AOUT 2001 Yemen Dubaï Pakistan Inde Népal

 

01/08/2001 (Yemen) Dépenses : 59 F - Distance parcourue : 320 km

Je prends mon petit déjeuner dans la rue. Un camion, une voiture, un camion, un taxi avec Said qui m'invite à déjeuner. Je marche ensuite en plein désert, c'est comme dans les films, je me demande ce que je fais là, les automobilistes aussi. A croire qu'ils me laisseraient crever... Hussein m'emmène jusqu'à Sayun. Après les canyons arrides, on traverse la région d'Adramout. C'est superbe, l'oued au milieu, l'eau y a creusé des milliers de méandres dans la terre rouge. A droite et à gauche, les falaises des canyons, des palmiers chargés de dattes rouges, des villages aux palais en forme de tours. Shibam se dresse dans cette plaine où nous croisons des femmes voilées de noir qui rentrent des champs. J'obtiens sans trop de difficultés l'autorisation de circuler pour Al Gajdah. Je m'installe dans un hôtel au centre et je dîne de fruits et de loukoums.

 



02/08/2001 (Yemen) Dépenses : 0 F - Distance parcourue : 200 km

Levé à 5 cinq heures, je galère vite pour le stop. Personne pour me donner un coup de main pour trouver ma destination et l'inscrire en arabe sur un morceau de carton. Abdedal al Based m'emmène pour Tarim mais nous sommes vite stoppés par un bouchon. C'est l'oued qui déborde. Les voitures ne peuvent pas passer et je finis par traverser à pieds, de l'eau jusqu'aux cuisses. De l'autre côté, Salim accepte que je l'accompagne jusqu'à Tarim puis me met dans un taxi. Mais au bout d'une heure, nous ne sommes toujours pas partis, car le taxi n'est pas encore rempli. Je reprends mon argent et je pars sur la route à pieds. Je marche longtemps avec aisance mais d'un coup la chaleur m'accable et je me pose un moment. Une voiture s'arrête et me voici nez à nez avec un plat de poulet (sur les genoux du passager). Ils m'emmènent. Ils sont foreurs et doivent me déposer au début de la piste qui conduit à Al Ghayda. On passe l'après à tuer le temps (en machant du Gât) car il fait trop chaud pour la moindre activité. Nous sommes installés au croisement de plusieurs route, ce qui en fait un passage obligé des camions qui vont dans ma direction. Vers 1 heure du matin, sort de la nuit un camion qui va à Al Ghayda. Je montre le mot en arabe que l'on m'a confié et me voici à moitié endormi à l'arrière du camion coincé entre les sacs d'oignons qui dégagent une forte odeur à laquelle il faut bien que je me fasse. Je m'endors sous les étoiles.




03/08/2001 (Yemen) Dépenses : 13 F - Distance parcourue : 300 km

Nous somnolons tous et le soleil commence à piquer. Nous sommes en plein désert. Nous roulons toute la matiné et ne faisons une pause qu'au milieu de l'après-midi. Nous repartons vers 15 heures et comme la tempête menace, nous recouvrons le camion d'une bâche sur laquelle nous prenons place. Nous continuons le voyage le chech sur les yeux et sur la bouche et ne parvenons à Al Ghayda qu'à 20 heures. Je trouve vite où passer la nuit : une fumerie de chicha.

 

04/08/2001 (Yemen) Dépenses : 15 F - Distance parcourue : 350 km

Je me rends tout de suite au poste de police afin d'obtenir la fameuse autorisation de circulation vers Oman. J'y passe plus de 2 heures, je passe d'un bureau à l'autre et finalement, je décide de passer outre et je prends la route sans autorisation. Abdel m'emmène jusqu'à la frontière. Là, la famille Balhaf me conduit jusqu'à Thumrait, c'est que de la piste. Il est 18 heures et le stop est infructueux, malgré le nombre élevé de voitures qui passent. Je grimpe sur le toit d'un abri-bus et je passe la nuit sous les étoiles : spaguettis, dattes, thé, duvet car la nuit est fraîche.

 

05/08/2001 (Yemen) Dépenses : 0 F - Distance parcourue : 782 km

Je commence la marche dès le lever du soleil, mais je dois patienter une bonne heure avant que Saïd et son fils me prennent en stop. Je parcours ainsi 200 kilomètres. Ils m'offrent également  à manger et à boire. Ce n'est pas de chance, il n'y a personne ensuite qui aille dans ma direction et je commence à souffrir sous le soleil de plomb. Je me réfugie un moment dans une station-service. Les gens sont sympas, ils m'offrent à boire, cherchent à me donner un coup de main. Au bout de cinq heures, la police me trouve un véhicule et je reprends la route avec Naisran, un chauffeur indien qui tourne de l'oeil toutes les deux minutes et frôle le bord de la route sans arrêt. Nous faisons une pause " poulet-riz-thé " et je m'endors ensuite dans le camion. Tout autour, c'est plat et complètement désertique.

