01/08/2001 (Yemen) Dépenses :
59 F - Distance parcourue : 320 km
Je
prends mon petit déjeuner dans la rue. Un camion, une
voiture, un camion, un taxi avec Said qui m'invite à
déjeuner. Je marche ensuite en plein désert, c'est
comme dans les films, je me demande ce que je fais là,
les automobilistes aussi. A croire qu'ils me laisseraient crever...
Hussein m'emmène jusqu'à Sayun. Après les
canyons arrides, on traverse la région d'Adramout. C'est
superbe, l'oued au milieu, l'eau y a creusé des milliers
de méandres dans la terre rouge. A droite et à
gauche, les falaises des canyons, des palmiers chargés
de dattes rouges, des villages aux palais en forme de tours.
Shibam se dresse dans cette plaine où nous croisons des
femmes voilées de noir qui rentrent des champs. J'obtiens
sans trop de difficultés l'autorisation de circuler pour
Al Gajdah. Je m'installe dans un hôtel au centre et je
dîne de fruits et de loukoums.
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02/08/2001 (Yemen) Dépenses :
0 F - Distance parcourue : 200 km
Levé
à 5 cinq heures, je galère vite pour le stop.
Personne pour me donner un coup de main pour trouver ma destination
et l'inscrire en arabe sur un morceau de carton. Abdedal al
Based m'emmène pour Tarim mais nous sommes vite stoppés
par un bouchon. C'est l'oued qui déborde. Les voitures
ne peuvent pas passer et je finis par traverser à pieds,
de l'eau jusqu'aux cuisses. De l'autre côté, Salim
accepte que je l'accompagne jusqu'à Tarim puis me met
dans un taxi. Mais au bout d'une heure, nous ne sommes toujours
pas partis, car le taxi n'est pas encore rempli. Je reprends
mon argent et je pars sur la route à pieds. Je marche
longtemps avec aisance mais d'un coup la chaleur m'accable et
je me pose un moment. Une voiture s'arrête et me voici
nez à nez avec un plat de poulet (sur les genoux du passager).
Ils m'emmènent. Ils sont foreurs et doivent me déposer
au début de la piste qui conduit à Al Ghayda.
On passe l'après à tuer le temps (en machant du
Gât) car il fait trop chaud pour la moindre activité.
Nous sommes installés au croisement de plusieurs route,
ce qui en fait un passage obligé des camions qui vont
dans ma direction. Vers 1 heure du matin, sort de la nuit un
camion qui va à Al Ghayda. Je montre le mot en arabe
que l'on m'a confié et me voici à moitié
endormi à l'arrière du camion coincé entre
les sacs d'oignons qui dégagent une forte odeur à
laquelle il faut bien que je me fasse. Je m'endors sous les
étoiles.
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03/08/2001 (Yemen) Dépenses :
13 F - Distance parcourue : 300 km
Nous
somnolons tous et le soleil commence à piquer. Nous sommes
en plein désert. Nous roulons toute la matiné
et ne faisons une pause qu'au milieu de l'après-midi.
Nous repartons vers 15 heures et comme la tempête menace,
nous recouvrons le camion d'une bâche sur laquelle nous
prenons place. Nous continuons le voyage le chech sur les yeux
et sur la bouche et ne parvenons à Al Ghayda qu'à
20 heures. Je trouve vite où passer la nuit : une fumerie
de chicha.
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04/08/2001 (Yemen)
Dépenses : 15 F - Distance parcourue : 350 km
Je
me rends tout de suite au poste de police afin d'obtenir la
fameuse autorisation de circulation vers Oman. J'y passe plus
de 2 heures, je passe d'un bureau à l'autre et finalement,
je décide de passer outre et je prends la route sans
autorisation. Abdel m'emmène jusqu'à la frontière.
Là, la famille Balhaf me conduit jusqu'à Thumrait,
c'est que de la piste. Il est 18 heures et le stop est infructueux,
malgré le nombre élevé de voitures qui
passent. Je grimpe sur le toit d'un abri-bus et je passe la
nuit sous les étoiles : spaguettis, dattes, thé,
duvet car la nuit est fraîche.
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05/08/2001 (Yemen) Dépenses :
0 F - Distance parcourue : 782 km
Je
commence la marche dès le lever du soleil, mais je dois
patienter une bonne heure avant que Saïd et son fils me
prennent en stop. Je parcours ainsi 200 kilomètres. Ils
m'offrent également à manger et à
boire. Ce n'est pas de chance, il n'y a personne ensuite qui
aille dans ma direction et je commence à souffrir sous
le soleil de plomb. Je me réfugie un moment dans une
station-service. Les gens sont sympas, ils m'offrent à
boire, cherchent à me donner un coup de main. Au bout
de cinq heures, la police me trouve un véhicule et je
reprends la route avec Naisran, un chauffeur indien qui tourne
de l'oeil toutes les deux minutes et frôle le bord de
la route sans arrêt. Nous faisons une pause " poulet-riz-thé
" et je m'endors ensuite dans le camion. Tout autour, c'est
plat et complètement désertique.
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06/08/2001 (Dubaï) Dépenses
: 0 F - Distance parcourue : 473 km
Il
est une heure du matin et je réveille quand nous nous
arrêtons à Nizwa, le sac sur le dos. Je termine
ma nuit sur des cartons, près de l'endroit où
sont garés les camions (histoire de ne pas rater celui
qui ira à Dubaï). A cinq heures, je plie mes petites
affaires et j'avise Asis, chauffeur pakistanais, qui m'emmène
jusqu'à la frontière (il faudra tout de même
cinq heures !). Là, je dois abandonner le véhicule
qui ne peut pas entrer dans les Emirats Arabes Unis, faute de
quelques papiers. Me voici donc de nouveau à pieds, vers
midi, comme d'habitude. Je fais attention à ne pas me
faire voir de la police des Emirats. Finalement, après
avoir avalé les kilomètres et au moment où
mon moral commençait à flancher, Mohamed me conduit
à Dubaï et pousse la gentillesse à me prêter
son portable pour que je puisse appeler mon ami Lars. Ce dernier
m'accueille chaleureusement, après 9 années sans
se voir. Ici, c'est le royaume du gratte-ciel et de la bagnole.
