AVRIL 2001 France Espagne Portugal Espagne Maroc Mauritanie

 

03/04/2001 Le Pradet (France)

Réception par la Poste aujourd'hui de deux cartes d'étudiant (2001/2002 et 2002/2003). Merci mille fois à Raphaël qui a vu en consultant mon site que je cherchais des cartes d'étudiant et qui m'a gentiment proposé de me les faire. Hé oui, il y a encore des gens sympas. J'espère que ces cartes vont bien me servir (musées, parcs, billets d'avion...).

 

05/04/2001 Le Pradet

Ultime déménagement. Le rat devait être donné à Antony, mais comme il a de l'asthme, c'est Sylvie qui s'est proposée. Merci Sylvie.

Joséphine
Josephine

07/04/2001 Le Pradet Budget dépensé : 0 F - Kilomètres parcourus : 398

Le départ...

Je coupe l'eau, le gaz et l'électricité. Je n'ai plus de clés !

Je rends visite à Lucie et Fannie (mes filles) pour un dernier au revoir :

Lucie

Fannie

Lucie

Fannie

Une amie me dépose à Aix à la barrière de péage. Cela commence : il est 14 heures. J'avise tout de suite un chauffeur routier espagnol qui est en train de manger et qui me dit qu'après, il peut me conduire à la frontière espagnole. J'essaye quand même le stop. Un auto-stoppeur arrive avec sa guitare (il vient de passer un entretien à Aix et il retourne sur Barcelone). Il trouvera une voiture pour Montpellier. Moi, 30 minutes plus tard , c'est Yannick, une fille (c'est rare) qui m'amène jusqu'à Narbonne par les nationales. Les deux motards croisés alors que faisais du stop ne sont pas venus me chercher des poux dans la tête. Je commence donc mon voyage en Golf dont on vient de gonfler les pneus ensemble. Yannick prépare le BAPAT d'escalade. Elle me fait écouter Matmatah et Manu Chao. Elle a fait du cirque et elle rêve de dormir dans un hamac accroché à une falaise de 1000 m ! Elle est végétarienne depuis l'âge de 16 ans (les abattoirs la dégoûtent). On passe à Bouzigues (royaume des huîtres), il pleut à verse. Sur la N113, beaucoup de chevaux, le paysage est magnifique et c'est l'avantage des nationales. A Narbonne, un vent de folie, pas de voiture et il est 19h30 ! Au bout de 30 minutes, c'est Christelle et Pierre qui m'emmènent à Perpignan. Il est 20h30, deux auto-stoppeurs essayent d'aller ensemble en Espagne, mais il y a peu de traffic et personne ne s'arrête. Je rencontre Dominique, un belge en short qui va retrouver sa fille en Belgique (lui habite Barcelone). Il n'a rien pour dormir, il me dira par mail s'il y est arrivé. 21h30 : je décide de dormir. Je plante la tente à 10 mètres de l'aire d'autoroute. Une soupe, saucisson, fruits secs et au lit. Je dors bien. Heureusement que j'avais la tente : il a pas mal plu et le vent a soufflé à la décoller légèrement. Le matin, royal, les lavabos et l'eau chaude me permettent de faire une toilette digne de ce nom, de me changer et de faire ma lessive. Pour le séchage, pas de problème, le sèche-cheveux est efficace. Je repars.

Fred dans Nice matin
Fred dans
Nice Matin !


Espagne
Portugal

08/04/2001 (Espagne) Budget dépensé : 60 F - Kilomètres parcourus : 173

Une heure d'attente ! C'est finalement Tonto un espagnol avec sa fille d'un an qui m'emmène au péage de Figueras. On passe à côté du Mont Ventoux enneigé. Les roues des voitures sont passées au carsher "pour éviter le transit de la vache folle" me dit Tonto. A Figueras, après 5 minutes d'attente, c'est Paola et Arnaud qui s'arrêtent. Deux profs qui profitent de vacances et qui m'emmènent au centre de Barcelone. Ils rejoignent Victor, un catalan et m'invitent à déjeuner. Nous voilà à la cerveseria Catalana pour boire des bières et goûter les tapas. Ensuite, c'est la découverte de la ville avec Victor qui se révèle être un excellent guide. Les maisons revues par Gaudi, le Marks et Spencer refait à neuf cette année (et qui va fermer prochainement !), le Café Zurich, la descente de la Rambla (les Champs-Elysées le dimanche mais en plus typique), un pot "dans" la petite place Frederic Marès sous les orangers, la cathédrale gothique, la plaza Nova  défigurée par une réfection moderne des remparts : "Nul à chier", dit Paola révoltée. Elle pense que l'on change beaucoup et qu'elle a pas mal changé entre 30 et 40 ans. Elle aime le théâtre, la musique classique, la peinture. Elle aime bien se prendre la tête à savoir ce qu'elle fait sur terre ! Arnaud, lui, prend la vie comme elle vient, il en profite sans trop se poser ces 1000 questions. Les pauvres ont vu leur appartement près de Lorient  brûler. Ils n'ont plus leurs cours et vont devoir tout recommencer (bon courage). Je les quitte en fin d'après-midi en leur donnant l'adresse du site et je pars voir la Sagrada Familia (construite par Gaudi en fonction de l'arrivée des donations diverses). Semana Santa oblige, il y a beaucoup d'enfants avec des gerbes qu'il sont allés faire bénir à l'église. Il est trop tard pour prendre le train pour le monastère de Montserrat. Il me faut dormir dans cette ville et les catalans me déconseillent de dormir dehors. Je suis dans le caca et je tente donc le tout pour le tout, je vais voir la guardia urbana (police) et je tombe sur un agent super sympa (après quelques minutes de charme). Je parle 10 minutes en espagnol (je rêve !). Il m'emmène dans la voiture de police jusqu'à une auberge de jeunesse et négocie pour que je paye pas les 100 francs en expliquant que je fais un pélerinage à Saint Jacques. On me propose d'attendre 23 heures au cas où une chambre soit inoccupée. Je pars manger des spaguetti bolognaises (40 F) et je me pointe à 23 heures mais tout est pris. Je marche 1 heure et je m'installe près du commissariat à l'écart des regards. Je dors dans mon duvet jusqu'à 6 heures 30 (réveil par les camions des expositions de la ville). Tout va bien.
 

  

  Bon Anniversaire, Fred

Place Reial

Sagrada  Familia


Maison de Gaudi


Maison de Gaudi


Maison de Gaudi


Photo de mes amis


Place de Catalogne

09/04/2001 (Espagne) Budget dépensé : 50 F - Kilomètres parcourus : 299

Mon anniversaire : je fête l'événement en prenant un café avec croissants à 7 heures à la gare en attendant le train pour le monastère de Montserrat (sanctuaire de la vierge, patronne de la Catalogne et lieu de pèlerinage). Il est à 1000 m d'altitude dans les montagnes soit deux heures d'ascension, j'opte donc pour le téléphérique. Montagnes en forme de dolomites Je met un cierge pour que le voyage se passe bien. En partant pour le sommet, je me trompe et me voilà sur le GR4, tant pis pour le sommet et le chemin m'amène après deux heures sur la N2 (difficile de juger une route avec la carte par rapport aux montagnes...) qui va vers Zagora. A 13 h le stop est une catastrophe, je vais donc manger un sandwiche à la tortilla et boire une bière et je retrouve Bruno l'auto-stoppeur d'Aix en Provence (début de mon voyage), un coup de la sainte vierge et du cierge ou quoi? Nous faisons stop ensemble et arrivons à Zagora en trois stops (Miguel camionneur jusqu'à Igualada puis Titou jusqu'à Tarrega et Manuel qui est prof de catalan et qui a 10 frères et qui voyage avec un jeune de l'Equateur). Nous passons pour la première fois le méridien de Greenwich. J'ai sommeil, mal au dos et aux pied. Je plante la tente dans un champ près de l'autoroute. Je prépare le coucous (graine seule, à moi de'imaginer que c'est du couscous ). Vision bizarre des phares des camionneurs sur ma tente qui roulent à des vitesses folles. Quel idiot, j'ai pas pensé à remplir la gourde! Je meurt donc de soif et ça m'empêche même de dormir! J'ai mal partout, j'ai le bas du dos et les épaules brûlés par le sac (réglage à revoir) et un bon coup de soleil sur le nez.