 

06/08/2001 (Dubaï) Dépenses : 0 F - Distance parcourue : 473 km

Il est une heure du matin et je réveille quand nous nous arrêtons à Nizwa, le sac sur le dos. Je termine ma nuit sur des cartons, près de l'endroit où sont garés les camions (histoire de ne pas rater celui qui ira à Dubaï). A cinq heures, je plie mes petites affaires et j'avise Asis, chauffeur pakistanais, qui m'emmène jusqu'à la frontière (il faudra tout de même cinq heures !). Là, je dois abandonner le véhicule qui ne peut pas entrer dans les Emirats Arabes Unis, faute de quelques papiers. Me voici donc de nouveau à pieds, vers midi, comme d'habitude. Je fais attention à ne pas me faire voir de la police des Emirats. Finalement, après avoir avalé les kilomètres et au moment où mon moral commençait à flancher, Mohamed me conduit à Dubaï et pousse la gentillesse à me prêter son portable pour que je puisse appeler mon ami Lars. Ce dernier m'accueille chaleureusement, après 9 années sans se voir. Ici, c'est le royaume du gratte-ciel et de la bagnole. On dîne en ville d'un plat indien. J'hallucine devant tout ce luxe, les téléphones portables, des européens, des musulmans en tunique blanche cintré du cordon noir, des indiens, des pakistanais  et une consommation impressionnante. Je mange avec une fourchette pour la première fois depuis la Côte d'Ivoire.


Dubaï


07/08/2001 (Dubaï) Dépenses : 157 F - Distance parcourue : 0 km

La priorité de ce matin, c'est de faire le siège de l'ambassade de l'Inde. Cela s'avère assez long, mais j'obtiens la promesse que mon visa sera prêt samedi après avoir versé un acompte (l'équivalent de 100 francs). J'essaye également l'ambassade d'Iran, mais ils me demandent deux semaine de délai. Je rentre un peu découragé à la maison parce que je suis coincé encore presque une semaine et le retard s'accumule. Lars est un ami que j'ai connu en Angleterre. Il était l'un  les 13 qui formaient la table chaque soir à Stefenson hall, chacun venant d'un pays différent. Il était impossible de s'y ennuyer tellement les échanges étaient enrichissants. Nous dînons ensemble dans un autre centre commercial de Dubaï.

 

08/08/2001 (Dubaï) Dépenses : 60 F - Distance parcourue : 0 km

Petit déjeuner de roi et Franky, notre chauffeur, nous emmène au siège d'Energy Solutions International, l'office de Lars dans le Dubaï Airport Free Zone. Me voici avec Ayesha, ma secrétaire personnelle pour la journée. Elle va se démener pour contacter compagnies aériennes et ambassades, Franky, à ma disposition si je dois me déplacer, et, en prime, un ordinateur avec une connection internet. Tout cela pour moi, je dois rêver ! L'avion pour Karashi est déniché, pour 870 francs (Emirats Airlines) et j'en profite pour me racheter des chaussures. Je travaille ensuite confortablement installé dans ces locaux magnifiques et je trouve fou de voir à quel point on retrouve vite ses anciennes habitudes. Je me sens un peu comme chez Ford, devant mon PC, sur la moquette, les portes en verre, les salles de réunion, les transferts de lignes pour le téléphone... Le soir, nous partons pour l'Aviation Club, endroit ultra sélect où on joue au Beach Volley. C'est très sympa, la température est redevenue raisonnable et on joue de manière acceptable (enfin pas si mal, quoi !). Bon, il y a de la moquette dans les vestiaires, les douches sont rutilantes et les porches sont garées devant la porte du club. Je donne dans le contraste. Nous dînons d'un vrai fish and chips anglais, histoire de se souvenir un peu. Merci Lars pour ce bon moment.

 

09/08/2001 (Dubaï) Dépenses : 93  F - Distance parcourue : 0 km

Je suis interviewé par le journal Gulf News qui se montre intéressé par mon projet. Anupa et Hadrian restent avec moi pendant 1 heure 30 et prennent des photos. L'article devrait être sur le site. Ensuite, safari-photo dans la ville. Nous allons à la plage et nous voyons le Jumeirah Beach Hotel, construit sur un îlot, avec piste d'hélicoptère et restaurant panoramique au dernier étage. Une construction futuriste assez sympa, les chambres allant de 3 000 à 110 000 francs, je ne demande pas s'ils prennent la carte jeune. Dans la ville, les immeubles sont rutilants. La position stratégique de ce pays et sa " souplesse " au niveau des règles de l'Islam ont attiré toutes les grandes entreprises internationales qui en ont fait leur camp de base pour les pays du Golfe. Je rentre à pied, avec de quoi se mitonner un bon repas. Nous profitons de la piscine en haut de l'immeuble de Lars et passons une soirée sympa.

INTERVIEW DE FRED (ANGLAIS)


Frederic Gele shows the places he has visited. ©Gulf News

10/08/2001 (Dubaï) Dépenses : 310 F - Distance parcourue : 300 km

Lars, Franky et moi partons pour Dibba. Nous longeons les dunes et passons devant des villas hallucinantes à la sortie de Dubaï. Kunt nous accueille au club de plongée de l'Holiday Beach Hotel (maku@emirates.net.ae et www.geocities.com/maku-divecenter). Lars et moi plongeons ensemble dans une eau à 30°degrés, un peu trouble. Nous découvrons, tant bien que mal, des centaines de mètres de coraux couverts de poissons qui se cachent à notre approche. On en profite à fond, c'est un régal. J'aperçois même une raie du bateau. Une petite heure dans le big blue, 3 jours de budget engloutis. Soirée pizza tranquille pour finir...



11/08/2001 (Dubaï) Dépenses : 138 F - Distance parcourue : 0 km

Je travaille au bureau sur internet pour régler l'obtention de mes visas et me renseigner sur les prochains pays. Puis le temps se passe tranquillement entre la guitare et la piscine, avant d'aller dîner avec Lars au Lamcy plaza commercial center pour se dire au revoir. Il prend l'avion demain pour la Suisse pour devenir papa très prochainement.