On dîne en ville d'un plat indien. J'hallucine devant
tout ce luxe, les téléphones portables, des européens,
des musulmans en tunique blanche cintré du cordon noir,
des indiens, des pakistanais et une consommation impressionnante.
Je mange avec une fourchette pour la première fois depuis
la Côte d'Ivoire.
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Dubaï
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07/08/2001 (Dubaï) Dépenses
: 157 F - Distance parcourue : 0 km
La
priorité de ce matin, c'est de faire le siège
de l'ambassade de l'Inde. Cela s'avère assez long, mais
j'obtiens la promesse que mon visa sera prêt samedi après
avoir versé un acompte (l'équivalent de 100 francs).
J'essaye également l'ambassade d'Iran, mais ils me demandent
deux semaine de délai. Je rentre un peu découragé
à la maison parce que je suis coincé encore presque
une semaine et le retard s'accumule. Lars est un ami que j'ai
connu en Angleterre. Il était l'un les 13 qui formaient
la table chaque soir à Stefenson hall, chacun venant
d'un pays différent. Il était impossible de s'y
ennuyer tellement les échanges étaient enrichissants.
Nous dînons ensemble dans un autre centre commercial de
Dubaï.
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08/08/2001 (Dubaï)
Dépenses : 60 F - Distance parcourue : 0 km
Petit
déjeuner de roi et Franky, notre chauffeur, nous emmène
au siège d'Energy Solutions International, l'office de
Lars dans le Dubaï Airport Free Zone. Me voici avec Ayesha,
ma secrétaire personnelle pour la journée. Elle
va se démener pour contacter compagnies aériennes
et ambassades, Franky, à ma disposition si je dois me
déplacer, et, en prime, un ordinateur avec une connection
internet. Tout cela pour moi, je dois rêver ! L'avion
pour Karashi est déniché, pour 870 francs (Emirats
Airlines) et j'en profite pour me racheter des chaussures. Je
travaille ensuite confortablement installé dans ces locaux
magnifiques et je trouve fou de voir à quel point on
retrouve vite ses anciennes habitudes. Je me sens un peu comme
chez Ford, devant mon PC, sur la moquette, les portes en verre,
les salles de réunion, les transferts de lignes pour
le téléphone... Le soir, nous partons pour l'Aviation
Club, endroit ultra sélect où on joue au Beach
Volley. C'est très sympa, la température est redevenue
raisonnable et on joue de manière acceptable (enfin pas
si mal, quoi !). Bon, il y a de la moquette dans les vestiaires,
les douches sont rutilantes et les porches sont garées
devant la porte du club. Je donne dans le contraste. Nous dînons
d'un vrai fish and chips anglais, histoire de se souvenir un
peu. Merci Lars pour ce bon moment.
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09/08/2001 (Dubaï) Dépenses
: 93 F - Distance parcourue : 0 km
Je
suis interviewé par le journal Gulf News qui se montre
intéressé par mon projet. Anupa et Hadrian restent
avec moi pendant 1 heure 30 et prennent des photos. L'article
devrait être sur le site. Ensuite, safari-photo dans la
ville. Nous allons à la plage et nous voyons le Jumeirah
Beach Hotel, construit sur un îlot, avec piste d'hélicoptère
et restaurant panoramique au dernier étage. Une construction
futuriste assez sympa, les chambres allant de 3 000 à
110 000 francs, je ne demande pas s'ils prennent la carte jeune.
Dans la ville, les immeubles sont rutilants. La position stratégique
de ce pays et sa " souplesse " au niveau des règles
de l'Islam ont attiré toutes les grandes entreprises
internationales qui en ont fait leur camp de base pour les pays
du Golfe. Je rentre à pied, avec de quoi se mitonner
un bon repas. Nous profitons de la piscine en haut de l'immeuble
de Lars et passons une soirée sympa.
INTERVIEW
DE FRED (ANGLAIS)
Frederic Gele shows the places he has
visited. ©Gulf News
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10/08/2001 (Dubaï) Dépenses
: 310 F - Distance parcourue : 300 km
Lars,
Franky et moi partons pour Dibba. Nous longeons les dunes et
passons devant des villas hallucinantes à la sortie de
Dubaï. Kunt nous accueille au club de plongée de
l'Holiday Beach Hotel (maku@emirates.net.ae et www.geocities.com/maku-divecenter). Lars et moi plongeons ensemble
dans une eau à 30°degrés, un peu trouble.
Nous découvrons, tant bien que mal, des centaines de
mètres de coraux couverts de poissons qui se cachent
à notre approche. On en profite à fond, c'est
un régal. J'aperçois même une raie du bateau.
Une petite heure dans le big blue, 3 jours de budget engloutis.
Soirée pizza tranquille pour finir...
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11/08/2001 (Dubaï) Dépenses
: 138 F - Distance parcourue : 0 km
Je
travaille au bureau sur internet pour régler l'obtention
de mes visas et me renseigner sur les prochains pays. Puis le
temps se passe tranquillement entre la guitare et la piscine,
avant d'aller dîner avec Lars au Lamcy plaza commercial
center pour se dire au revoir. Il prend l'avion demain pour
la Suisse pour devenir papa très prochainement.