Message : "Ca y est, tu es parti, quel courage, aujourd'hui 9 avril, c'est ton anniversaire et j'espere que tu feras la fête avec des compagnons de route, ici tu vois, on pense bien fort à toi, et on espère faire une méga fête à ton retour dans un an. JOYEUX ANNIVERSAIRE PTIT LOUP ! PLEINS DE BISOUS !" VERO ET ANTHONY sur le Livre d'or.

Bon Anniversaire, Fred
Bon Anniversaire,
Fred !
Bon Anniversaire, Fred

10/04/2001 (Espagne) Dépenses : 70 F - Distance parcourue : 1236 km !

Je me lève à l'aube, je suis motivé par les 22 km qu'il me reste (à marcher ?) jusqu'au péage. En fait, je traverse l'autoroute pour faire un bout de Nationale. Une heure plus tard, c'est une prof d'espagnol qui m'emmène presque au péage. Plein de voitures pour Bilbao mais aucune ne s'arrête. Une heure plus tard, je me fais virer de l'autoroute par un préposé de l'autoroute qui m'explique que c'est interdit. Comme je suis désolé, il m'emmène en voiture jusqu'à la Nationale. J'arrête le stop sur l'autoroute en Espagne. Je me retrouve vers une station-service, sans trafic et en plein vent de folie. Je déprime ! FORT ! Mais je n'arrêterai pas là le stop : j'opte donc pour les grands moyens : " l'agression directe ". J'approche donc un camionneur, un français qui me raconte n'importe quoi pour s'en sortir, idem pour un couple. Je déprime encore plus car les français sont rares ici alors s'ils ne me prennent pas !... Finalement, c'est Pedro, un camionneur que " j'agresse " qui m'emmène jusqu'à Taragona. Je ne vais plus à Bilbao. Pedro, très réservé au départ, s'avère très attachant. Je parle espagnol pendant tout le trajet. Ensuite, c'est le miracle : je tombe au bout de cinq minutes (dans un trou paumé) sur Miguel qui va m'emmener  à 170 km de Compostello ! Je rêve : 1236 km dans la journée, record battu ! Nous traversons l'Espagne désertique et magnifique, les Riojas, châteaux et bodegas. J'aimerais faire des photos mais le stop m'en empêche (on ne peut pas tout avoir dans la vie). Je double les français qui n'ont pas voulu me prendre 5 heures avant d'où une grande joie, mais je reste philosophe et évite de les injurier. Miguel m'invite à manger et me voilà au sandwiche " veau + poivrons ". Nous entrons dans les montagnes de Galice. Miguel me laisse à Mont Forte de Lemos et m'indique le cyber-café, le monastère et l'église perchée : magnifique.  Après avoir vu tout cela, je me connecte pour la première fois. Puis, fatigué, j'obtiens d'une station-service l'autorisation de camper dans leur pré. Dîner gastronomique : une boîte de poulpe.


Paysage proche
de Mont Forte

Le monastère du
Mont Forte

La place

L'église

11/04/2001 (Espagne) Dépenses : 50 F - Distance parcourue : 170 km

La tente est trempée (l'air est humide en Galice). J'ai eu un peu froid cette nuit (1000 m d'altitude) et je n'avais pas sorti le gros équipement. Cambido et Claudio me font parcourir chacun leur tour les 170 km pour Saint Jacques et je finis à pieds pour arriver à la cathédrale (2ème lieu de mon pèlerinage mystique). Je vais réparer un téléphone pendant 30 minutes avec Cambido (il m'offre un café en attendant car la réparation a lieu dans un bar). Eh oui, c'est le genre d'occasion qu'il ne faut pas louper. Il m'avait pourtant proposé de faire du stop en attendant, mais j'avais plutôt envie de partager  une tranche de vie espagnole. Le propriétaire du bar sert normalement du serpent et du crocodile, mais pour cause de fièvre aphteuse... Les gros titres du " periodico " indiquent qu'un car est sorti de la route sur un pont et est tombé. J'écris ce journal au soleil, face à la cathédrale, juste à côté d'un parador ultra luxueux. Moment de pause, les orteils à l'air et séchage du linge. Visite du cloître, de la crypte, du trésor. Saint Jacques est l'un des trois endroits en Europe où on a un apôtre. Les autres (Saint Pierre et Saint Paul) se trouvent à Rome et en Orient. J'aborde un commerçant qui me conseille un musée et m'informe que je peux dormir gratuitement à la Rei XXIII Albergue Franciscaine (comme quoi cela sert de discuter). Le musée est étonnant : en bas, il y a 3 escaliers, il faut choisir l'un d'entre eux, qui mène à ses propres étages, les autres escaliers, imbriqués mènent à d'autres étages intermédiaires. (très rigolo). Je vois des maquettes de maisons enterrées vues en Rioja pour la conservation du vin et je découvre les " petites maisons " sur pilotis qui servent à garder le blé dans tous les villages d'Espagne. A 20 heures, c'est le début de la procession de la Semana Santa. Des hommes portant des longues cagoules pointues défilent d'un pas lent, cadencé par les tambours lancinants. Le Christ sur la croix est porté par 4 personnes. La procession se termine par une grande messe sur la place principale où chaque étape du chemin de croix est faite l'une après l'autre. A la fin, il y a une conclusion que j'aime bien : " Il n'y a pas de chemin de croix sans amour et il n'y a pas d'amour sans chemin de croix " (avis aux couples en péril). A 22 heures, je me présente à l'auberge. Là, je rencontre le Padre qui m'accueille avec tous les gueux de la ville. Distribution de gâteaux et de lait chaud. Les règles de conduite sont rappelées par le Padre : respecter les autres, se laver... Je me retrouve muni d'une serviette dans une chambre avec Vincent, un Français qui a fait le chemin de Compostelle depuis Burgos en 20 jours et José Manuel un Portugais. Première douche depuis le départ ! Premier lit aussi.

