut un permis et le bureau des parcs nationaux est fermé le dimanche. Je passe donc l'après-midi au camping et je fais la rencontre de Nils, un Allemand qui m'offre une bière. Nouilles et au lit !

 

24/12/2001 (Australie) Dépenses : 220 F - Distance parcourue : 0 km

Aujourd'hui, c'est presque Noël ! Toasts grillés à la cuisine du camping et lait frais ! Je poursuis par un brin de guitare, histoire de bien débuter cette journée particulière. Je prends le permis requis, puis un petit hors-bord à destination de Planton Island. Nils m'accompagne. L'île est déserte, couverte d'une jungle épaisse et entourée de corail : nous nous offrons un rêve de Robinson Crusoé. Après avoir planté la tente sur le sable de corail, je me mets à la besogne pour fabriquer un Chrismas Tree pour mes filles : une branche, de la cordelette trouvée sur place, des coquillages accrochés en guise de boules de Noël, des lianes pour les guirlandes. Il fait 30 degrés, le soleil est magnifique, le corail aussi, c'est un super Noël que l'on s'offre ici... La suite, c'est observation des tortues vertes, tour de l'île, snorkeling. Nils offre la bouteille de vin australien et nous trinquons, lui dans un mug et moi dans ma casserole inox. Au menu du réveillon, pommes, pâtes et cracker's... On est ravis du menu gastronomique. Discussion sympa, sous ses allures bourrues, Nils s'avère être une personne réellement à l'écoute.


25/12/2001 (Australie) Dépenses : 0 F - Distance parcourue : 190 km

Le bateau nous ramène sur Shute Harbour à 9 heures. Je quitte Nils, ravi d'avoir fait sa connaissance. Je tombe sur Steve, Justin et sa copine Karen qui m'invitent chez eux : c'est une superbe maison dans la jungle avec vue sur la mer. Karen fait des pan cakes et je partage un moment de musique avec Justin (au Djembé). Pour les Australiens, pas de Noël hier soir, mais un repas à midi aujourd'hui. Je fais aussi la connaissance de leur iguane (2 mètre, taches rouges et longue langue de serpent) qui a coutume de venir chaque jour prendre son bain dans leur piscine... Je les laisse pour reprendre le stop. Rod, puis Carola, James et Siri, puis Julie et je parviens enfin à Eungella National Park. J'y vois mon premier ornithorynque sauvage, je suis très content (c'est un animal qui tient un peu du castor, sans la queue plate, avec un bec de canard. Il pond des ¦ufs et nourrit ses petits au lait). Je passe la soirée au coin d'un feu avec un mineur, une fille folle de moi (mais pas très jolie) et un Allemand, étudiant en médecine. Pommes de terre grillées dans le feu de bois, bout de viande grillée (c'est Noël, quoi !). Avant de dormir, un opossum rend visite au garde-manger de l'Allemand...


26/12/2001 (Australie) Dépenses : 0 F - Distance parcourue : 435 km

Boxing Day pour les Australiens. John, Elisabeth et Zane me ramènent sur Mackay, on traverse les plantations de canne à sucre et longeons la voie du chemin de fer. On ramasse des mangues sauvages puis je me retrouve seul. Quatre heures plus tard, je suis toujours au même endroit, en plein soleil, la température avoisine les 40 degrés et je m'asperge la tête d'eau pour essayer de rester lucide. Je ferme les yeux car la réverbération est insupportable. Je croise deux autres auto-stoppeurs, le premier Japonais, le second australien, mais tous les deux dans la même galère que moi. Cela ne doit pas être un bon jour pour le stop... J'avise Terry et son fils James à la station-service et ils acceptent de me conduire jusqu'à Rockhampton. Je dors une heure dans la voiture, la chaleur m'a épuisé. Je tente ensuite de faire du stop pendant une heure, avant que la nuit ne tombe, mais sans succès. Dans un lotissement, je demande à dormir dans un garage ou sous la maison (l'orage menace) mais personne n'accepte. On m'indique quand même le jardin botanique pour passer la nuit. Le coin est tranquille, bassin chinois et abris de bois sur pilotis, concert de grenouilles et moustiques en prime (que demande le peuple...).

 

27/12/2001 (Australie) Dépenses : 60 F - Distance parcourue : 602 km

Je me réveille en sursaut à trois heures du matin car les arroseurs automatiques se mettent en route et je me retrouve trempé. Je termine ma nuit un peu plus loin dans l'herbe. Je recommence le stop au même endroit qu'hier et je m'attends au pire. Je suis plus chanceux car Vern s'arrête après seulement 5 minutes d'attente. Il est journaliste, vit dans un bus et partage un sandwich gelé avec moi. Il me raconte avoir passé un Noël moyen pour tout un tas de raisons qui lui sont personnelles. Je fais un détour jusqu'à Harvey Bay pour tenter de voir les baleines, mais j'apprends à l'Office de Tourisme qu'elles sont déjà parties. Je reprends le stop (encore une bonne heure d'attente au soleil) et un aborigène me dépose à Marboroug sur la N1, où les voitures roulent à 80km/h. Katrina et Ted (ils ont fait du stop dans les années 60) s'arrêtent, puis Philippe, puis Brad me dépose à Noosa Heads. Ici, c'est le genre super fric, marina et  compagnie. Je mange un ananas et j'adopte la plage pour la nuit (sur les galets...).