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12/08/2001 (Dubaï) Dépenses
: 0 F- Distance parcourue : 0 km
Je
plie bagage, je mange tout ce qui traîne dans le frigidaire
car il n'y aura personne pendant des semaines. Franky m'emmène
à l'ambassade d'Inde où j'apprends que mon visa
n'est pas prêt, il faut revenir demain ! Je vais à
l'ambassade de Chine, la fille me reconnaît, elle m'a
vu dans le journal mais ne m'aide pas trop concernant les infos
d'accessibilité au Tibet depuis le Népal. Je me
retrouve donc seul dans l'appartement au lieu d'être dans
l'avion pour Karachi, face à moi-même. C'est propice
à la méditation et j'y passe le reste de la journée.
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13/08/2001 (Dubaï, Pakistan) Dépenses
: 332 F - Distance parcourue : 38 km
Je
pars directement pour l'ambassade d'Inde pour y déposer
mon passeport. Il est 10 heures, 8 heures donc en France ce
lundi et je me doute que personne n'a travaillé sur mon
visa en France dimanche ou ce matin, c'est certainement encore
fermé. Le consul a l'air surpris de ne pas avoir la réponse
de la France, moi pas. Je plaide ma cause et il passe le document
(j'aurais donc pu avoir mon visa 5 jours plus tôt, keep
smiling...). Je m'occupe de faire du change. Arrivé à
l'ambassade d'Inde à 14 heures 30, on m'annonce qu'il
faut revenir à 15 heures 30. Une heure plus tard, je
découvre qu'il n'y a qu'une seule entrée sur mon
visa, ce qui n'est pas ce que m'avait promis le Consul. J'y
retourne illico pour faire modifier la chose. Le Consul n'est
plus là mais à force de négociations, j'obtiens
la double entrée (il m'en coûtera 400 francs).
Après un autre contretemps du même genre à
l'aéroport, je me retrouve dans un super appareil d'Emirats
Airlines où je peux sélectionner de mon siège
des images données par deux caméras fixées
à l'extérieur de l'avion. Je m'offre donc pour
la première fois un décollage et un atterrissage
comme si j'étais dans la cabine de pilotage. Nous arrivons
sur Karachi vers 22 heures. La ville a l'air d'être immense,
je n'ai pas trop envie d'y rester et je prends la direction
de Chaukundi dès ma sortie de l'aéroport. Selon
mes documents internet, j'ai 10 km à parcourir mais la
police pense que c'est plutôt 80 km et les passants estiment
que Chaukundi est à 40 km. Coup de chance, un camion
m'y conduit. Ils sont délirants ces camions : ils ressemblent
à des temples indiens ou des boîtes à bijoux.
Aucune signification religieuse, c'est juste par soucis de l'esthétique
que les chauffeurs décorent ainsi leur outil de travail.
Sur la benne, des peintures (colombes, paons, lions, femmes,
généraux...) et tout autour des ribambelles de
chaines où sont suspendus des disques métalliques
qui tintent avec le vent, c'est un vrai concert de carillons
quand tu en croises un. La cabine est en bois, les portes sont
sculptées et ferment avec un bon vieux verrou des familles.
À l'intérieur, tout est également décoré.
Je dors dans un champ, un peu caché par des arbres à
piques. Il fait un chaleur infernale (30°) pendant toute
la nuit et je dois compter avec les fourmis noires.
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Pakistan Inde
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14/08/2001 (Pakistan) Dépenses
: 0 F- Distance parcourue : 164 km
Je
me réveille et je me rends compte que je suis à
600 mètres des ruines. C'est un ensemble étonnant
de tombes constituées d'empilement de blocs sculptés.
On retrouve ces motifs sur les poteries et les vêtements
d'aujourd'hui. Simon, un américain qui s'occupe d'une
pisciculture, puis Moham me font parcourir quelques kilomètres.
Je continue la marche vers Thatta et je découvre un site
magnifique : Maklihill (voir photos). C'est un ensemble de temples
et de monuments funéraires, assez animé (montreurs
de cobra et de mangoustes, passants, vendeurs...). Les gens
me tendent spontanément la main et me posent mille questions.
Soheb, vendeur de bijoux, m'offre une petite pause sur son tapis,
une bague et un collier. Il paraît heureux et insouciant
malgré sa condition financière précaire.
Ici, c'est un petit Lourdes, on vient manger une sucrerie et
chanter devant les reliques. Je reprends la route, en plein
soleil... Après avoir visité la grande mosquée
de l'empereur mongol Shah Jehan, je fais la rencontre de Mohamed
qui m'emmène avec ses copains dans un minibus jusqu'au
lac Haleji. C'est la fête, ils sont entassés tout
habillés dans l'eau marron. C'est vraiment étrange
cette " foire du trône " en bord de lac. Nous
sommes invités à manger et l'homme qui nous reçoit
ne mange pas et reste debout pour nous servir. Pour la nourriture,
ceux qui n'aiment pas les épices, s'abstenir : curry
de poisson, oignons, riz à l'indienne, poulet... Nous
nous baignons dans l'Indus, aussi marron que le lac. Il y a
un fort courant et un homme surveille d'un bateau au cas où.
Mohamed m'offre le gîte et le couvert pour la nuit et
je m'empresse d'accepter. Dans un bar, des hommes jouent avec
des pavés circulaires sur un billard lisse sur lequel
du talc a été étalé pour la glisse.
Mohamed m'emmène avec lui voir un de ses amis qui est
en prison pour trafic de haschich. Pendant qu'ils discutent
tous les deux, le gardien se croit obligé de me faire
visiter toutes les cellules. À chaque fois, c'est 1/4
d'heure de questions/réponses/mains serrées/rires
/étonnement avec les 20 occupants de chaque cellule.