 

Bon Anniversaire, Fred

Autre statue

Une procession


Cathédrale de
Saint Jacques

Place de
Saint Jacques

Une gargouille

Capilla de
Mondragon
Retable de Jésus

Intérieur de la
Catédrale

12/04/2001 (Espagne, Portugal) Dépenses : 20 F - Distance parcourue : 233 km

Lever à 8 heures avec la musique de cornemuse à fond dans les chambres et les bruits intimes des voisins. J'invite Vincent à un café pour en savoir un peu plus sur le pèlerinage mais mon invitation se termine par la sienne dans un endroit très sélect de la ville qui permet aux pélerins de prendre le petit déjeuner gratos (mais j'ai promis de ne pas dire où c'est : secret de pèlerin). Vincent a participé à la rédaction d'un livre sur le pèlerinage va peut-être se destiner au séminaire. Il me refait découvrir la cathédrale, nous avons gardé exprès du café et des churros que nous donnons à une femme qui fait la manche sur les escaliers de la cathédrale. (mais elle refuse le café). Nous retrouvons les gars de l'auberge dans un parc (comme  me l'avait dit le Padre quand je lui ai demandé ce qu'ils faisaient de 8 heures à 22 heures en dehors de l'auberge), ils buvaient du vin blanc en briques. L'un d'entre eux veut que je joue de la guitare et je m'exécute. Cela a l'air de lui faire énormément plaisir. Je fais mes adieux à Vincent et je prend la route pour le Portugal (Padron, Pontevedra) avec Pedro en Mercedes. Le paysage proche de la mer me rappelle la Bretagne. Me revient le souvenir de Javier, qui passe sa vie sur les chemins de Compostelle, qui travaille partout où les fruits se ramassent et qui voit peu sa fille de 11 ans depuis qu'il est séparé de sa femme. (Une grande tristesse se sent quand nous parlons de sa vie ce matin). Sinon, je pense aussi à l'un des gars de l'auberge qui ne peut plus s'y représenter demain car il a épuisé son quota. Où ira-t-il ? Me revient aussi la scène de la distribution du linge lavé par le Padre : chacun observe si son caleçon n'est pas celui montré par le Padre. La suite, c'est Alfonso qui me dépose à 2 km de la frontière portugaise. Je marche sur une sorte d'autoroute sur laquelle les voitures roulent très vite et à mon désespoir, il n'y a même pas de ralentissement à la frontière. Seul un parking avec deux voitures arrêtées et la police qui arrête quelques voitures pour un nettoyage des roues au karcher. Là, il n'y a pas d'autre solution : " l'agression sauvage ". La première victime, Tino , accepte tout de suite (comme quoi, c'est la bonne solution de forcer un peu la main surtout qu'il me fera visiter Viana do Castelo et me payera un super bock d'une bière portugaise excellente). Nous parlons anglais car il a fait toutes ses études en Afrique du Sud. Il est 19 heures et je ferais mieux de dormir à Viana, sur la plage qui semble hyper tranquille mais je pousse finalement sur Porto. José et Hélène à qui je demande des infos me disent qu'ils partent dans une demi heure pour Porto. Marché conclu, je sors ma guitare et je me pose au soleil sur la pelouse de leur hôtel. Le portugais est très différent de l'espagnol et je parle français doucement avec José. L'ordinateur de bord de sa mercedes nous guide jusqu'au centre ville à 180 km/h sur la voie rapide. Le téléphone est lui aussi sur l'ordinateur. Arrivé à Porto, je marche trois quart d'heure et je trouve un promontoire ombragé et tranquille avec une vue imprenable sur Porto. A part le vent et quelques jeunes, je ne suis pas dérangé.


Vincent et moi


Porto, le soir

13/04/2001 (Portugal) Dépenses : 100 F - Distance parcourue : 140 km

Réveil magnifique au soleil et vue sur Porto. Je descends le long des quais et me dirige vers le vieux Porto, notamment le quartier Ribeira. C'est magnifique, le linge est à toutes les fenêtres sans complexe, c'est limite insalubre. Ce quartier de Porto me fait dire  que le Portugal est nettement plus pauvre que l'Espagne. Une femme vend ses poissons qu'elle promène dans un large panier posé sur sa tête. Je visite la gare et ses " asuleros ", la cathédrale pour terminer par un petit café avec des gâteaux orange très typiques. Les deux serveurs sont très lents et le stress semble ne pas les connaître : ils traînent des pieds et vu le monde, un seul suffirait (ils sont 3). La sortie de Porto est difficile : 1 heure d'attente. Personne ne s'arrête et je me retrouve sur un rond point d'entrée d'autoroute (toujours en ville) avec trois gars qui vendent aux voitures qui passent des téléphones portables volés. Je décide de quitter cet endroit mortel et en fait l'un des trois me dit qu'il y a à deux kilomètres une station service sur l'autoroute où le stop est très facile. Je lui fais confiance et me voilà sur l'autoroute à pieds, à espérer que la police ne passe pas. Il avait raison, au bout de cinq minutes, c'est Luno qui m'emmène jusqu'à Coimbra. Il partage sa pomme avec moi (mon sac est à l'arrière, dans le compartiment frigorifique). Ensuite, j'accompagne Nuno à Pombal. Il m'invite à manger et dormir chez lui ! Nous sortons avec ses amis jusqu'à 2 heures 30 du matin. Il m'a fait visiter auparavant la radio locale " Pombal Radio Clube " pour laquelle il travaille comme journaliste sportif. Après quelques bières (budget explosé ) ses amis parlent tous très bien anglais.

 

Quelques vues historiques de Porto


Mon réveil à
Porto

Quelques vues
de Porto :




14/04/2001 (Portugal) Dépenses : 50 F - Distance parcourue : 177 km

Réveil à 10 heures, je quitte Nuno et la famille Tina et Firmino. Je visite Batalha, beau monastère avec deux époux gisants qui se donnent la main pour l'éternité. Alfonso, Alberto, Miguel, Isabel (de Sevilla) s'arrêtent et se serrent à l'arrière pour me faire une place jusqu'à Alcobaca (je les avais vus s'arrêter mais je n' avait pas pensé que cela soit pour moi sur le coup). Le monastère est en grève ce jour comme tous les monuments publics. Accoudé au bar, je profite du plat du jour : viande, patates et choux, le tout pour 1200 escudos. Ensuite, je prends la direction de Caldas da Rainha avec Alfonso qui récupère en France toutes les pièces d'air-bag. Il passe sa vie sur les routes et semble faire un bon business, les prix de ces pièces n'étant pas du tout les mêmes entre nos deux pays. Il me fait passer par la côte, ce qui le rallonge un peu (les gens sont sympas). Marco et Juan (un peu défoncés) m'emmènent près de Lisboa ; Pour finir, Fédérico me pose au centre de l'expo 98. Je fais ma tambouille au soleil, un peu de guitare en attendant la nuit et je me cache dans une petite jungle devant l'aquarium.


Alphonso

15/04/2001 (Portugal) Dépenses : 100 F - Distance parcourue : 10 km

Nuit excellente malgré le bruit des discothèques qui se trouvent sur l'expo 98. J'attends 10 heures l'ouverture du grand aquarium en écrivant ce journal sur les planches d'un marécage aménagé dans lequel on peut jouer avec des mécanismes d'eau très stylés. C'est très calme, il n'y a personne, c'est l'avantage de dormir sur place et dehors. Visite de l'aquarium. C'est génial et vu le nombre de photos prises, il n'est pas difficile de comprendre que j'aime les aquariums. Il y a un bac central et quatre bacs aux coins : pacifique, antarctique, atlantique et indien. Les oiseaux volent au-dessus de l'eau et évitent sûrement les touristes. Il y a 25000 espèces, 5000 m3 d'eau de mer, le bac principal fait qutre piscines olympiques. La zone de l'Expo 98 n'est plus vraiment exploitée, il règne une drôle d'atmosphère, une époque terminée. Par contre le parc est hyper entretenu. Au loin, le pont Vasco de Gama (18 km quand même !) court vers l'Espagne. Il y a deux ponts et je prendrai le deuxième, celui qui ressemble au pont de San Francisco. Après la toilette dans les toilettes des handicapés, je prends le bus 28 pour la tour de Belem. C'est fermé pour cause de grêve ainsi que le monastère des hiéronymites. Près de la tour, la réplique Fairez III B, avion qui relia Lisbonne/Rio de Janeiro en 1922. Je passe devant le monastère, je mange et j'essaye de trouver l'entrée de ce port immense. Là commence la galère. J'ai marché une heure, traversé une cité dans laquelle on m'a proposé du hachish, pour ensuite croiser des putes dans un bois, attendre pendant une heure à un rond-point, puis encore 30 minutes de marche dans les broussailles pour trouver une entrée plus fréquentée, 30 minutes à un feu. Je prends le bus, je traverse le pont et comme il est tard, je reprends le bus pour aller dormir sur la plage. Une grosse envie d'oranges, j'en achète qutre que j'engloutis. Nuit sympa sur la plage. Avant de m'endormir, je me demande si je ne vais pas être réveillé par la marée montante mais je m'endors quand même. Je garde l'image des chats sur les filets de pêche étendus sur les barques retournées le long de cette plage dans le soleil couchant.