 

28/12/2001 (Australie) Dépenses : 134 F - Distance parcourue : 622 km

J'ai dormi au sec, la mer n'est pas trop montée. Je me balade dans le parc national, le chemin est magnifique... On croise pas mal de gens qui marchent à vive allure le matin (on est en pleine campagne publicitaire pour favoriser le sport en Australie). J'avais envie de voir les koalas mais j'ai eu beau tendre la tête vers la cime des arbres, rien de rien. Je commence le stop, mais vu le coin, j'ai la sensation d'être perçu comme un extra-terrestre). Isaac et Isaac (non, ce n'est pas une blague) m'emmènent ensuite jusqu'à Brisbane. Je tourne pendant une heure, ne parvenant pas à trouver de bateau pour aller voir les lamantins. J'opte en fin de compte pour Moreton Island, île où je pourrai peut-être en apercevoir (ainsi que des dauphins). Un bateau est prévu pour 19 heures, je mets donc à profit les quatre heures d'attente pour mettre à jour le journal. Je suis dans une ville pleine de buildings, de rues piétonnes, le royaume de la clim... Je dénote un peu Je fais le voyage au clair de lune et débarque comme en Normandie, sur le sable. Pâtes et camping sous les arbres.

29/12/2001 (Australie) Dépenses : 0 F - Distance parcourue : 13 km

Yoga et méditation troublée par les mouches et des taons monstrueux. Un peu de guitare ensuite avec quelques jeunes de Brisbane imbibés de bière de bon matin. Je pars avec le sac sur le dos le long de la plage (qui sert d'autoroute aux 4X4 rutilants, c'est tellement plus pratique !). Baignade, céréales, guitare et camping, voici le programme de ma journée. A 17 heures, je me rends à la grande resort, un complexe hôtelier où l'on nourrit les dauphins. Je croise, sur le trajet, des épaves rouillées, des pélicans noirs et blancs, des étoiles de mer géantes qui s'échouent sur le sable. Les dauphins sont déjà au rendez-vous alors que je me pointe sur le ponton avec une bonne heure d'avance. Je profite du spectacle pendant un bon moment. Je comptais me préparer des pâtes mais Paul et sa famille, mes voisins de camping m'offrent une bière, puis deux, puis trois... On partage ensuite les restes, ils partent demain et me proposent de les accompagner vers la gold coast.



30/12/2001 (Australie) Dépenses : 60 F - Distance parcourue : 70 km

Je me réveille dans la pinède, je n'ai plus rien à manger mis à part des pâtes alors je m'adapte... Yoga et méditation, puis guitare et je pars avec Paul et sa famille pour prendre le bateau. Snorkeling sur des épaves en bord de plage, ces bateaux ont été coulés en 1960 pour faire une digue. Il y a déjà de gros platiers de corail dessus, l'eau est magnifique et les épaves sont habitées par une multitude de poissons tropicaux. Retour vers la côte, toujours en bateau... Paul m'emmène en voiture jusqu'à la Gold Coast et me dépose devant un hôtel. Il est à peu près 17 heures, l'hôtel s'avère être cher (18$ au lieu des 2 prévus) et complet. Je marche le long de la plage des surfeurs, au milieu des hôtels de luxe avant de dénicher une école dans laquelle je passe la nuit (après les sempiternelles pâtes pour le dîner).


31/12/2001 (Australie) Dépenses : 120 F - Distance parcourue : 396 km

J'ai eu de la chance pour cette nuit, il n'y a pas eu de ronde de police, ce qui m'a permis de dormir du sommeil du juste. Je n'ai toujours rien à manger, il est cinq heures du matin et je me mets en route pour trouver un magasin qui soit ouvert à cette heure. J'en trouve finalement une qui me fournit du pain, du miel et du lait frais... La suite est moins réjouissante : 15 kilomètres en plein soleil, des tonnes de voitures qui passent et pas une qui a l'idée de s'arrêter. Le coin doit être trop friqué, je garde mon calme et tâche de ne pas trop les maudire (chacun est libre de ses décisions...). Finalement, Bret et Glen s'arrêtent. Ils vont surfer et me plantent finalement sur l'autoroute. Daniel me laisse ensuite près d'une gare dans laquelle je trouve des distributeurs d'eau fraîche (je n'en avais plus une goutte !). Je rencontre ensuite Shand, un brin défoncé, qui prône une existence où rien n'appartiendrait à personne. Il construit des maisons et demande des tee-shirts en échange (c'est la seule chose qu'il ne sait pas faire...). Il m'explique qu'il arrête de fumer demain. J'arrive dans une région particulière de l'Australie : Byron Baie. Il y a eu un rassemblement hippie ici, il y a longtemps et comme les terrains n'étaient pas chers, beaucoup sont restés sur place. Je croise Nick et sa copine, défoncée, qui fait le chef d'orchestre sur du jazz. Ils sont cinq en tout dans ce camping car couleur locale : épices aux portières, entièrement capitonné de violet avec des étoiles, guitare, mandoline... Je pourrais aller avec eux pour New year eve,  mais je préfère ma sérénité. Kevin et son Land-Rover vont réveillonner dans un parc National et je me retrouve à l'arrière, sous la bâche, au milieu des provisions... Michèle, très jolie hippie, me conduit quelques kilomètres. Il pleut et je désespère de trouver quelqu'un qui me fasse parcourir une grande distance, à ce rythme, je suis à Sydney dans cinq jours. J'ai une bonne étoile, Nick s'arrête... et me conduit jusqu'à Coffs Harbour. Je dois le retrouver le lendemain pour continuer le voyage. Je me trouve une école pour y passer le réveillon et la nuit. Un magasin ouvert, j'y achète des carottes, un ananas et une bouteille de vin (Château Queen Adelaïde, s'il vous plaît...) que je vais me siffler en solo sous l'affiche qui dit " Si vous lisez cela, c'est que vous avez été pris en photo par une caméra de surveillance et que cette photo pourra être utilisée par les juges "... Je m'endors devant les vitres de la salle de classe sans élèves, les pupitres, les dessins, le tableau noir. Je pense à mes filles. Je sombre dans un sommeil alcoolisé...