 

12/08/2001 (Dubaï) Dépenses : 0 F- Distance parcourue : 0 km

Je plie bagage, je mange tout ce qui traîne dans le frigidaire car il n'y aura personne pendant des semaines. Franky m'emmène à l'ambassade d'Inde où j'apprends que mon visa n'est pas prêt, il faut revenir demain ! Je vais à l'ambassade de Chine, la fille me reconnaît, elle m'a vu dans le journal mais ne m'aide pas trop concernant les infos d'accessibilité au Tibet depuis le Népal. Je me retrouve donc seul dans l'appartement au lieu d'être dans l'avion pour Karachi, face à moi-même. C'est propice à la méditation et j'y passe le reste de la journée.

 

13/08/2001 (Dubaï, Pakistan) Dépenses : 332 F - Distance parcourue : 38 km

Je pars directement pour l'ambassade d'Inde pour y déposer mon passeport. Il est 10 heures, 8 heures donc en France ce lundi et je me doute que personne n'a travaillé sur mon visa en France dimanche ou ce matin, c'est certainement encore fermé. Le consul a l'air surpris de ne pas avoir la réponse de la France, moi pas. Je plaide ma cause et il passe le document (j'aurais donc pu avoir mon visa 5 jours plus tôt, keep smiling...). Je m'occupe de faire du change. Arrivé à l'ambassade d'Inde à 14 heures 30, on m'annonce qu'il faut revenir à 15 heures 30. Une heure plus tard, je découvre qu'il n'y a qu'une seule entrée sur mon visa, ce qui n'est pas ce que m'avait promis le Consul. J'y retourne illico pour faire modifier la chose. Le Consul n'est plus là mais à force de négociations, j'obtiens la double entrée (il m'en coûtera 400 francs). Après un autre contretemps du même genre à l'aéroport, je me retrouve dans un super appareil d'Emirats Airlines où je peux sélectionner de mon siège des images données par deux caméras fixées à l'extérieur de l'avion. Je m'offre donc pour la première fois un décollage et un atterrissage comme si j'étais dans la cabine de pilotage. Nous arrivons sur Karachi vers 22 heures. La ville a l'air d'être immense, je n'ai pas trop envie d'y rester et je prends la direction de Chaukundi dès ma sortie de l'aéroport. Selon mes documents internet, j'ai 10 km à parcourir mais la police pense que c'est plutôt 80 km et les passants estiment que Chaukundi est à 40 km. Coup de chance, un camion m'y conduit. Ils sont délirants ces camions : ils ressemblent à des temples indiens ou des boîtes à bijoux. Aucune signification religieuse, c'est juste par soucis de l'esthétique que les chauffeurs décorent ainsi leur outil de travail. Sur la benne, des peintures (colombes, paons, lions, femmes, généraux...) et tout autour des ribambelles de chaines où sont suspendus des disques métalliques qui tintent avec le vent, c'est un vrai concert de carillons quand tu en croises un. La cabine est en bois, les portes sont sculptées et ferment avec un bon vieux verrou des familles. À l'intérieur, tout est également décoré. Je dors dans un champ, un peu caché par des arbres à piques. Il fait un chaleur infernale (30°) pendant toute la nuit et je dois compter avec les fourmis noires.




Pakistan
Inde

14/08/2001 (Pakistan) Dépenses : 0 F- Distance parcourue : 164 km

Je me réveille et je me rends compte que je suis à 600 mètres des ruines. C'est un ensemble étonnant de tombes constituées d'empilement de blocs sculptés. On retrouve ces motifs sur les poteries et les vêtements d'aujourd'hui. Simon, un américain qui s'occupe d'une pisciculture, puis Moham me font parcourir quelques kilomètres. Je continue la marche vers Thatta et je découvre un site magnifique : Maklihill (voir photos). C'est un ensemble de temples et de monuments funéraires, assez animé (montreurs de cobra et de mangoustes, passants, vendeurs...). Les gens me tendent spontanément la main et me posent mille questions. Soheb, vendeur de bijoux, m'offre une petite pause sur son tapis, une bague et un collier. Il paraît heureux et insouciant malgré sa condition financière précaire. Ici, c'est un petit Lourdes, on vient manger une sucrerie et chanter devant les reliques. Je reprends la route, en plein soleil... Après avoir visité la grande mosquée de l'empereur mongol Shah Jehan, je fais la rencontre de Mohamed qui m'emmène avec ses copains dans un minibus jusqu'au lac Haleji. C'est la fête, ils sont entassés tout habillés dans l'eau marron. C'est vraiment étrange cette " foire du trône " en bord de lac. Nous sommes invités à manger et l'homme qui nous reçoit ne mange pas et reste debout pour nous servir. Pour la nourriture, ceux qui n'aiment pas les épices, s'abstenir : curry de poisson, oignons, riz à l'indienne, poulet... Nous nous baignons dans l'Indus, aussi marron que le lac. Il y a un fort courant et un homme surveille d'un bateau au cas où. Mohamed m'offre le gîte et le couvert pour la nuit et je m'empresse d'accepter. Dans un bar, des hommes jouent avec des pavés circulaires sur un billard lisse sur lequel du talc a été étalé pour la glisse. Mohamed m'emmène avec lui voir un de ses amis qui est en prison pour trafic de haschich. Pendant qu'ils discutent tous les deux, le gardien se croit obligé de me faire visiter toutes les cellules. À chaque fois, c'est 1/4 d'heure de questions/réponses/mains serrées/rires /étonnement avec les 20 occupants de chaque cellule. Je ne pensais pas faire cela pendant mon voyage. Ce qui est étrange, c'est qu'ils sont vraiment sympas et ravis d'avoir de la visite. Plusieurs d'entre eux me demandent ce que je pense des prisons pakistanaises, mais je m'abstiens de répondre car le geôlier est constamment avec moi. La maison de Mohamed est immense, tous sont très érudits et parlent anglais. L'un des fils est médecin, l'autre prof d'anglais. Toute la famille vit là, la grand-mère crache ses poumons en se défonçant avec la chicha. Dîner, premier dessert depuis longtemps puis sommeil tranquille.