Je ne pensais pas faire cela pendant mon voyage. Ce qui est
étrange, c'est qu'ils sont vraiment sympas et ravis d'avoir
de la visite. Plusieurs d'entre eux me demandent ce que je pense
des prisons pakistanaises, mais je m'abstiens de répondre
car le geôlier est constamment avec moi. La maison de
Mohamed est immense, tous sont très érudits et
parlent anglais. L'un des fils est médecin, l'autre prof
d'anglais. Toute la famille vit là, la grand-mère
crache ses poumons en se défonçant avec la chicha.
Dîner, premier dessert depuis longtemps puis sommeil tranquille.
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15/08/2001 (Pakistan)
Dépenses : 0 F- Distance parcourue : 382 km
Petit
déjeuner copieux et Mohamed me redépose un peu
plus loin qu'hier (il voulait à toutes forces m'offrir
le bus, mais j'ai refusé). Amanet m'emmène jusqu'à
Hyderabab. J'ai une envie irrésistible de fruits et j'engloutis
1 kg de raisin. La chaleur est insupportable, il est difficile
de marcher longtemps. Deux motocyclettes me permettent de quitter
la ville, mais je dois patienter longtemps avant de trouver
un camion qui me conduit à Moro. Le chauffeur m'invite
à partager son dîner, accroupis sur des sommiers
de lit en bois et cordes tressées. Je passe la nuit sur
le sommet de la citerne de gasoil, l'air y circule mieux et
permet de s'endormir.
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16/08/2001 (Pakistan) Dépenses
: 0 F - Distance parcourue : 486 km
Tripes
de chèvre pour le petit-déjeuner. Le chauffeur
qui m'a offert l'hospitalité, me largue tout de suite
après. Sur la route, des drapeaux fichés sur un
mat, c'est l'endroit où repose un homme sage, souvent
un drap vert ou rouge recouvre sa pierre tombale pyramidale.
Ces endroits sont très nombreux au Pakistan. Des bus
longue distance déboulent comme des tarés et doublent
alors que deux voitures sont déjà en face entrain
de doubler. Un premier camion avec Shir, un deuxième,
qui m'invite pour le déjeuner. Au mieux, nous roulons
à 40 km/h et je m'endors au-dessus du camion qui roulera
de nuit et me laissera à Bahâwalpur vers 5 heures
du matin.
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17/08/2001 (Pakistan) Dépenses
: 0 F - Distance parcourue : 447 km
C'est
mon premier petit-déjeuner seul depuis mon arrivée
au Pakistan. Je voulais voir des vestiges mais contrairement
aux informations recueillies sur Internet, ils ne sont pas ici,
mais à Ahmadpur (55 km avant). Tant pis, je reprends
la route de bon matin. J'ai de la chance avec les camions. Le
paysage devient vert, palmiers, vaches noires qui passent leurs
journées dans l'eau. L'irrigation est un art ici. À
chaque fois que l'on croise un cheval, des enfants se baignent
dans l'eau marron. On crèvera trois fois dans la même
journée... Le camion, ce n'est pas mal, mais c'est surtout
très long (à 40 km/h en vitesse de croisière,
cela serait étonnant qu'il en soit autrement...). Nous
dînons dans un restaurant et passons la nuit sur place
(entre le resto et la route, sur des sommiers par terre).
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18/08/2001 (Pakistan) Dépenses
: 7 F - Distance parcourue : 0 km
Après
une arrivée à 10 km/h (l'un des pneus a éclaté
à l'arrière), mes amis me déposent. Yusef
me prend sur sa mobylette. Il m'invite chez lui et j'oublie
donc mon plan hôtel solitaire pour tourisme très
local comme j'aime. Nous faisons la tournée de ses amis,
il est très fier de me montrer partout. Il conduit comme
un taré et moi, derrière, je suis subjugué
par tout ce qui me passe devant les yeux. Ici, vélos,
bus, motos, camions, charrettes, voitures, tous foncent vers
le seul passage en vue avec une devise unique ", "
il faut que cela passe ! ". C'est un concert de klaxons,
c'est une véritable ville folle, les vaches et les chevaux
en rajoutent. Il y a des abreuvoirs pour les animaux et des
arrêts avec ravitaillement en foin en pleine ville. J'ai
laissé toutes mes affaires chez Yusef qui est très
fier de me faire visiter les deux chantiers dont il s'occupe
(il est conducteur de travaux). On mange en ville à toute
vitesse et bien sûr, à peine terminé, on
décampe. Dans ces pays, tu manges et tu pars, pas de
bavardages cool autour d'un café. L'après-midi,
je suis mon guide. Nous allons voir le fort de Lahore (1566),
la façade vient d'être refaite, elle est donc assez
moche. Par contre, à l'intérieur, on découvre
les anciens palaces et pavillons au milieu de jardins et de
bassins. En face, nous traversons le parvis de la gigantesque
mosquée Badshahi (briques rouges et marbre blanc) puis
on monte sur la tour Eiffel locale : le minaret Pakistan (60
mètres) offre une vue imprenable sur cette ville dingue.
Il est tard ensuite alors tant pis pour le musée et les
jardins de Shalimar (mes amis pensent que cela ne vaut pas tout
ce que l'on en dit). Mon pantalon (que je porte tous les jours
depuis 4 mois) rend l'âme lorsque j'enfourche la mobylette.
Yusef se fait un plaisir de m'acheter le pagne typique indien
à carreaux. Cela devient donc mon habit quotidien, cela
tombe bien car il est plus adapté aux grosses chaleurs.
On rentre tard à la maison, la toilette se fait dans
la cour avec un seau d'eau froide. Nous dînons par terre
et les enfants nous regardent en riant. La cuisine est très
épicée. Thé au lait et au gingembre et
toute la famille grimpe sur le toit (seul endroit où
il fait suffisamment frais pour dormir).