Quelques pensionnaires de l'exposition

 

Le monument des découvreurs

La Tour de Belem


Bon Anniversaire, Fred

Mon hôtel

L'exposition
océanographique
de Lisbonne :






Le pont Vasco de
Gamma

L'avion Fairez III B

 

16/04/2001 (Portugal) Dépenses : 40 F - Distance parcourue : 470 km

Lever rapide, pas de petit-déjeuner, il est 7 heures et je suis très motivé pour le stop car cela n'a pas été le top hier. J'attends une heure à la sortie de cette petite ville de la côte. Il fait encore un peu nuit et les voitures qui passent ne ralentissent même pas. Les conducteurs sont en cravate et je pense que la plupart va au boulot sur Lisboa. Je décide de prendre le bus pour Almada et de faire du stop sur la Nationale 10. Là, je marche pendant 10 km en tout et je m'arrête deux fois pendant une demi-heure pour faire du stop mais personne ne s'arrête. Le moral est bas mais je me console en me disant que dans les grandes villes, les gens sont moins enclins à s'arrêter. Je découvre alors la station essence de l'autoroute ! Là, à la hussarde, je parviens à motiver Lucas pour faire 20 km. Il me paye trois bières sur l'autoroute, j'ai du mal à refuser et me voilà rafraîchi mais un peu rigolo à midi ! Lucas a plein de problèmes. Il est nostalgique de Londres où il pense qu'il trouvera le bonheur. Il vient de s'engueuler fort avec son frère avec lequel il travaille et lui a dit qu'il arrêtait le job. Il va vendre la voiture de sa mère (décédée il y a deux ans), sa femme est partie suite aux évènements. Lucas est hyper content de me parler. Je l'écoute, ça lui fait du bien. Là, je repense à ce que m'avait dit Vincent à Saint Jacques : tu as une mission : faire du bien en donnant de toi par ta bonne humeur, par exemple et écouter les autres, ils en ont besoin. C'est une nouvelle facette de ce voyage que je n'avais pas envisagée au départ. Ensuite, je me dirige (toujours à la hussarde) vers Christine et Marco qui m'emmènent à hauteur d'Evora. Marco fait une photo de nous à la station-service, il me la fera parvenir par mail. Je découvre avec bonheur des douches chaudes gratuites sur l'aire d'autoroute. Apercevant un camion français je tente le coup. J'insiste car le chauffeur me dit qu'il n'a pas le droit. Il accepte finalement en me disant qu'il me laissera à la frontière car il veut faire la sieste. En fait, il va m'emmener jusqu'à Seville et me payera deux bières (eh oui, encore...). Nous traversons l'Andalousie au soleil couchant, c'est magnifique : chevaux, moutons, taureaux, cochons, oliviers, vignes... Octavio est portugais mais vit à Bayonne. Il est seul, cela s'est mal passé avec sa femme. Il a été menuisier, il a tenu un bar et cela fait 12 ans qu'il conduit. Il adore aller en Europe avec son camion (une façon d'oublier ses malheurs). Il a dit en parlant des touristes, car l'autoroute était fermée pour les poids lourds ce week-end " On travaille pour eux toute l'année et ils viennent nous faire chier un week-end dans l'année ". Blague du jour (elle est d'Octavio) : " Un homme promet à sa femme de ne plus rentrer tard le soir. Mais il rentre le premier soir à quatre heures du matin ! Sa femme se réveille et lui demande l'heure qu'il est. Il répond " 1 heure ". Elle trouve que c'est bien, mais à ce moment la pendule sonne 4 heures alors il s'écrit : " Oh hé, ça va, on a compris qu'il était 1 heure du matin, c'est pas la peine de le répéter 4 fois ". Je dors près de l'autoroute pour Cadix.


Mon hôtel

Mon sêche-linge

17/04/2001 (Espagne) Dépenses : 100 F - Distance parcourue : 123 km

Une bonne journée tranquille, lever 10 heures, courses et banque : pour me changer mon billet de 1000 escudos (soit à peu près 1000 pesetas), il me prenait 1000 pesetas de commission ! (moralité : ne pas sortir d'un pays avec des petits billets). C'est une des difficultés de mon voyage car en stop, on ne sait pas combien de jours on reste dans un pays avant de passer la frontière. Après les courses, je reviens bien motivé sur la bretelle d'autoroute. 30 minutes d'attente et Manuel, grutier au port de Séville, m'amène jusqu'à Jerez. Ensuite, c'est Paloma (prof) que j'accompagne pour Salucanto de Barrantaria (très jolie, Paloma !). Pedro me prend jusqu'à Cadiz, où il embarque avec sa jeep pour préparer son voyage dans le désert marocain. Je trouve un cybercafé et j'ai bien du mal à envoyer les 72 photos par email (5*4 mails de 1 MO). Après, c'est génial. Cadiz, c'est déjà le Maroc. Petites ruelles, balcons des îles, maisons blanches, les antennes partout, le linge sur les terrasses qui remplacent les toits, les patios, les oranges amères, la mer, les azulejos. Enfin une joie d'être dans cette ville du sud où les maures ont tant apporté. Je dors sur la plage et assiste, bien sûr, au coucher de soleil sur l'océan.

 