15/08/2001 (Pakistan) Dépenses : 0 F- Distance parcourue : 382 km

Petit déjeuner copieux et Mohamed me redépose un peu plus loin qu'hier (il voulait à toutes forces m'offrir le bus, mais j'ai refusé). Amanet m'emmène jusqu'à Hyderabab. J'ai une envie irrésistible de fruits et j'engloutis 1 kg de raisin. La chaleur est insupportable, il est difficile de marcher longtemps. Deux motocyclettes me permettent de quitter la ville, mais je dois patienter longtemps avant de trouver un camion qui me conduit à Moro. Le chauffeur m'invite à partager son dîner, accroupis sur des sommiers de lit en bois et cordes tressées. Je passe la nuit sur le sommet de la citerne de gasoil, l'air y circule mieux et permet de s'endormir.

16/08/2001 (Pakistan) Dépenses : 0 F - Distance parcourue : 486 km

Tripes de chèvre pour le petit-déjeuner. Le chauffeur qui m'a offert l'hospitalité, me largue tout de suite après. Sur la route, des drapeaux fichés sur un mat, c'est l'endroit où repose un homme sage, souvent un drap vert ou rouge recouvre sa pierre tombale pyramidale. Ces endroits sont très nombreux au Pakistan. Des bus longue distance déboulent comme des tarés et doublent alors que deux voitures sont déjà en face entrain de doubler. Un premier camion avec Shir, un deuxième, qui m'invite pour le déjeuner. Au mieux, nous roulons à 40 km/h et je m'endors au-dessus du camion qui roulera de nuit et me laissera à Bahâwalpur vers 5 heures du matin.

 

17/08/2001 (Pakistan) Dépenses : 0 F - Distance parcourue : 447 km

C'est mon premier petit-déjeuner seul depuis mon arrivée au Pakistan. Je voulais voir des vestiges mais contrairement aux informations recueillies sur Internet, ils ne sont pas ici, mais à Ahmadpur (55 km avant). Tant pis, je reprends la route de bon matin. J'ai de la chance avec les camions. Le paysage devient vert, palmiers, vaches noires qui passent leurs journées dans l'eau. L'irrigation est un art ici. À chaque fois que l'on croise un cheval, des enfants se baignent dans l'eau marron. On crèvera trois fois dans la même journée... Le camion, ce n'est pas mal, mais c'est surtout très long (à 40 km/h en vitesse de croisière, cela serait étonnant qu'il en soit autrement...). Nous dînons dans un restaurant et passons la nuit sur place (entre le resto et la route, sur des sommiers par terre).



 

18/08/2001 (Pakistan) Dépenses : 7 F - Distance parcourue : 0 km

Après une arrivée à 10 km/h (l'un des pneus a éclaté à l'arrière), mes amis me déposent. Yusef me prend sur sa mobylette. Il m'invite chez lui et j'oublie donc mon plan  hôtel solitaire pour tourisme très local comme j'aime. Nous faisons la tournée de ses amis, il est très fier de me montrer partout. Il conduit comme un taré et moi, derrière, je suis subjugué par tout ce qui me passe devant les yeux. Ici, vélos, bus, motos, camions, charrettes, voitures, tous foncent vers le seul passage en vue avec une devise unique ", " il faut que cela passe ! ". C'est un concert de klaxons, c'est une véritable ville folle, les vaches et les chevaux en rajoutent. Il y a des abreuvoirs pour les animaux et des arrêts avec ravitaillement en foin en pleine ville. J'ai laissé toutes mes affaires chez Yusef qui est très fier de me faire visiter les deux chantiers dont il s'occupe (il est conducteur de travaux). On mange en ville à toute vitesse et bien sûr, à peine terminé, on décampe. Dans ces pays, tu manges et tu pars, pas de bavardages cool autour d'un café. L'après-midi, je suis mon guide. Nous allons voir le fort de Lahore (1566), la façade vient d'être refaite, elle est donc assez moche. Par contre, à l'intérieur, on découvre les anciens palaces et pavillons au milieu de jardins et de bassins. En face, nous traversons le parvis de la gigantesque mosquée Badshahi (briques rouges et marbre blanc) puis on monte sur la tour Eiffel locale : le minaret Pakistan (60 mètres) offre une vue imprenable sur cette ville dingue. Il est tard ensuite alors tant pis pour le musée et les jardins de Shalimar (mes amis pensent que cela ne vaut pas tout ce que l'on en dit). Mon pantalon (que je porte tous les jours depuis 4 mois) rend l'âme lorsque j'enfourche la mobylette. Yusef se fait un plaisir de m'acheter le pagne typique indien à carreaux. Cela devient donc mon habit quotidien, cela tombe bien car il est plus adapté aux grosses chaleurs. On rentre tard à la maison, la toilette se fait dans la cour avec un seau d'eau froide. Nous dînons par terre et les enfants nous regardent en riant. La cuisine est très épicée. Thé au lait et au gingembre et toute la famille grimpe sur le toit (seul endroit où il fait suffisamment frais pour dormir).