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19/08/2001 (Pakistan, Inde) Dépenses
: 16 F - Distance parcourue : 507 km
Le
réveil au soleil est rigolo car du toit, on voit les
voisins qui se réveillent aussi sur leur toit. Je passe
la matinée avec la famille, on se balade aux alentours
de la maison. Je les quitte en laissant du riz, un tee-shirt,
des ouvres boîtes. Yusef me conduit jusqu'à la
frontière en moto. Les adieux sont déchirants,
il est tellement gentil. Je fais mon change (j'aurais donc passé
6 jours au Pakistan pour 7 francs, ce qui est mon record absolu)
et je traverse à pied le kilomètre qui sépare
les deux postes et je me retrouve enfin en Inde, pays dont je
rêve depuis longtemps. Je quitte à présent
le monde musulman dans lequel je baigne depuis l'Ethiopie. Mukhtor,
homme enturbanné à souhait m'emmène à
la ville, 22 km plus loin sur la moto. Là, je me demande
comment je vais pouvoir traverser la rue, tellement la circulation
est dense. Kirarpal m'emmène pour 300 km à toute
vitesse, je pensais connaître la folie de la circulation
depuis le Pakistan, mais là, c'est pire. Des jeunes (14)
qui font une fête pas possible en conduisant un 4X4 prennent
mon sac sur leurs genoux et je me retrouve à 100 km/h
sur le marchepied arrière, le corps complètement
à l'extérieur du véhicule, les deux mains
agrippant l'arceau arrière. Ils dansent, chantent, me
passent un verre de cidre et jouent à faire la course
avec leurs amis dans un autre véhicule. Des singes traversent
la route. Jaskaran m'emmène puis change de plan et je
me retrouve à 100 km de Delhi, il fait nuit. À
la station-service, éclairée, je rencontre Harbhajan
qui m'emmène dans son camion pour une équipée
qui va durer jusqu'à deux heures du matin. Je suis invité
à dîner puis je m'endors dans la cabine immense
du camion. Arrivé à Delhi, je trouve le premier
hôtel à 16 francs, il y a des blattes partout,
mais je suis fatigué et je dors bien.
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20/08/2001 (Inde) Dépenses :
555 F - Distance parcourue : 0 km
Douche
et bus pour les ambassades, pour 500 francs, je peux avoir le
visa chinois aujourd'hui, ou je ne paye que 250 francs mais
je dois patienter 4 jours. Je choisis d'avoir le visa aujourd'hui.
Visite à l'ambassade du Vietnam (l'accueil est glacial),
ainsi que celle de Birmanie. Je découvre une auberge
de jeunesse (20 F) mais comme mon passeport est à l'ambassade
pour le visa, je ne peux y entrer tout de suite. J'en profite
pour mettre à jour le journal, pas touché depuis
mon arrivée au Pakistan. J'obtiens le visa chinois à
16 heures, je me suis bien sûr abstenu de dire que je
souhaitais aller au Tibet. Je dîne en compagnie d'un tchèque
sympa à la cantine de l'auberge de jeunesse et je profite
du dortoir.
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21/08/2001 (Inde) Dépenses :
683 F - Distance parcourue : 20 km
Réveil
cool car je n'ai rendez-vous à l'ambassade du Vietnam
qu'à 10 h30 et, il n'y a pas grand-chose d'intéressant
dans ce quartier d'ambassades. J'achète du lait et du
pain de mie, je prends le petit-déjeuner sur le trottoir.
Je découvre un petit temple indou, le " Malcha temple
" et je m'assois cinq minutes avec le gourou qui ne parle
pas un mot d'anglais mais qui a une gueule terrible avec sa
barbe et ses cheveux blancs, son point rouge au milieu du front
et ses colliers en fruits séchés. À l'ambassade,
ils sont toujours aussi détestables et malgré
mes explications, ils veulent absolument que je fixe la date
exacte de mon arrivée au Viêt-Nam. J'ai choisi
le 1er Octobre, on verra ce qui se passe à la frontière.
En plus, je dois revenir jeudi matin pour donner mon passeport
(je n'ai toujours pas compris pourquoi je ne pouvais pas le
faire immédiatement, mais bon...). Je marche ensuite
dans la ville, périple de 20 km qui se terminera à
21 h 30 (Ok, je me suis passablement perdu). Les voitures s'arrêtent,
achètent les fruits pour les donner aux singes (ils doivent
être sacrés pour bénéficier d'un
tel traitement). J'arrive au temple indou très imposant
de Lakshmi Narayan, tout rouge, moderne et magnifique. Je rends
visite aux différentes divinités et devant le
dieu de la bonne chance, un indou me donne une fleur et récite
quelques mots en m'appliquant du rouge sur le front avec son
doigt. Des éléphants, des tigres, des singes sont
figés dans le marbre. Je lis les phrases gravées
sur les murs : " l'esprit suprême loge en chacun
mais il est méconnu car l'homme porte son attachement
sur les objets de notre monde. " "La paix éternelle
est sur ceux qui se connaissent, qui sont détachés
du désir et des passions, proches de la nature ".
Je passe devant une école alors que les élèves
sortent de classe. Ils sont tous en uniforme, noeud rouge dans
les cheveux pour les filles, chemise blanche pour les garçons.
Je me rends à l'ambassade du Népal pour valider
le fait que le visa peut se prendre à la frontière.
Trois pommes en guise de déjeuner et visite du fort Purana
qila). C'est une immense pelouse entourée de murs de
briques rouges, avec, à l'intérieur, une mosquée
et un pavillon superbes. Je m'y suis reposé une bonne
heure avant de reprendre le chemin de l'auberge de jeunesse.
Après un triple contrôle d'identité et toutes
les peines du monde pour m'en dépêtrer. Sur place,
plus de dîner, tant pis, je me concocte un couscous et
je prends des nouvelles de mes parents par téléphone.