18/04/2001 (Espagne, Maroc) Dépenses : 130 F - Distance parcourue : 186 km

Levé à 6 heures 30. 2 heures de stop : cela commence fort. Heureusement je me raccroche au fait  "qu'il ne faut jamais perdre espoir, car il y a forcément quelqu'un qui va venir vers toi ". Cela marche finalement car Manolo me permet de parcourir 50 km et me laisse en me disant qu'il risque de repasser... C'est ce qui se passe un quart d'heure plus tard et nous allons jusqu'à Algéciras. Nous passons par Tarifa, paradis pour tous les fous de planche à voile. Ici, le vent souffle deux jours sur trois. Nous croisons donc des champs d'éoliennes (plus d'une centaine au même endroit) en passant le col avant Algéciras. Les pales de 10 mètres de long tournent en un ballet fascinant. Je croise également mon dernier " Torro Osborne ", un taureau d'environ 10 mètres de haut que l'on croise tous les 100 km en Espagne et qui sert de publicité pour une marque de vin. C'est devenu un monument protégé. Dans le même genre, il y a aussi Tio Pepe, toujours pour le vin, mais cette fois, c'est un cowboy. J'achète mon billet de bateau pour Ceuta : trajet le plus court, le moins cher mais aussi le plus long : 1 heure pour traverser le détroit de Gibraltar. Nous passons devant Gibraltar, au bout de l'Espagne mais qui appartient aux Anglais. Il y a de la brume au milieu du détroit et c'est seulement au milieu que je peux voir les deux côtes. Vu de loin, Gibraltar ressemble à un gros pain de sucre très caractéristique. Je comprends, en demandant des renseignements, que Ceuta est une ville qui appartient à l'Espagne. Comme je me suis arrangé pour me débarrasser de ma monnaie espagnole, je renonce à prendre le bus et je parcours à pied les 5 km qui me séparent de la frontière. C'est à ce moment que débute le cauchemar : au milieu de la foule et de l'agitation, un homme me tend un bordereau d'enregistrement pour le Maroc. Je pose mon sac pour le remplir et comme il me parle, je détourne mon attention de mon sac pendant quelques instants. Il veut que je sorte mon passeport pour en indiquer le numéro sur le bordereau. Je sens l'arnaque et en me retournant, je vois trois secondes trop tard un de ses collègues qui avait réussi à ouvrir d'une main la poche supérieure de mon sac (à 30 cm de ma tête) et le voilà parti avec mon appareil photo. Je gueule, il le passe à un autre que je poursuis avec mon sac sur le dos...J'arrive à le rattraper et là, il me sort une batte de baseball, au milieu de la faune et la police au moins à 500 mètres, avant de poursuivre sa course et disparaître dans la foule. L'appareil étant assuré, je vais déposer plainte mais au poste de frontière, il me disent qu'il faut que j'aille jusqu'au centre de Ceuta, au commissariat principal. Je demande s'ils peuvent m'emmener en voiture jusque là-bas mais refus catégorique. Me voilà reparti à pied mais au bout de 300 mètres, une voiture s'arrête et m'y emmène. Je passe les détails et deux heures plus tard, me voici de retour à la frontière, moyennement rassuré à l'idée de retrouver mes voleurs. Ils ne sont plus là. J'étais content d'arriver au Maroc, mais là, je suis bien refroidi. Je n'envisage plus de dormir dehors seul cette nuit et je rencontre des Anglais qui veulent m'emmener, mais à Tanger ! Je préfère aller à Tetouan. Ils sont 6 dans un van, il y a un surf, une combinaison, un bordel fou et c'est le canapé en cuir du salon qui leur sert de siège... Je rencontre ensuite Henry et Gregg, deux anglais qui font, eux aussi, du stop. Je propose de me joindre à eux, ce qu'ils acceptent avec beaucoup d'entrain. Et nous voilà au milieu de la foule et d'une centaine de taxi, entrain de faire du stop à trois. Mais cela marche car 2 minutes plus tard, c'est Abdel et  Diana qui nous prennent  (ils sont déjà trois dans la voiture) ! Le troisième passager descendra 1 km plus tard, le joint au bec (juste devant un policier...) en ayant pris le temps de donner du haschich à Harry. Abdel m'explique dans un français impeccable (je traduis ensuite en anglais pour Harry et Gregg)  qu'il croit beaucoup à la politique du nouveau roi, qu'il y a la grève des éboueurs à Tetouan (confirmation, c'est immonde...), qu'il y a toujours des policiers au milieu de la route devant lesquels il faut passer à vitesse réduite pour une inspection (bidon) des visages et des véhicules. Il fait un détour pour nous montrer la plage (et un bâtiment inachevé, résultat de man¦uvres financières frauduleuses dirigées par un mai de l'ancien roi...). Il nous dit qu'il nous laisse sur la plage pour passer la nuit mais il nous emmène finalement en ville... (On ne comprend plus rien !). Là-bas, nous sommes assaillis par des étudiants (je ne suis pas très chaud pour le contact marocain après l'expérience de l'appareil photo). Mais bon, ils sont sympa, jeunes, bien habillés et sont étudiants : j'ai confiance. Nous voici donc partis à une dizaine à la découverte de la ville. Ils nous achètent des carottes, des oignons et l'un d'entre eux ramène de chez lui un brûleur sur lequel nous préparons le cooking. Il ramène également une guitare, la chicha (narghilé d'ici) et une sacrée fiesta commence... Certains arrivent, d'autres partent, c'est un vrai bordel  mais c'est sympa. Vers 11 heures, Omar nous invite chez ses parents qui nous font une surprise : thé à la menthe et tajine de poix avec le pain qui va bien. Nous sommes 6 hommes autour du plat (la mère est repartie aussi vite). Nuit normale sur sommier dur qui sert de canapé et qui entoure la pièce. Nous sommes 13 à dormir dans deux pièces (la grand-mère est là aussi !).


Maroc

19/04/2001 (Maroc) Dépenses : 0 F - Distance parcourue : 64 km

Il faut que je me rende à Rabat pour le visa mauritanien, ce qui ne m'arrange pas car je voudrais aller à Meknes et Fes. Gregg et Harry me demandent de rester avec eux alors je change un peu mon programme : nous partons pour Chefchouen, mais avant, Omar nous amène le petit-déjeuner oeufs sur le plat dans huile d'olive avec cumin, thé à la menthe, beurre blanc, pains ronds. Nous nous rendons ensuite à la medina accompagnés par le frère d'Omar. Autant c'était le bordel le plus complet hier soir (anes, charettes, impossible de bouger sans bousculer quelqu'un) autant ce matin, c'est tout à fait calme. Le stop reprend et nous arrivons à Chefchouen en deux temps. Là, nous découvrons une medina aux couleurs grecques (murs blancs et portes bleues). Cette ville est en pleine montagne (le rif), ce qui lui donne un cachet particulier. Mes amis fument leur haschich et se déplacent à 2 km/h, ce qui commence à m'agacer un peu (je ne pense pas être stressé pourtant). Pour la nuit, nous trouvons un type qui nous confie à deux jeunes pour qu'ils nous conduisent jusqu'à un "coin super" dans la montagne au-dessus de la ville. Nous grimpons pendant une heure, nous venons de croiser la maison d'un gardien de chèvres et comme il fait presque nuit, nous décidons de nous arrêter ici. Les jeunes parlent pour nous au gardien de chèvre qui nous propose de dormir dedans ou dehors, et nous préférons la belle étoile. Nous faisons du feu et je prépare un très bon couscous (bon parce que oignons, graines, épices avaient été achetés la veille au marché). Ensuite, c'est guitare, mes mais fument 4 ou 5 joints, les jeunes, sympas, nous quittent dans la nuit (dieu seul sait comment ils ont pu voir leur chemin...). La nuit est difficile : les chiens se mettent à hurler pendant plus d'une heure et la pluie s'y met.

 

20/04/2001 (Maroc) Dépenses : 70 F - Distance parcourue : 99 km

Une journée qui commence super bien et qui finit super mal... Mais reprenons depuis le début. Le matin, le gardien de chèvres me voyant préparer du feu, nous invite au petit-déjeuner dans sa grotte qui s'avère être, à l'intérieur, une vraie maison. Pain, oeufs, café au lait. Il sort ensuite une pipe et nous fait fumer un truc de folie, nous sortons indemnes et ravis de cette expérience. Comme je pars faire notre vaisselle de la veille, sa fille veut la faire à ma place. A priori, c'est comme ça ici ! Je lui en donne la moitié et je fais le reste. Les femmes ont, dans cette région, une coiffe traditionnelle colorée et faite de tissus et d'osier. J'ai ensuite beaucoup de mal à bouger mes deux compères qui sont toujours aussi sympas mais bien trop contemplatifs à mon goût. Nous marchons 8 km, et l'on se décide (à mon regret) d'aller sur Ketama. Deux types nous emmènent, ils fument du haschich (comme tous ici). Il y a une batte de baseball dans la voiture et ils nous invitent chez eux : ils disent avoir une maison à l'entrée de Ketama (la ville est à 40km sur ma carte) et finalement nous nous arrêtons devant chez eux après n'avoir parcouru que 20 km. Je commence à ne plus rire du tout. Tout le monde fume dans la pièce, il y a les enfants (ce qui me rassure un peu) mais aussi deux battes dans les toilettes. Ils nous montrent la machine qui sert à faire les plaquettes d'expédition de la drogue vers l'Espagne... Point trop n'en faut et je décide de partir malgré le froid et la pluie. Quant à mes amis, ils préfèrent rester. J'arrive à Ketama (1 stop, 1 bus) dans la rue principale qui craint à fond... C'est sale, ambiance tendue, têtes pas engageantes, tous viennent me parler. Je fonce jusqu'au premier hôtel et pour 50 francs, j'y reste jusqu'au matin.