 

19/08/2001 (Pakistan, Inde) Dépenses : 16 F - Distance parcourue : 507 km

Le réveil au soleil est rigolo car du toit, on voit les voisins qui se réveillent aussi sur leur toit. Je passe la matinée avec la famille, on se balade aux alentours de la maison. Je les quitte en laissant du riz, un tee-shirt, des ouvres boîtes. Yusef me conduit jusqu'à la frontière en moto. Les adieux sont déchirants, il est tellement gentil. Je fais mon change (j'aurais donc passé 6 jours au Pakistan pour 7 francs, ce qui est mon record absolu) et je traverse à pied le kilomètre qui sépare les deux postes et je me retrouve enfin en Inde, pays dont je rêve depuis longtemps. Je quitte à présent le monde musulman dans lequel je baigne depuis l'Ethiopie. Mukhtor, homme enturbanné à souhait m'emmène à la ville, 22 km plus loin sur la moto. Là, je me demande comment je vais pouvoir traverser la rue, tellement la circulation est dense. Kirarpal m'emmène pour 300 km à toute vitesse, je pensais connaître la folie de la circulation depuis le Pakistan, mais là, c'est pire. Des jeunes (14) qui font une fête pas possible en conduisant un 4X4 prennent mon sac sur leurs genoux et je me retrouve à 100 km/h sur le marchepied arrière, le corps complètement à l'extérieur du véhicule, les deux mains agrippant l'arceau arrière. Ils dansent, chantent, me passent un verre de cidre et jouent à faire la course avec leurs amis dans un autre véhicule. Des singes traversent la route. Jaskaran m'emmène puis change de plan et je me retrouve à 100 km de Delhi, il fait nuit. À la station-service, éclairée, je rencontre Harbhajan qui m'emmène dans son camion pour une équipée qui va durer jusqu'à deux heures du matin. Je suis invité à dîner puis je m'endors dans la cabine immense du camion. Arrivé à Delhi, je trouve le premier hôtel à 16 francs, il y a des blattes partout, mais je suis fatigué et je dors bien.



20/08/2001 (Inde) Dépenses : 555 F - Distance parcourue : 0 km

Douche et bus pour les ambassades, pour 500 francs, je peux avoir le visa chinois aujourd'hui, ou je ne paye que 250 francs mais je dois patienter 4 jours. Je choisis d'avoir le visa aujourd'hui. Visite à l'ambassade du Vietnam (l'accueil est glacial), ainsi que celle de Birmanie. Je découvre une auberge de jeunesse (20 F) mais comme mon passeport est à l'ambassade pour le visa, je ne peux y entrer tout de suite. J'en profite pour mettre à jour le journal, pas touché depuis mon arrivée au Pakistan. J'obtiens le visa chinois à 16 heures, je me suis bien sûr abstenu de dire que je souhaitais aller au Tibet. Je dîne en compagnie d'un tchèque sympa à la cantine de l'auberge de jeunesse et je profite du dortoir.

 

21/08/2001 (Inde) Dépenses : 683 F - Distance parcourue : 20 km

Réveil cool car je n'ai rendez-vous à l'ambassade du Vietnam qu'à 10 h30 et, il n'y a pas grand-chose d'intéressant dans ce quartier d'ambassades. J'achète du lait et du pain de mie, je prends le petit-déjeuner sur le trottoir. Je découvre un petit temple indou, le " Malcha temple " et je m'assois cinq minutes avec le gourou qui ne parle pas un mot d'anglais mais qui a une gueule terrible avec sa barbe et ses cheveux blancs, son point rouge au milieu du front et ses colliers en fruits séchés. À l'ambassade, ils sont toujours aussi détestables et malgré mes explications, ils veulent absolument que je fixe la date exacte de mon arrivée au Viêt-Nam. J'ai choisi le 1er Octobre, on verra ce qui se passe à la frontière. En plus, je dois revenir jeudi matin pour donner mon passeport (je n'ai toujours pas compris pourquoi je ne pouvais pas le faire immédiatement, mais bon...). Je marche ensuite dans la ville, périple de 20 km qui se terminera à 21 h 30 (Ok, je me suis passablement perdu). Les voitures s'arrêtent, achètent les fruits pour les donner aux singes (ils doivent être sacrés pour bénéficier d'un tel traitement). J'arrive au temple indou très imposant de Lakshmi Narayan, tout rouge, moderne et magnifique. Je rends visite aux différentes divinités et devant le dieu de la bonne chance, un indou me donne une fleur et récite quelques mots en m'appliquant du rouge sur le front avec son doigt. Des éléphants, des tigres, des singes sont figés dans le marbre. Je lis les phrases gravées sur les murs : " l'esprit suprême loge en chacun mais il est méconnu car l'homme porte son attachement sur les objets de notre monde. " "La paix éternelle est sur ceux qui se connaissent, qui sont détachés du désir et des passions, proches de la nature ". Je passe devant une école alors que les élèves sortent de classe. Ils sont tous en uniforme, noeud rouge dans les cheveux pour les filles, chemise blanche pour les garçons. Je me rends à l'ambassade du Népal pour valider le fait que le visa peut se prendre à la frontière. Trois pommes en guise de déjeuner et visite du fort Purana qila). C'est une immense pelouse entourée de murs de briques rouges, avec, à l'intérieur, une mosquée et un pavillon superbes. Je m'y suis reposé une bonne heure avant de reprendre le chemin de l'auberge de jeunesse. Après un triple contrôle d'identité et toutes les peines du monde pour m'en dépêtrer. Sur place, plus de dîner, tant pis, je me concocte un couscous et je prends des nouvelles de mes parents par téléphone.