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22/08/2001 (Inde) Dépenses :
330 F - Distance parcourue : 0 km
Comme
hier, le petit-déjeuner est pris dehors. Puis il me faut
sauter dans le bus (je dis bien " sauter " car les
bus ne s'arrêtent pas vraiment). Je me retrouve avec d'autres
sur le marchepieds, le bus est plein de types qui vont au boulot.
Le temps de laisser mon passeport à l'ambassade du Népal
(ainsi que les 250 francs qui vont bien...) et je repars à
pied pour voir la mosquée de Jama Masjid, la plus grande
d'Inde. 45 francs et j'entre dans le red fort de Delhi, l'endroit
le plus touristique de la ville. A l'intérieur, les appartements
de l'empereur Shah Jahar (1638) ainsi qu'un musée sur
l'indépendance de l'Inde. Une phrase de Gandhi "
La vérité et la non-violence sont certainement
les moyens les plus efficaces que nous ayons au monde "
et une peinture illustrent la marche de 25 jours qu'il entreprit
depuis l'ashram de Sabarmati avec 78 compagnons pour rompre
la loi du sel et ainsi aller contre la colonisation le 6 avril
1930. Pommes et poires en guise de déjeuner avant de
récupérer mon visa et retourner à l'auberge
de jeunesse. Ce que je vois de l'Inde, c'est un drôle
de mélange, d'accord, il y a les monuments, mais il y
a aussi 25 millions de personnes qui ont besoin de soins psychiatriques
(pour 3500 professionnels seulement), des mères qui vendent
leur bébé entre 200 et 400 francs (ils seront
revendus 5000 francs aux indiens et 10 000 francs aux étrangers),
la culture est différente, tendance struggle for life
en passant sur l'autre.
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23/08/2001 (Inde) Dépenses :
119 F - Distance parcourue : 0 km
J'ai
adopté mon lieu de petit-déjeuner : dans la rue,
sous un arbre. Je rencontre le gars qui s'occupe de l'entretien
de cet arbre un peu spécial. Il est entouré d'un
carré de béton peint en blanc sur lequel reposent
des figurines, éléphants, dieux hindous, récipients
à encens, icônes diverses. C'est dans cette ambiance
que je commence toutes mes journées à Delhi. J'ai
un peu de temps, alors je passe au petit temple bouddhiste le
" Malcha temple " pour revoir le gourou et en apprendre
un peu plus. Il m'accueille en me reconnaissant. Je fais des
photos et les lui montre sur l'écran de l'appareil numérique.
Il y a une vache, il me lit les lignes de la main, mais ne me
dit rien car il ne parle pas un mot d'anglais. Il me chante
des invocations sorties d'un petit livret qu'il a dans les mains.
Un homme passe deux minutes, prend un bol d'eau et le fait couler
religieusement dans le bassin de marbre blanc (à l'intérieur
du temple, 1m2) sur 4 idoles de marbre, le gourou lui fait le
point rouge sur le front, lui donne une eau qui doit être
sanctifiée, l'homme la fait couler sur le front et la
boit. Je quitte l'endroit pour aller récupérer
mon passeport à l'ambassade. Puis je prends le bus pour
le musée Gandhi. Il y a des reliques, ses lunettes rondes,
une copie de son Ashram grandeur nature dans le jardin, les
balles qui l'ont tué, un drap taché de sang, des
roues à coton " Charka " sur lesquelles Gandhi
aimait travailler (la charka apparaît sur le drapeau national
en 1921), notamment en prison. Pour lui, c'était un moyen
de vivre proche de son peuple.
Suivent
les 11 règles de son Ashram :
- de la
vérité dans tout, ses pensées, ses paroles,
ses actions - non-violence et donc amour (pour toute forme
de vie) - chasteté, le brahmachari doit contrôler
tous les organes des sens et ne pas se laisser envahir par le
désir des passions animales - contrôle de l'appétit,
uniquement subvenir aux besoins du corps (pas de suralimentation,
pas de nourriture ayant pour but seul la recherche d'un plaisir)
- ne pas voler (notion étendue) - posséder
le minimum - travailler pour sa nourriture - s'occuper
d'abord de son voisin - ne pas avoir peur (notamment de
dire la vérité) - il n'y a pas d'intouchables
- tolérance (surtout religieuse car les religions sont
la vérité unique déformée par les
hommes qui l'ont interprétée avec leur imperfection
d'humain).
Méditons,
méditons...
Visite ensuite
du " Humanus Tomb Monument ", superbe mausolée
dont la coupole est visible très loin dans la ville.
Monument du patrimoine mondial, un précurseur du Taj
Mahal. C'est la veuve de Humanus qui l'a fait édifier
au décès de son mari en 1565. Je rejoins l'ambassade
du Vietnam en bus et je récupère mon visa, qui
est pour le mois d'Octobre. Pour une fois, il va falloir que
je planifie un peu. Au cours du dîner, je discute un peu
avec mon copain de dortoir, il est indien et a beaucoup voyagé.
On tombe d'accord sur le fait que plus le pays est riche et
développé, moins les gens donnent et sont accueillants.
Ce qui ne nous laisse pas de supers perspectives pour le futur...
Nuit agitée, le retour sur la route m'inquiète
un peu.
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24/08/2001 (Inde) Dépenses :
87 F - Distance parcourue : 253 km
Dernier
petit dej sous mon arbre... Je prends ensuite le bus avec le
sac : un enfer, tout est bondé et je peine à me
frayer un passage. Le stop reprend au pied du Qurb mirar (un
minaret magnifique haut de 72,5 m), des jeunes écrivent
pour moi Jaipur en indou. Deux motos successivement pour sortir
de la ville et je tombe sur Khrishana dans son camion TATA.