 

21/04/2001 (Maroc) Dépenses : 100 F - Distance parcourue : 220 km

Le type de l'hôtel me réveille comme convenu mais je ne le trouve plus pour récupérer mon visa et payer. Je rate ainsi deux bus. Au matin, c'est plus calme, il y a un peu de soleil. Je quitte la capitale du haschich sans regrets, et je profite du paysage, magnifique : champs verts (toujours le haschich...) et terre couleur Sienne, c'est la haute montagne... Pour se déplacer en taxi, ici, c'est le système "je démarre quand je suis plein " (idem pour le bus !) : cela peut durer une demi-heure. C'est ce qui se passe pour le moment, et nous nous entassons à 7 personnes avant de démarrer. Le paysage dans la vallée change et c'est maintenant un patchwork de champs marron clair, verts, rouges, jaunes... qui nous entoure. Une fumée noire monstrueuse me fait penser qu'il y a un feu monstrueux à Fes mais ce sont les usines de céramiques. Je vois surtout des femmes au travail dans les champs, chargées de foin comme des mules, ou entrain de puiser de l'eau. Je visite la medina de Fes et je recommence le stop (qui s'avère être très efficace au Maroc : au plus une demi-heure d'attente mais le plus souvent, je ne patiente pas plus de 5 minutes. Un marocain m'a dit que cela ne se faisait pas ici et que ce n'était que dans les films...). Un premier de 5 km et un second, couvrant la même distance avec Khalid, et qui se termine chez lui, dans sa famille autour d'un plat de tajine à déguster avec les doigts (on se lave les mains après...). La femme et les enfants de Khalid sont à Lille et il doit les rejoindre dans 7 mois. Je vais pour la première fois aux toilettes marocaines, mais je vous raconterai cela à mon retour car la personne qui s'occupe de mon courrier pour la mise à jour du site refuse de donner dans l'explication scientifico-scato que je lui  ai fournie : donc il faudra patienter pour les détails. Re-stop et Mohamed me fait parcourir les 60 km qui restent pour Meknes. On écoute radio Midi en français et en arabe. J'ai ainsi les informations qui ne me captivent pas vraiment. Le roi Mohamed VI se trouve à Meknes et la ville est ornée partout de drapeaux marocains. Mohamed (pas le roi !) me dépose près de la médina et me montre un hôtel à 60 dirhams (40 F). Je prends une douche froide et je vais chez le coiffeur négocié à 15 dirhams (10 F). Je termine par une demi-heure d'internet (3 dirhams : 2 F).

 

22/04/2001 (Maroc) Dépenses : 50 F - Distance parcourue : 136 km

Il est 7 heures, je décide de visiter l'ancienne medina de Meknes à l'aube pour voir un souk au calme. En effet, cela change ! Il n'y a pas un bruit, tout est fermé et je peux déambuler dans les ruelles à ma guise sans bousculer quiconque. Par contre, il devient plus facile de se perdre, le flot des touristes étant très pratique pour retrouver l'axe principal et rentrer. Je découvre pour 3 francs ce qui risque de devenir mon petit déjeuner pour les prochains jours : la brique triangulaire de lait frais, délicieux avec la baguette et un peu de beurre que m'étale l'épicier (ça, on ne sait pas faire chez nous : tu achètes ta plaquette de beurre et c'est tout !). Ces briques sont retournées à l'usine si elles ne sont pas vendues dans la journée. Je vais dans le cybercafé puis je passe devant un marché en plein air où je croise deux jeunes marocaines qui rigolent en me voyant. Je leur demande pourquoi elles rient mais elles ne parlent pas français. Elles m'invitent néanmoins à jouer de la guitare, à manger des sardines et boire le thé sur le marché. La guitare me permet enfin de manger gratos. Un camion m'emmène ensuite jusqu'à Khémisset (quand la roue a été changée...) où je rencontre Ahmed qui accepte de me  transporter jusqu'à Rabat, mais seulement après avoir pris le café chez lui. Dans ces moments, difficile de savoir si on peut ou pas faire confiance, le risque étant, si l'on refuse, de perdre d'excellentes occasions de faire de son voyage une réussite en rencontrant chez eux les habitants du pays. Il est 14 heures, Ahmed me laissera à Rabat à 21 heures ! J'ai même cru à un moment qu'il voulait juste m'inviter pour passer un bon moment avec moi et qu'il n'envisageait plus de me " convoyer ". Il me présente son ami Ali et surtout sa s¦ur Fatima qu'il veut marier avec moi (si, si, il est très sérieux !). Pour l'occasion nous buvons un Guerrouare rouge accompagné du tajine de mouton avec les pruneaux et des graines de sésame. Nous discutons 3 heures autour de ce repas si généreux. Nous partons à la nuit tombée pour une visite de Rabat et un dernier café. Sa soeur changé deux fois de vêtements et s'est maquillée pour l'occasion. Je la quitte en lui disant que si je peux faire quelque chose pour elle, je le ferai. Je prends une chambre à 40 francs dans la vieille médina Suira.

 

23/04/2001 (Maroc) Dépenses : 350 F (visas) - Distance parcourue : 298 km

Aujourd'hui, journée administrative. Je me rends au Consulat de Mauritanie à 9 heures : après avoir donné 70 francs et deux photos, on m'informe que je pourrai récupérer le visa à 13 heures. En attendant, je vais en ville pour acheter un nouvel appareil photo. J'ai payé le mien 3600 F et ils peuvent m'en commander un pour l'après-midi même pour 5700 francs. Je renonce. J'en profite plutôt pour visiter le mausolée de Hassan et de Mohamed V, puis le site archéologique de Chellah où je passe un moment en compagnie de cigognes (le bassin à anguilles est moins motivant...). A 13 heures, je retourne au Consulat (ils sont tous en dehors de la ville) pour récupérer mon visa et j'en profite pour en faire faire un autre pour le Mali (200 francs, deux photos et ils me le font sur le champs...). J'ai 1 mois à partir d'aujourd'hui pour la Mauritanie et 2 mois au Mali à compter du passage de la frontière. Je prends la route et Khalid me permet d'arriver à Casablanca, ou plutôt sur son périph, où je marche pendant 5 km, et où une bouteille en verre, lancée d'une voiture, explose tout près de moi. J'avise une voiture qui vient de s'arrêter pour faire un changement de conducteur : Ce sont Elachni et Leila. En fait, il fait conduire sa copine qui va passer bientôt son permis. C'est l'enfer, elle ne sait même pas garder sa file ! Au bout de 5 minutes, c'est l'accident : un camion arrache tout le côté avant de la voiture. On met le pare choc à l'arrière et je descends refaire du stop. Là, c'est l'autobus Casa/Marrakech qui s'arrête. Mohamed, le chauffeur, me demande si j'ai de l'argent. Comme je réponds par la négative, il m'invite à monter quand même pour parcourir les 199 km à venir. La route devient désertique. J'arrive enfin aux portes du Sahara. Toutes les vitres du car sont masquées par des rideaux qui nous protègent du soleil. A chaque fois que nous traversons un village, c'est la même image : les hommes au café en terrasse, des taxis, des camions, des marchandises, la viande (parfois la bête entière...) qui pend aux devantures des sandwicheries. Au Maroc, il est fréquent de voir des hommes se tenir par l'épaule ou des femmes qui se tiennent par la main ou le coude. J'apprends aussi qu'il est fréquent que les chauffeurs de cars lancent par la fenêtre des pièces de 20 dirhams (emballées dans du papier) et destinées à la gendarmerie royale qui installe des droits de passage sauvages. Si tu ne paye pas, ils t'arrêtent et te gardent un moment. A Marrakech, je retrouve la place Jemaa el Fna avec un plaisir tout particulier. Cette place est vraiment extraordinaire : malgré un côté un peu touristique, elle garde toujours cette magie de la musique, de la fumée, de l'agitation, les lampions, les charmeurs de serpents, les conteurs et mimes...mais aussi le souvenir des prisons qui se trouvent sous le bitume et dans lesquelles il est impossible de se tenir debout. Je mange le couscous chez Cheyrouni, endroit royal pour manger vite, bien et bon, tout cela en profitant de la vue sur l'agitation de Jemaa el Fna. Je fais ensuite tous les hôtels, mais je finis sur une terrasse : pour 15 francs, je m'endors sous les étoiles.