 





22/08/2001 (Inde) Dépenses : 330  F - Distance parcourue : 0 km

Comme hier, le petit-déjeuner est pris dehors. Puis il me faut sauter dans le bus (je dis bien " sauter " car les bus ne s'arrêtent pas vraiment). Je me retrouve avec d'autres sur le marchepieds, le bus est plein de types qui vont au boulot. Le temps de laisser mon passeport à l'ambassade du Népal (ainsi que les 250 francs qui vont bien...) et je repars à pied pour voir la mosquée de Jama Masjid, la plus grande d'Inde. 45 francs et j'entre dans le red fort de Delhi, l'endroit le plus touristique de la ville. A l'intérieur, les appartements de l'empereur Shah Jahar (1638) ainsi qu'un musée sur l'indépendance de l'Inde. Une phrase de Gandhi " La vérité et la non-violence sont certainement les moyens les plus efficaces que nous ayons au monde " et une peinture illustrent la marche de 25 jours qu'il entreprit depuis l'ashram de Sabarmati avec 78 compagnons pour rompre la loi du sel et ainsi aller contre la colonisation le 6 avril 1930. Pommes et poires en guise de déjeuner avant de récupérer mon visa et retourner à l'auberge de jeunesse. Ce que je vois de l'Inde, c'est un drôle de mélange, d'accord, il y a les monuments, mais il y a aussi 25 millions de personnes qui ont besoin de soins psychiatriques (pour 3500 professionnels seulement), des mères qui vendent leur bébé entre 200 et 400 francs (ils seront revendus 5000 francs aux indiens et 10 000 francs aux étrangers), la culture est différente, tendance struggle for life en passant sur l'autre.




23/08/2001 (Inde) Dépenses : 119 F - Distance parcourue : 0 km

J'ai adopté mon lieu de petit-déjeuner : dans la rue, sous un arbre. Je rencontre le gars qui s'occupe de l'entretien de cet arbre un peu spécial. Il est entouré d'un carré de béton peint en blanc sur lequel reposent des figurines, éléphants, dieux hindous, récipients à encens, icônes diverses. C'est dans cette ambiance que je commence toutes mes journées à Delhi. J'ai un peu de temps, alors je passe au petit temple bouddhiste le " Malcha temple " pour revoir le gourou et en apprendre un peu plus. Il m'accueille en me reconnaissant. Je fais des photos et les lui montre sur l'écran de l'appareil numérique. Il y a une vache, il me lit les lignes de la main, mais ne me dit rien car il ne parle pas un mot d'anglais. Il me chante des invocations sorties d'un petit livret qu'il a dans les mains. Un homme passe deux minutes, prend un bol d'eau et le fait couler religieusement dans le bassin de marbre blanc (à l'intérieur du temple, 1m2) sur 4 idoles de marbre, le gourou lui fait le point rouge sur le front, lui donne une eau qui doit être sanctifiée, l'homme la fait couler sur le front et la boit. Je quitte l'endroit pour aller récupérer mon passeport à l'ambassade. Puis je prends le bus pour le musée Gandhi. Il y a des reliques, ses lunettes rondes, une copie de son Ashram grandeur nature dans le jardin, les balles qui l'ont tué, un drap taché de sang, des roues à coton " Charka " sur lesquelles Gandhi aimait travailler (la charka apparaît sur le drapeau national en 1921), notamment en prison. Pour lui, c'était un moyen de vivre proche de son peuple.

Suivent les 11 règles de son Ashram :

- de la vérité dans tout, ses pensées, ses paroles, ses actions
- non-violence et donc amour (pour toute forme de vie)
- chasteté, le brahmachari doit contrôler tous les organes des sens et ne pas se laisser envahir par le désir des passions animales
- contrôle de l'appétit, uniquement subvenir aux besoins du corps (pas de suralimentation, pas de nourriture ayant pour but seul la recherche d'un plaisir)
- ne pas voler (notion étendue)
- posséder le minimum
- travailler pour sa nourriture
- s'occuper d'abord de son voisin
- ne pas avoir peur (notamment de dire la vérité)
- il n'y a pas d'intouchables
- tolérance (surtout religieuse car les religions sont la vérité unique déformée par les hommes qui l'ont interprétée avec leur imperfection d'humain).

Méditons, méditons...

Visite ensuite du " Humanus Tomb Monument ", superbe mausolée dont la coupole est visible très loin dans la ville. Monument du patrimoine mondial, un précurseur du Taj Mahal. C'est la veuve de Humanus qui l'a fait édifier au décès de son mari en 1565. Je rejoins l'ambassade du Vietnam en bus et je récupère mon visa, qui est pour le mois d'Octobre. Pour une fois, il va falloir que je planifie un peu. Au cours du dîner, je discute un peu avec mon copain de dortoir, il est indien et a beaucoup voyagé. On tombe d'accord sur le fait que plus le pays est riche et développé, moins les gens donnent et sont accueillants. Ce qui ne nous laisse pas de supers perspectives pour le futur... Nuit agitée, le retour sur la route m'inquiète un peu.