Il est super sympa, s'intéresse à tout, m'offre
un coca et des fruits avant de me quitter. Un autre TATA pour
la suite, mais dont le chauffeur ne parle pas anglais. Il a
un chignon sur la tête car ses cheveux vont jusqu'à
la taille sinon. On s'arrête, thé au lait et pâtisseries.
Ils chargent le camion, le coin est typique mais au bout de
2 h30, je n'en peux plus. Je ne sais ni combien de temps on
va attendre, ni si on va toujours à Jaipur... On repart
enfin, on croise sur la route des femmes qui déposent
des gerbes de blé sur la route et un homme qui pisse
accroupi comme on fait ici. Dans les villes, les femmes portent
des bijoux à la narine gauche. Re-arrêt pour déposer
l'arbre de transmission et l'essieu est mis sur cric pour contrôle
du train. Pour tuer le temps, je goûte les pâtisseries
locales avec des jeunes qui sont venus me rejoindre pour discuter.
Je m'endors immédiatement dans le camion quand nous reprenons
la route et je me réveille à minuit, lorsqu'ils
me larguent à 8 km de Jaipur. J'attends dans une boutique
que la pluie s'arrête et je pars, lampe à la main,
avec une furieuse envie de bivouaquer en pleine nature. Un chemin
me conduit jusqu'à un temple hindou sur une colline,
je m'en éloigne un peu et je sors mon sac de couchage.
Ciel magnifique mais nuit agitée.
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25/08/2001 (Inde) Dépenses :
78 F- Distance parcourue : 174 km
Quatre
singes sont entrain de m'observer quand je me réveille..
Je me contente de deux poires pour le petit-déjeuner
et je repars, mais en choisissant d'emprunter la crête
plutôt que la route. J'ai soif de nature. J'arrive à
un temple et je profite du sommeil du gardien pour faire des
photos des idoles, ce qui est strictement interdit. Ensuite,
c'est deux heures d'enfer à alterner marche et escalade
pour gagner la crête en face. J'arrive à Amber
et j'en profite pour me ravitailler un peu. Puis, je parviens
à Jaipur (après avoir été convoyé
par une moto, mes jambes et une charrette à vache). J'y
visite le king palace, sa galerie d'art, ses instruments géants
d'astronomie de Sawai Jai Singh (1728), le Jantar Mantar. Passage
devant la maison des vents dont la façade magnifique
(rouge) munie de fenêtres à croisillons minuscules
qui permettaient aux femmes de voir sans être vues. Suresh
me prend dans son camion et me laisse à 60 km de Agra.
Il pleut et dès que cela se calme, je pars dans les champs
boueux, la torche à la main. Je tombe finalement sur
un coin accueillant dans un champs de maïs et je m'installe
pour me concocter des pâtes et me coucher vite fait car
je suis crevé ce soir.
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26/08/2001 (Inde) Dépenses :
163 F - Distance parcourue : 121 km
Je
me réveille dans une lumière fantastique. J'arrive
au Taj Mahal après un camion et quatre motos. Le tarif
d'entrée est clair, 10 francs pour les indiens et 160
francs pour les étrangers. Mais bon... Le Taj Mahal se
dresse devant moi, magnifique, tout en marbre blanc, dans le
style Asie/Iran, il se détache sur le ciel bleu au bord
du fleuve Jamura. C'est l'ouvre d'un homme, l'empereur Mughal
Shah Jahar (1628-1658) pour sa seconde femme Arjumand Baro Begun
qui mourut lors de son 14ième accouchement. On dit que
les cheveux de l'empereur (le cour brisé) devinrent gris
en une nuit. Certains ouvriers furent amputés des mains
ou des pouces après la construction pour que le Taj ne
puisse pas être reproduit. Je trouve le geste sublime
et plein d'amour infini que d'offrir un tel chef d'oeuvre à
celle que l'on a aimée. J'aurais aimé faire de
même pour ma propre femme... Je suis obligé de
déambuler en ville, dans le vacarme et la chaleur, le
stop ne marchant pas. Finalement, je réussis à
trouver une voiture qui me fait sortir et me dépose à
60 km de là. Je décide que je vais arrêter
pour aujourd'hui et je repère un coin caché, je
plante la tente en cas de pluie, j'installe la moustiquaire,
enfin tout bien jusqu'au moment où le réchaud
se renverse et prend feu, la bouteille est au milieu des flammes
et je m'attends à ce qu'elle me pète à
la gueule d'un moment à l'autre. Je parviens tant bien
que mal à maîtriser l'ensemble en utilisant la
couverture de survie (l'eau n'y fera rien...). Juste une bonne
frayeur, en somme. Repas chaud (quand même) et sommeil
sous les étoiles (et la moustiquaire...).
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27/08/2001 (Inde) Dépenses :
0 F - Distance parcourue : 265 km
Pour
un réveil, c'est un réveil. Tout le village voisin
est là. Je me retrouve donc à plier mes affaires
devant 30 personnes et je suis invité pour le petit-déjeuner
(lait, oeufs...). Je reprends ensuite le stop mais personne
ne paraît intéressé. Il y a tellement de
vélos dans les villes que les voitures ont du mal à
m'apercevoir. Après deux heures de marche, je décide
de changer la destination de ma pancarte et d'abandonner Benares
au profit de Kanpur (plus proche). Cela marche, un camion s'arrête,
puis un autre. La route est mauvaise. Paysages de rizières,
beaucoup d'oiseaux à échasses, des chiens écrasés,
des cadavres de vaches. On me dépose heureusement directement
à la sortie de Kanpur ce qui m'évite une traversée
pénible... En fait, ils vont à Benares mais ne
semblent pas vouloir de ma compagnie. Tant pis, c'est la règle
du jeu. Je choisis un sous-bois pour y passer la nuit.