 

24/04/2001 (Maroc) Dépenses : 20 F - Distance parcourue : 375 km

Réveil à 5 heures au chant du muezzlin. Je descends un étage et je ne résiste pas au plaisir de prendre une douche chaude (je n'ai pas le droit, mais bon...). Je marche pendant 5 kilomètre pour sortir de la ville et Abdellah me fait parcourir 5 km de plus sur sa mobylette. Rahal me mène ensuite jusqu'à Tiznit. Puis je rencontre Simon  (super gentil) qui accepte ma compagnie dans sa R4  à Bouizakarne. La route est impressionnante, tout est rouge et désertique. Il y a des cactus... Nous franchissons les montagnes : vue grisante garantie. A Bouizarkarne , je fais sensation en faisant du stop devant l'école. Il est tard et personne ne s'arrête. J'ai soif, je n'ai plus d'eau et des jeunes traversent la route pour m'en offrir un verre plein (essaye de faire cela en France...). Je fais connaissance avec Peter et Thomas qui se rendent aussi au convoi militaire de Dakhla, dans leur camion, acheté en Allemagne et qu'ils doivent revendre en Gambie dans 7 semaines. Thomas est entrain de monter une pizzeria dans le village de Chefchouen et ne semble pas très emballé par la perspective d'un retour en Allemagne. Ils dorment sur le toit du camion, sur un vrai matelas...

 

25/04/2001 (Maroc) Dépenses : 70 F - Distance parcourue : 1043 km

Réveil : 5 heures. Je vais me baigner au sauna du camping, grande piscine à 35°c (merci à la source d'eau chaude naturelle...). C'est très calme, cinq hommes sont déjà là, et nous jouissons de ce cadeau de la terre avec respect et dans le silence. Nous attaquons avec le moral les 1043 km qui nous séparent de Dakhla. Nous devons y être ce soir. Après la montagne, nous retrouvons la mer, les dunes de sable, c'est le Sahara Occidental. Ici, on croise des dromadaires, des camions de sardines, des taxis Mercedes et des Jeep. Je vois d'immenses mirages. Avant Tarfaga, la route s'arrête, elle est bloquée par le sable. Nous contournons la ville par une petite route. Rencontre avec deux poids lourds de l'armée qui transportent une compagnie de dromadaires qui semblent résignés à supporter ce voyage dans la benne. Il fait nuit maintenant et nous roulons à 80 km/h. C'est long, très long. Nous sommes contrôlés cinq fois par la gendarmerie royale et il faut à chaque fois donner les passeports, le nom des parents, et marcher pour marcher jusqu'au poste (un quart d'heure au minimum). Nous arrivons enfin au camping de Dakhla.

 

26/04/2001 (Maroc) Dépenses : 150 F - Distance parcourue : 0 km

Le camping est vraiment pourri, je paye 15 F pour dormir sur le sol, dans un terrain envahi de briques et de cannettes. J'en profite pour faire un abri car le vent sur la côte est assez fort. Après une douche froide (forcément !), les formalités commencent : passage au Commissariat Central, à l'armée et aux douanes, ces bâtiments étant bien sûr, tous dans des quartiers différents... Malgré tout, cela va vite et Thomas connaît le fonctionnement, ayant déjà fait le voyage il y a quelques mois. Je laisse mes amis vers 11 heures pour le cyber-café : c'est long, très long, on doit être au bout du monde car pour envoyer un petit mail, il faudra attendre presque 2 minutes... Comme j'ai envie de profiter de cet après-midi à passer ici pour rencontrer du monde, je me rends dans une cantine où je négocie pour 12 dirhams (8 F) un plat de haricots blancs et morceaux de poulet. Là, je rencontre un étudiant, Hamid, qui fait les peintures des devantures. Il m'en montre une de lui lors de notre promenade. Il fait des tableaux  mais personne ne veut payer plus de 8 francs pour ses toiles, alors il se résigne à peintre des façades. Ensuite, il me montre les bateaux des pécheurs de poulpes, tous en quarantaine pour le moment. Ils attrapent ces poulpes avec des petits bidons, il y en a plein sur cette plage. Il m'invite chez lui : une porte bleue en fer, une seule pièce, des palettes qui servent de lit, c'est tout. Il achète pour l'occasion une madeleine et une bouteille de Fanta que nous partageons avec ses amis Tiane et Moudne. Ils veulent tous aller en France parce que là-bas, il y a beaucoup d'argent et de travail. Je leur explique que je comprends qu'ils veuillent voyager pour voir autre chose mais qu'il n'y a pas tant de travail que cela en France et que la vie y est chère...Pour que leur rêve se réalise, il leur faut étudier en France (minimum 13 de moyenne et 40 000 dirhams en banque) ou obtenir un contrat de travail de la France qu'ils peuvent alors présenter pour avoir le visa. Hamid veut me donner un collier en souvenir : il est fait de deux morceaux et comme je ne veux pas accepter son cadeau car il n'a rien, j'en fait deux bracelets. Je lui en donne un et garde l'autre en cadeau. Il me dit : " ce morceau n'a pas de chance car il va rester là alors que le tien ira à Paris ". Je lui répond que le sien profitera du soleil alors que le mien connaîtra la grisaille. Je les quitte avec un peu d'émotion, après une soirée autour du feu.

 

27/04/2001 (Maroc) Dépenses : 30 F - Distance parcourue : 277 km

Réveil, petit feu et direction le convoi à 9 heures du matin. Nous arriverons à la frontière à minuit ! Que s'est-t-il passé entre-temps ? Rien d'autre que des formalités, des attentes inexpliquées, 2 heures ici et 1 heure 100 mètres plus loin. Tout le monde attend sagement et le convoi se forme progressivement, une trentaine de véhicules en tout, avec autant de mauritaniens que d'allemands ou de français. Je rencontre Fiz, un espagnol qui fait le tour du monde à vélo en 5 ans. Il finira avec moi dans la voiture des allemands qui se retrouvent, du coup, avec deux " tourdumondistes ". Fiz a eu un accident au Maroc et a dû faire venir un nouveau vélo. Il a aussi retrouvé un serpent dans son duvet récemment... Nous discutons " tour du monde " avec passion. Nous dormirons d'ailleurs l'un à côté de l'autre, à même le sol, après avoir rigolé une bonne partie de la nuit autour du feu avec les autres. La route devient complètement désertique, c'est magnifique. Nous croisons des troupeaux de chameaux, la route disparaît sous le sable soulevé par le convoi. La route est tellement étroite qu'elle ne permet pas le croisement de deux voitures : il faut que l'une d'entre elles roule sur le bas-côté en gravillons.  Il faut imaginer le contraste de la mer bleu turquoise avec le sol jaune, puis rouge.