24/08/2001 (Inde) Dépenses : 87 F - Distance parcourue : 253 km

Dernier petit dej sous mon arbre... Je prends ensuite le bus avec le sac : un enfer, tout est bondé et je peine à me frayer un passage. Le stop reprend au pied du Qurb mirar (un minaret magnifique haut de 72,5 m), des jeunes écrivent pour moi Jaipur en indou. Deux motos successivement pour sortir de la ville et je tombe sur Khrishana dans son camion TATA. Il est super sympa, s'intéresse à tout, m'offre un coca et des fruits avant de me quitter. Un autre TATA pour la suite, mais dont le chauffeur ne parle pas anglais. Il a un chignon sur la tête car ses cheveux vont jusqu'à la taille sinon. On s'arrête, thé au lait et pâtisseries. Ils chargent le camion, le coin est typique mais au bout de 2 h30, je n'en peux plus. Je ne sais ni combien de temps on va attendre, ni si on va toujours à Jaipur... On repart enfin, on croise sur la route des femmes qui déposent des gerbes de blé sur la route et un homme qui pisse accroupi comme on fait ici. Dans les villes, les femmes portent des bijoux à la narine gauche. Re-arrêt pour déposer l'arbre de transmission et l'essieu est mis sur cric pour contrôle du train. Pour tuer le temps, je goûte les pâtisseries locales avec des jeunes qui sont venus me rejoindre pour discuter. Je m'endors immédiatement dans le camion quand nous reprenons la route et je me réveille à minuit, lorsqu'ils me larguent à 8 km de Jaipur. J'attends dans une boutique que la pluie s'arrête et je pars, lampe à la main, avec une furieuse envie de bivouaquer en pleine nature. Un chemin me conduit jusqu'à un temple hindou sur une colline, je m'en éloigne un peu et je sors mon sac de couchage. Ciel magnifique mais nuit agitée.




25/08/2001 (Inde) Dépenses : 78 F- Distance parcourue : 174 km

Quatre singes sont entrain de m'observer quand je me réveille.. Je me contente de deux poires pour le petit-déjeuner et je repars, mais en choisissant d'emprunter la crête plutôt que la route. J'ai soif de nature. J'arrive à un temple et je profite du sommeil du gardien pour faire des photos des idoles, ce qui est strictement interdit. Ensuite, c'est deux heures d'enfer à alterner marche et escalade pour gagner la crête en face. J'arrive à Amber et j'en profite pour me ravitailler un peu. Puis, je parviens à Jaipur (après avoir été convoyé par une moto, mes jambes et une charrette à vache). J'y visite le king palace, sa galerie d'art, ses instruments géants d'astronomie de Sawai Jai Singh (1728), le Jantar Mantar. Passage devant la maison des vents dont la façade magnifique (rouge) munie de fenêtres à croisillons minuscules qui permettaient aux femmes de voir sans être vues. Suresh me prend dans son camion et me laisse à 60 km de Agra. Il pleut et dès que cela se calme, je pars dans les champs boueux, la torche à la main. Je tombe finalement sur un coin accueillant dans un champs de maïs et je m'installe pour me concocter des pâtes et me coucher vite fait car je suis crevé ce soir.


 




26/08/2001 (Inde) Dépenses : 163 F - Distance parcourue : 121 km

Je me réveille dans une lumière fantastique. J'arrive au Taj Mahal après un camion et quatre motos. Le tarif d'entrée est clair, 10 francs pour les indiens et 160 francs pour les étrangers. Mais bon... Le Taj Mahal se dresse devant moi, magnifique, tout en marbre blanc, dans le style Asie/Iran, il se détache sur le ciel bleu au bord du fleuve Jamura. C'est l'ouvre d'un homme, l'empereur Mughal Shah Jahar (1628-1658) pour sa seconde femme Arjumand Baro Begun qui mourut lors de son 14ième accouchement. On dit que les cheveux de l'empereur (le cour brisé) devinrent gris en une nuit. Certains ouvriers furent amputés des mains ou des pouces après la construction pour que le Taj ne puisse pas être reproduit. Je trouve le geste sublime et plein d'amour infini que d'offrir un tel chef d'oeuvre à celle que l'on a aimée. J'aurais aimé faire de même pour ma propre femme... Je suis obligé de déambuler en ville, dans le vacarme et la chaleur, le stop ne marchant pas. Finalement, je réussis à trouver une voiture qui me fait sortir et me dépose à 60 km de là. Je décide que je vais arrêter pour aujourd'hui et je repère un coin caché, je plante la tente en cas de pluie, j'installe la moustiquaire, enfin tout bien jusqu'au moment où le réchaud se renverse et prend feu, la bouteille est au milieu des flammes et je m'attends à ce qu'elle me pète à la gueule d'un moment à l'autre. Je parviens tant bien que mal à maîtriser l'ensemble en utilisant la couverture de survie (l'eau n'y fera rien...). Juste une bonne frayeur, en somme. Repas chaud (quand même) et sommeil sous les étoiles (et la moustiquaire...).



27/08/2001 (Inde) Dépenses : 0 F - Distance parcourue : 265 km

Pour un réveil, c'est un réveil. Tout le village voisin est là. Je me retrouve donc à plier mes affaires devant 30 personnes et je suis invité pour le petit-déjeuner (lait, oeufs...). Je reprends ensuite le stop mais personne ne paraît intéressé. Il y a tellement de vélos dans les villes que les voitures ont du mal à m'apercevoir. Après deux heures de marche, je décide de changer la destination de ma pancarte et d'abandonner Benares au profit de Kanpur (plus proche). Cela marche, un camion s'arrête, puis un autre. La route est mauvaise. Paysages de rizières, beaucoup d'oiseaux à échasses, des chiens écrasés, des cadavres de vaches. On me dépose heureusement directement à la sortie de Kanpur ce qui m'évite une traversée pénible... En fait, ils vont à Benares mais ne semblent pas vouloir de ma compagnie. Tant pis, c'est la règle du jeu. Je choisis un sous-bois pour y passer la nuit.