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28/08/2001 (Inde) Dépenses :
0 F - Distance parcourue : 275 km
Sur
la route de bon matin, je marche pendant une bonne heure avant
qu'un chauffeur de camion charitable ne s'arrête, allant
jusqu'à partager son whisky avec moi. Nous roulons jusqu'à
midi, puis pause déjeuner, puis pause sieste, puis pause
crevaison... La police nous arrête, la circulation est
interdite aux poids lourds dans Allahabad, on doit donc faire
une autre pause (de 4 heures...). On repart finalement, le chauffeur
et son copilote passent leur temps à s'engueuler, c'est
infernal. Quand je parviens à 8 km de Bénarès,
je mets un terme à mon périple en choisissant
un coin tranquille pour dormir.
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29/08/2001 (Inde)
Dépenses : 11 F - Distance parcourue : 109 km
Je
ne souhaite pas être vu dans le coin et je reprends la
route tôt le matin. Un 4X4 s'arrête très
rapidement et me dépose dans Bénarès, ville
qui a beaucoup de caractère : vieilles façades,
ruelles étroites, vaches partout, temples à chaque
coin de rue. Les rickshaws et les hôteliers gâchent
un peu le tout avec la pression touristique qu'ils nous mettent
au passage. J'arrive sur les marches qui mènent au Gange,
majestueux, dans lequel chacun vient se baigner et s'imprégner
de son essence spirituelle. Je rencontre Annette, une allemande
qui voyage aussi 6 mois en Asie et avec qui je me baigne dans
le fleuve. Puis je la quitte afin de suivre une procession,
les hommes chantent en portant un mort dans le dédale
des rues minuscules. Le cadavre est enveloppé de blanc
et couvert de fleurs. Il sera baigné dans le Gange avant
d'être porté au bûcher dressé sur
une plate-forme qui nous fait face... Je regarde les traînées
de cendres qui flottent sur la surface du fleuve. Je traîne
encore un moment dans la ville puis je reprends le stop. Je
prends 4 motos, hésite sur la route à prendre
pour Gorakhpur (il y a deux possibilités). Je passe par
Gazipur où une voiture m'emmène. La suite, c'est
deux heures de marche, personne ne s'arrête. Je finis
par bivouaquer du côté de Mau, dans un champs de
blé.
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30/08/2001 (Inde, Népal) Dépenses
: 5 F - Distance parcourue : 200 km
Il
y a des jours qui commencent comme cela le deuxième camion
qui passe me prend à bord. La chance ne dure pas, car
on fait crevaison sur crevaison. Pour couronner le tout, le
chauffeur fini par me demander de descendre car il veut se reposer.
Me voici de nouveau à marcher sur la route (2 motos et
une voiture plus tard, j'arrive à Gorakhpur, je n'insisterai
même pas sur le temps que cela a pris). Je prends ensuite
la direction de Pharenda, on traverse des champs verts inondés,
des lacs immenses qui baignent des arbres surpris par la brusque
montée des eaux. On trouve partout dans des boutiques
en bord de route des sachets qui contiennent des petits morceaux
(comme d bois) que les chauffeurs aiment garder contre la joue.
C'est hyper fort, très épicé, cela m'a
provoqué une réaction de spasmes au niveau de
la respiration lorsqu'on m'a offert d'y goûter : un peu
bizarre comme phénomène. Un chauffeur de bus compatissant
me met dans le bus qui va directement à la frontière
du Népal, Saur Oli. Je finis ma monnaie en achetant des
fruits et je quitte l'Inde. Il fait nuit, je marche et Hari,
un passant népalais qui rentre du marché me propose
d'abord son aide puis le gîte et le couvert pour ce soir.
Nous voici en route pour sa maison, sa femme nous accueille
et me salue les deux mains jointes en inclinant le dos. Je fais
ma toilette dans le jardin, l'eau sort en geyser d'un tuyau.
Je peux enfin me coucher sur la terrasse, sur une natte et protégé
par la moustiquaire (indispensable). La pluie se met à
tomber et cela durera toute la nuit (c'est la mousson). Je pensais
dormir dans les prés, heureusement que j'ai rencontré
Hari...
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31/08/2001 (Népal) Dépenses
: 15 F - Distance parcourue : 120 km
Départ
tôt, un policier qui cherche à me rendre service
me met gratos dans le bus qui m'emmène à Narayangadh
par les montagnes. Nous traversons des rivière rouges/marron,
c'est très beau. Les hommes portent des chapeaux (le
dacca), les femmes des habits somptueux. Ils parlent très
bien anglais et sont d'une gentillesse incroyable. Je vais me
plaire au Népal, j'en suis sûr et je me sens vraiment
content. J'arrive au Chitawan National Park avec, en guise de
comité de réception, une vingtaine de guides,
hôteliers qui s'empressent de me harceler (j'aime...).
Gowinda Sapkota à qui j'explique que je n'ai pas d'argent
m'invite gratuitement dans son lodge " Chilax House ".
Là, je peux dormir sur la terrasse (toujours intéressant
quand il pleut) et avoir le dîner local pour 4 francs
50 (prix d'ami). C'est en pleine rizière, tout est vert,
il y a un potager et je joue de la guitare avec mon hôte
(j'apprends une chanson népalaise et je note les paroles
en phonétique). L'après-midi se passe à
lire le lonely planet sur les trekkings en Himalaya et un autre
guide sur le Népal. Il pleut juste à la tombée
de la nuit, les moustiques arrivent... Ici, je m'appelle baba
(comme tous les autres touristes). Sapkota me dit bonsoir et
me prévient que si les rhinocéros viennent dans
le jardin (c'était le cas hier matin) je ne dois pas
quitter la terrasse.
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