 

28/04/2001 (Mauritanie) Dépenses : 200 F - Distance parcourue : 40 km

Nous espérons arriver  enfin à Nouâdhibou mais il nous faudra patienter jusqu'à 15 heures pour enfin y parvenir, après de multiples arrêts aux postes de contrôle (soit une petite tente voire deux morceaux de tôle accolés, et juste un bureau posé sur le sable). C'est l'arnaque : Thomas n'a pas déclaré ses francs et il a un peu de bière. Nous avons donc droit à une fouille poussée du véhicule et le douanier explique à Thomas qu'il devrait avoir une amende de 25 000 francs mais qu'il était prêt à se montrer conciliant et oublier tout pour 800 francs... et Thomas sort ses billets, résigné. Ensuite, le convoi s'arrête là où  la route fait de même pour devenir une piste ensablée. Nous avons rencontré Nicolas, Thomas et Ahcene, ils ont un ami du coin qui va nous guider pour éviter l'enlisement. Nous sommes au milieu des dunes, c'est très beau, le vent souffle fort et je mets le chech pour la première fois. Les trois amis ont acheté une Mercedes en Allemagne pour la revendre au Sénégal. Thomas m'explique la pression qui a été exercée sur les Saharaouis qui revendiquaient le Sahara occidental, ainsi que les tensions entre le Maroc et la Mauritanie qui s'apaisent aujourd'hui. Nous arrivons à Nouâdhibou après un bon coup de chaleur. Ici, tout le monde est noir, nous ne sommes décidément plus au Maroc... Au camping d'Asimex, on nous propose le méchoui si nous acceptons de payer 60 francs chacun (nous sommes huit). Nous sommes d'accords et il part acheter le mouton sur pattes. La soirée s'est passée autour de la bête, farcie au couscous, un vrai délice ! Je me sépare de mes amis (ils poursuivent vers Nouakchott) car je désire prendre le train minéralier de Choûm aller voir les dunes de Chinguetti et le Fort Sagane.


Mauritanie

29/04/2001 (Mauritanie) Dépenses : 150 F - Distance parcourue : 460 km

Quelle surprise ! Je suis dans un nouveau monde : le marché est dément et les gens sympas. C'est l'Afrique ! Je suis arrivé au centre-ville en cariole menée par une mule (le stop mène à tout...). J'achète pour 120 francs un appareil photo pour remplacer temporairement le numérique volé. Moussa et Suliman m'invitent à boire le thé. Ils tiennent un magasin de bijoux. Ils fument la pipe d'ici : courte comme un fume-cigare, en forme de flûte, dans laquelle ils fument du tabac noir. La gare ressemble plus à une plage avec, posé dessus, un hangar en béton. Je rencontre un malien qui partagera mon wagon. Il y a des paquets partout sur le sable. Le vent, violent, soulève le sable et nous oblige tous à porter le chech fermé, c'est surréaliste ! Le train arrive. Des bennes vides destinées à descendre le minerai de Fdérick à Nouâdhibou pour transfert par bateau. Le train fait 1 km de long et tout le monde monte dans les bennes. On entend un bruit se rapprocher, c'est l'onde de choc entre les wagons. Surpris, je recule d'un mètre et manque de tomber. Le bruit est infernal. A chaque arrêt, les hommes et les femmes s'accroupissent pour pisser à la vue de tous. Le paysage est fabuleux : dunes, plaines, dunes...Je mange du sable, j'en ai partout ! Je me réfugie dans mon sac de couchage, un peu inquiet car je n'ai ni réveil, ni la moindre idée de Choûm. Cela ne va pas faciliter mon arrêt avant le terminus (180 kilomètres plus loin).

 

30/04/2001 (Mauritanie) Dépenses : 60 F - Distance parcourue : 200 km

Il est deux heures du matin et nous arrivons. Tout de suite, c'est l'agitation. J'ai bien envie de dormir ici  mais on m'explique que demain, il n'y aura plus de voiture : le village vit au rythme des arrivées du train minéralier. Un type accepte de m'emmener pour 60 francs (après d'âpres négociations !). Cela devient fou, je grimpe en pleine nuit sur un tas de planches et des paquets fixés sur la Jeep. Nous sommes cinq dessus et trois à l'intérieur. Pas question de dormir, je vais passer trois heures à essayer de ne pas tomber du véhicule fou. Le soleil se lève, c'est beau, un peu " Out of Africa ". Nous faisons une pausethé et somme rapide. Arrivé à Atar, je commence le stop pour Chinguetti (30 km). Les gens, à qui je demande s'il y a toujours aussi peu de voitures, me conseillent de m'adresser au poste de police, où les véhicules s'arrêteront pour le contrôle traditionnel. Là, le garde Ahmed m'invite à boire le thé. Il se fait tours en trois tasses, bues en trois fois : trois le matin, trois le midi et trois le soir. Le premier amer comme la vie, le second fort comme l'amour et le troisième suave comme la mort. Il est court et bu brûlant. Il aura ainsi satisfait l'ouïe, la vue, l'odorat, le goût et ranimé les forces du caravanier. Il m'explique ensuite qu'il n'y a plus de voitures car la saison touristique se termine à cause des chaleurs. En plus, ce n'est pas une route qui mène jusqu'à Chinguetti, mais une petite piste. Sur ce, il me propose de dormir ici et de me réveiller lorsqu'il aura trouvé quelqu'un pour m'emmener. En fait, il fait du stop pour moi en arrêtant toutes les voitures. Il me dit que je peux faire cela dans tous les autres postes de police. Je vais passer ainsi un long moment (jusqu'à 15 heures) avec Ahmed et son ami Sid Ahmed qui est gendarme et qui fait aussi du stop pour Chinguetti. Cela peut paraître fou de passer 7 heures dans une pièce à attendre mais c'était très émouvant. Nous avons partagé le Mafe, plat Guinéen (à manger de la main droite préalablement lavée). Ils ont la technique pour faire des boulettes avec la main, ce qui évite de faire tomber la graine sur le tapis (cela m'arrive plusieurs fois). Ensuite, c'est la sieste... pas une voiture pendant deux heures, seul un millier de mouches nous force à adopter la protection totale avec le chech. Il fait 43° dehors, 34 °dedans. Sylvie passe avec son 4X4 et accepte volontiers de nous emmener. Elle tient une auberge à Chinguetti et me parle de Théodore Monod, qu'elle a rencontré (il est d'ailleurs passé plusieurs fois à Chinguetti). En cours de route, nous nous arrêtons pour boire le zrig (lait caillé coupé d'eau et sucré) dans une calebasse que nous tendent deux femmes dans une tente au bord de la route. Ici, c'est le salamalek continu : " bonjour ", même réponse, " Quelles sont les nouvelles de la famille ? ", " Est-ce que tout va bien ? ". En fait, à ce stade de la conversation, il ne faut pas dire si cela va, on ne répond rien car le contact n'est pas établi. Parfois, on recommence la même série... Sylvie m'invite sans salamek inutile dans son auberge. Nous arrivons dans les palmeraies de la cité universitaire saharienne, ville sainte où se réunissaient les caravanes en partance pour le pèlerinage de la Mecque. Les rues sont des dunes et le 4X4 fait du ski... Coucher de soleil avec les chameliers, le thé est fait sur le sable, très simplement. Couscous à l'auberge et enfin, repos.