 

28/08/2001 (Inde) Dépenses : 0 F - Distance parcourue : 275 km

Sur la route de bon matin, je marche pendant une bonne heure avant qu'un chauffeur de camion charitable ne s'arrête, allant jusqu'à partager son whisky avec moi. Nous roulons jusqu'à midi, puis pause déjeuner, puis pause sieste, puis pause crevaison... La police nous arrête, la circulation est interdite aux poids lourds dans Allahabad, on doit donc faire une autre pause (de 4 heures...). On repart finalement, le chauffeur et son copilote passent leur temps à s'engueuler, c'est infernal. Quand je parviens à 8 km de Bénarès, je mets un terme à mon périple en choisissant un coin tranquille pour dormir.

 

29/08/2001 (Inde) Dépenses : 11 F - Distance parcourue : 109 km

Je ne souhaite pas être vu dans le coin et je reprends la route tôt le matin. Un 4X4 s'arrête très rapidement et me dépose dans Bénarès, ville qui a beaucoup de caractère : vieilles façades, ruelles étroites, vaches partout, temples à chaque coin de rue. Les rickshaws et les hôteliers gâchent un peu le tout avec la pression touristique qu'ils nous mettent au passage. J'arrive sur les marches qui mènent au Gange, majestueux, dans lequel chacun vient se baigner et s'imprégner de son essence spirituelle. Je rencontre Annette, une allemande qui voyage aussi 6 mois en Asie et avec qui je me baigne dans le fleuve. Puis je la quitte afin de suivre une procession, les hommes chantent en portant un mort dans le dédale des rues minuscules. Le cadavre est enveloppé de blanc et couvert de fleurs. Il sera baigné dans le Gange avant d'être porté au bûcher dressé sur une plate-forme qui nous fait face... Je regarde les traînées de cendres qui flottent sur la surface du fleuve. Je traîne encore un moment dans la ville puis je reprends le stop. Je prends 4 motos, hésite sur la route à prendre pour Gorakhpur (il y a deux possibilités). Je passe par Gazipur où une voiture m'emmène. La suite, c'est deux heures de marche, personne ne s'arrête. Je finis par bivouaquer du côté de Mau, dans un champs de blé.






 

30/08/2001 (Inde, Népal) Dépenses : 5 F - Distance parcourue : 200 km

Il y a des jours qui commencent comme cela le deuxième camion qui passe me prend à bord. La chance ne dure pas, car on fait crevaison sur crevaison. Pour couronner le tout, le chauffeur fini par me demander de descendre car il veut se reposer. Me voici de nouveau à marcher sur la route (2 motos et une voiture plus tard, j'arrive à Gorakhpur, je n'insisterai même pas sur le temps que cela a pris). Je prends ensuite la direction de Pharenda, on traverse des champs verts inondés, des lacs immenses qui baignent des arbres surpris par la brusque montée des eaux. On trouve partout dans des boutiques en bord de route des sachets qui contiennent des petits morceaux (comme d bois) que les chauffeurs aiment garder contre la joue. C'est hyper fort, très épicé, cela m'a provoqué une réaction de spasmes au niveau de la respiration lorsqu'on m'a offert d'y goûter : un peu bizarre comme phénomène. Un chauffeur de bus compatissant me met dans le bus qui va directement à la frontière du Népal, Saur Oli. Je finis ma monnaie en achetant des fruits et je quitte l'Inde. Il fait nuit, je marche et Hari, un passant népalais qui rentre du marché me propose d'abord son aide puis le gîte et le couvert pour ce soir. Nous voici en route pour sa maison, sa femme nous accueille et me salue les deux mains jointes en inclinant le dos. Je fais ma toilette dans le jardin, l'eau sort en geyser d'un tuyau. Je peux enfin me coucher sur la terrasse, sur une natte et protégé par la moustiquaire (indispensable). La pluie se met à tomber et cela durera toute la nuit (c'est la mousson). Je pensais dormir dans les prés, heureusement que j'ai rencontré Hari...

 

31/08/2001 (Népal) Dépenses : 15 F - Distance parcourue : 120 km

Départ tôt, un policier qui cherche à me rendre service me met gratos dans le bus qui m'emmène à Narayangadh par les montagnes. Nous traversons des rivière rouges/marron, c'est très beau. Les hommes portent des chapeaux (le dacca), les femmes des habits somptueux. Ils parlent très bien anglais et sont d'une gentillesse incroyable. Je vais me plaire au Népal, j'en suis sûr et je me sens vraiment content. J'arrive au Chitawan National Park avec, en guise de comité de réception, une vingtaine de guides, hôteliers qui s'empressent de me harceler (j'aime...). Gowinda Sapkota à qui j'explique que je n'ai pas d'argent m'invite gratuitement dans son lodge " Chilax House ". Là, je peux dormir sur la terrasse (toujours intéressant quand il pleut) et avoir le dîner local pour 4 francs 50 (prix d'ami). C'est en pleine rizière, tout est vert, il y a un potager et je joue de la guitare avec mon hôte (j'apprends une chanson népalaise et je note les paroles en phonétique). L'après-midi se passe à lire le lonely planet sur les trekkings en Himalaya et un autre guide sur le Népal. Il pleut juste à la tombée de la nuit, les moustiques arrivent... Ici, je m'appelle baba (comme tous les autres touristes). Sapkota me dit bonsoir et me prévient que si les rhinocéros viennent dans le jardin (c'était le cas hier matin) je ne dois pas quitter la terrasse.